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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

20 Oct

Expo Solo Show: Maurizio CATTELAN "Not Afraid of Love"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Exposition solo show

© Photo Éric Simon

© Photo Éric Simon

Du 21 octobre 2016 au 8 janvier 2017

 

Dans la lignée des projets artistiques remarquables et remarqués tels que le Concert pour hélicoptères de Stockhausen, Your Name in Lights de John Baldessari ou encore la Chocolate Factory de Paul McCarthy, la Monnaie de Paris accueille cet automne Maurizio Cattelan pour sa plus grande exposition jamais proposée en Europe. Sous le commissariat de Chiara Parisi. Not Afraid of Love, marque le grand retour de Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris.

"Novecento", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon© Photo Éric Simon

"Novecento", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon© Photo Éric Simon

Il y a cinq ans, avec All au Guggenheim, exposition-révérence (et référence) pour les uns, suici- de artistique génial pour les autres, on pensait que tout avait dit. Une fois n’est pas coutume, avec Maurizio Cattelan, les certitudes sont bousculées, il revient avec une exposition post requiem.« Cette exposition est vraiment la première, après celle au Guggenheim, qui comporte plus de trois oeuvres de moi dans le même temps : c’est une édition spéciale des choses que j’avais fait avant de me retirer. Disons que c’est une exposition post, requiem. Comme dans le nouvelle de Poe, je fais semblant d’être mort, mais je peux, encore voir et entendre ce qui se passe autour ».

Cattelan est de retour avec son post-requiem show,

 

Les œuvres de Maurizio Cattelan ont aujourd’hui largement dépassé l’enthousiasme, la criti- que ou encore la controverse. Imprimées dans notre rétine collective, elles incarnent pleinement leur époque, elles en sont à la fois la muse et l’interprétation. « Une simple provocation est oubliée en deux jours, une œuvre réussie durera beaucoup plus longtemps ». Marqueuses de leur temps, elles ne sont pour autant pas cantonnées à leur époque.

L’œuvre de Maurizio Cattelan dépasse les unités de lieu et d’action pour acquérir en perma- nence de nouvelles significations permettant ainsi des lectures ,inédites qui les réactualisen, Les œuvres choisies pour son nouveau projet à la Monnaie de Paris sont considérées par Cattelan lui-même comme les plus importantes et emblématiques.

"Him", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Stefan Edis © Photo Éric Simon

"Him", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Stefan Edis © Photo Éric Simon

Dans Not Afraid of Love, nous découvrons, pour la première fois, une vision personnelle de son parcours, une articulation et une mise en dialogue de ces œuvres, majeures. Diamétralement opposé à son projet au Guggenheim et, de fait, terriblement, complémentaire, l’artiste ne se lance pas ici dans une recherche d’exhaustivité mais dans une quête de sens, dans une narration.

L’artiste se livre, à la Monnaie de Paris, à l’exercice du post-requiem et conçoit un parcours unique dans sa carrière, démontrant ainsi comment créer quelque chose de nouveau avec ses œuvres anciennes, montrer leur caractère vivant, leur capacité à toujours générer une surprise et une fascination. Il démontre ainsi à quel point ses oeuvres constituent autant de déclencheurs pour des histoires individuelles qui viennent varier d’un spectateur à l’autre.

"Sans titre", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon

Si All disait tout, et dans un génial tour de passe-passe, se libérait de toutes ses œuvres, Not Afraid of Love, est certainement l’exposition la plus « parlante » jamais conçue par Maurizio Cattelan.

« Mes œuvres sont moins drôles qu’elles n’y paraissent. On me colle cette étiquette depuis mes débuts, mais je suis beaucoup plus sérieux que l’on croit et j’établis moins  de second degré que ce que ma réputation laisse penser. Ce qui a pu ressembler à une blague par le passé paraît aujourd’hui beaucoup plus sérieux ».

Portraits irrévérencieux, caricatures surprenantes ou  parfois ludiques, ce qui frappe dans l’œuvre de Cattelan, c’est l’émotion « physique » qu’elle génère chez chacun d’entre nous. L’éclat de rire se transforme aussi vite en rictus mal assis/mal , debout, et ce qui nous avait tétanisé au premier regard nous fait sourire la seconde suivante.

L’œuvre de Cattelan capture et sublime la condition humaine. Ses oeuvres sont un hymne à l'être, à sa fragilité, à ses contradictions, à ses paradoxes, à ses aspects les plus créatifs et à ceux les plus destructeurs.

"Sans titre", 2003 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie Massimo De Carlo © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2003 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie Massimo De Carlo © Photo Éric Simon

"La Nona Ora", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Archives Cattelan © Photo Éric Simon

"La Nona Ora", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Archives Cattelan © Photo Éric Simon

Elles sont aussi une projection de la crise d’identité que nous traversons tous : qui suis-je quand l’individuel devient collectif ?

Lorsqu’elles se rapportent à la mort, c’est Cioran que ses œuvres convoquent : « Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe dès la naissance, nous nous démenons, rescapés qui essaient de l'oublier. La peur de la mort n'est que la projection dans l'avenir d'une peur qui remonte à notre premier instant ». Cattelan semble se jouer du principe-épitaphe gravé sur la tombe de Duchamp, c'est  toujours les autres qui meurent.

 

C’est au cœur de l’un des plus beaux Palais jouxtant la Seine, la Monnaie de Paris, Manufacture d’Etat millénaire, que Maurizio Cattelan se remet au travail. Sans jamais avoir la prétention ou l’ambition de changer le monde, son œuvre se définit comme une philosophie de vie, peut-être la seule possible pour l’être jeté dans la « gueule du monde ». « Lorsque j’étais jeune, j’ai dû me mettre à travailler pour aider ma famille alors que

mes amis poursuivaient leurs études. Dès lors, j’ai toujours ressenti le besoin de me soustraire des nécessités financières. Devenir maître de ma situation fut une révolution : je devais absolument tirer le meilleur de chaque minute, et c’est toujours ce que j’essaie de faire ».

"Gérard", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Gérard", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Archives Cattelan © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Archives Cattelan © Photo Éric Simon

Not Afraid of Love - Parcours de exposition

Dès l’entrée de l’exposition par l’Escalier d’honneur de la Monnaie de Paris, le visiteur se retrouve au coeur du ring : ce sera l’œuvre qui se frotte à l’architecture, sublime et monumentale de la Monnaie de Paris.

Entre lévitation et potence, en suspension : La Donna Crocefissa et Novecento. Ici se joue l’essentiel : la férocité du monde et la légèreté avec laquelle nous pouvons parfois nous en accommoder.

Le premier paradoxe de l’exposition nous questionne sur l’intention de l’artiste : a-t-il figé ces sculptures dans leur ascension ou les laisse-t-il pendre ainsi ?

Que vivent réellement ces personnages, l’extase ou la souffrance ?

En passant la grande porte qui donne sur le Vestibule, menant autrefois au Musée monétaire, deux chiens montent la garde et surveillent un poussin (Senza Titolo) . Ensemble, ils illustrent l’idée baroque selon laquelle la vitalité renvoie également à la précarité de la vie, de sa nature fragile et éphémère.

Assis au bord du vide dans le Salon d’honneur, Tamburino et ses percussions appellent le visiteur à entrer et découvrir une des pièces magistrales de Cattelan : La Nona Ora. Cette œuvre majeure du XXe siècle s’offre ici dans une grandiose mise en scène : la figure du pape Jean-Paul II, porteur de la croix, face au poids du monde se retrouve foudroyé par une météorite, force naturelle et absurde tombée du ciel.

"Mini-me", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Mini-me", 1999 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

En pénétrant dans l’Enfilade des salons, l’oeil du spectateur vient se focaliser sur une silhouette agenouillée face à un mur, celui de la dernière salle. Ce n’est qu’au terme de son parcours dans les salons du bord de Seine, après des va-et-vient constants, entre surprise et recueillement, que le visiteur s’approche avec la plus grande intensité de l’œuvre  Him. Vu de dos : un enfant en train de se recueillir dans une petite salle, seul ; de face : la figure du Mal. « L’art ne provient pas tant de l’inspiration que des obsessions et craintes auxquelles nous sommes confrontées chaque jour ».

 

Cette exposition offre aux connaisseurs un nouveau regard sur l’oeuvre de Cattelan et permet aux néophytes de découvrir un artiste « marqueur » de ce début de XXIème siècle.

On y retrouve les grands questionnements de l’humanité : l’amour, le double, le mal, le vide, la mémoire, la mort, le paradoxe, l’infini…

"Charlie don't surf", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Charlie don't surf", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie Perrotin © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Museum Bojmans Van Beuningen © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Museum Bojmans Van Beuningen © Photo Éric Simon

Ce projet à la Monnaie de Paris permet également à Maurizio Cattelan de jouer avec ses oeuvres, de les confronter, de les faire évoluer, c’est le cas avec l’iconique L.o.v.e, (dont la version en marbre de 4 mètres de haut fait face à la Bourse de Milan) sur laquelle un avatar de l’artiste Mini-Me vient se poser.

Promulguant avec force cette affirmation du soi, Maurizio Cattelan installe dans l’enfilade une galerie de portraits jouant de sa personnalité multiple, en revenant tant sur son art de la fuite que de l’intrusion. Sa surprenante tête jaillissant du sol (Senza Titolo), sa personnalité facé- tieuse, son enfance dont il déclare « La pire période de mon existence.

Les décisions sont toujours prises par quelqu'un d'autre : parents, professeurs… Je n'en garde aucun bon souvenir ».

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2000 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2000 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

Charlie don’t surf ou Senza Titolo qui représente un petit pantin aux traits de Cattelan habillé d’une veste en feutre, pieds et bras ballants, l’air déconfit et accroché sur un mur en donnent une image poignante.

Cette « autobiographie sculptée » va même au-delà, envisageant la vie jusqu’à la dernière heure avec We, le double autoportrait de l’artiste, ou avec l’enfant pendu et toujours vivant comme dans son célèbre Pinocchio de Collodi.

Au sein de ce parcours, All , neuf gisants sculptés dans du marbre de Carrare jonchant le sol entier de la salle engagent une réflexion sur la mort qui convoque autant l’histoire de l’art - renvoyant aux gisants royaux de nos églises gothiques ou à celles baroques de Naples - qu’à notre Histoire.

Point d’orgue de l’épreuve de la compassion du visiteur, Gérard, se cachant sous une couverture. Au-dessus, le dominant majestueusement, un peu comme un trophée de chasse inversé, Senza Titolo, cheval dont la tête enfouie dans le mur, raconte une certaine fragilité de la toute-puissance.

On en revient alors à la structure essentielle du travail de Cattelan, ses œuvres ont toujours une emprise directe avec la vie, avec « notre » vie. C’est là que réside la puissance de son travail, il parle au plus grand nombre, il touche tout le monde car ses œuvres parlent de nous.

"Sans titre", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon

"All", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

"All", 2007 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon

En cela, ses œuvres constituent une catharsis tant des peurs de l’artiste que du genre humain dans son ensemble. « Ce qui est intéressant, c’est la manière dont on regarde les œuvres, le pouvoir qu’on leur donne ».

Ceci étant dit, les œuvres de Cattelan ne sont jamais revendicatrices, l’artiste refuse de prendre une position morale et surtout idéologique, préférant laisser chaque visiteur dans une confron- tation directe avec l’art dans sa complexité et ses contradictions.

Et pour éviter que l’exposition ne devienne trop sérieuse, dans une pure tradition de Comedia dell’arte, Cattelan n’hésite pas à créer une nouvelle ouverture qui peut surgir à tout moment selon la volonté de chaque visiteur. « Not Afraid of Love est une contradiction dans les termes : l’amour pourrait être la ;solution de tous les problèmes dans le monde mais il n’y a pas d’amour dans l’exposition. Le manque d’amour, ou la quête d’amour, est ce qui meut chaque créature, et la cause de toutes les guerres, probablement ».

"Novecento", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon© Photo Éric Simon

"Novecento", 1997 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Privée © Photo Éric Simon© Photo Éric Simon

"Him", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Stefan Edis © Photo Éric Simon

"Him", 2001 de Maurizio CATTELAN - Courtesy Collection Stefan Edis © Photo Éric Simon

À 56 ans, Maurizio Cattelan n’a presque plus peur de rien, ni de l’amour, ni de la mort, ni de se raconter un peu plus. Lui qui a toujours été maître de la pirouette, de la disparition, de la fuite se livre avec Not Afraid of Love.

« Je pense que le rire et la mort sont étroitement  liés : la comédie est la réaction humaine par excellence à la peur de la mort. C’est probablement lié au fait que nous sommes les seuls ani- maux qui savons que nous devons mourir.

Les autres animaux ne le savent pas jusqu'au moment où ils meurent. Avant, ils sont incapables d'articuler ,quelque chose comme cette phrase  « nous sommes tous mortels » - et en rire ».

Même pas peur…

Monnaie de Paris

11, quai de Conti

75006 PARIS

 

https://www.monnaiedeparis.fr

 

Horaires d'ouverture: tous les jours de 11h à 19h. Nocturne le jeudi jusqu'à 22h

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