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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

16 Jan

Ymane CHABI-GARA «Un petit morceau d'étoffe violette»

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Hikikomori 11", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

Détail "Hikikomori 11", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

Du 8 décembre 2022 au 28 janvier 2023

 

J’aime les couleurs claires. La couleur de la vigne, le vert tendre, la teinte « cerisier », la nuance « prunier rouge », toutes les couleurs claires sont jolies. J’aime le rouge, la couleur « glycine ». En été, je préfère le violet ; en automne, la teinte « lande desséchée ».

J’aime les jupes sur lesquelles sont dessinés les coraux de la mer. Les jupes de dessus.
Au printemps, j’aime la nuance « azalée », la teinte « cerisier ».
En été, j’aime les vestes « vert et feuille-morte », ou « feuille-morte ».

— Sei Shōnagon, Notes de chevet

 

Que le phénomène hikikomori, apparu dans les années 1990 au Japon, serve depuis de nombreuses années de tremplin thématique à l’activité picturale de Ymane Chabi-Gara peut sembler étonnant. Synonyme de retrait social d’adolescents ou de jeunes adultes inadaptés à l’insertion éducative ou professionnelle et cloîtrés chez eux, cet « état » a généré une littérature abondante liée aux facteurs économique, social, culturel et psychiatrique qui entrent en jeu.

 

"Hikikomori 10 (fantômes)", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"Hikikomori 10 (fantômes)", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

Mais il traduit surtout une forme d’invisibilité due à une absence de demande de prise en charge. Or cette invisibilité a été ces dernières années relayée et contrebalancée par des documentaires, photo- et cinématographiques, qui témoignent du riche potentiel iconographique propre à ces espaces intérieurs, souvent exigus, où se confinent les personnes concernées par ce mal mystérieux.

 

L’accumulation d’objets tributaire d’un syndrome de Diogène offre en effet à Ymane Chabi-Gara un vivier inespéré en matière de motifs et d’agencements. Ce ne sont en conséquence pas tant les hikikomori et leur éventail psychiatrique qui intéressent l’artiste — du moins pas dans le cadre de ses exercices de traductions picturales qui ont tendance à neutraliser corps et visages — que la syllogomanie qui les caractérise.

"Koenji (lacets bleus)", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"Koenji (lacets bleus)", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

Ymane Chabi-Gara aime les objets. Elle aime encore plus les peindre. Les sélectionner au sein de clichés glanés sur Internet ou de scènes photographiées au gré de ses pérégrinations tokyoïtes. Les hikikomori ne constituent effectivement qu’une partie de ses sources, complétées depuis par d’autres environnements tout aussi saturés d’objets à l’instar des friperies qui ont servi de prétextes à ses dernières peintures. Les sélectionner donc.

 

Mais aussi les altérer ou les personnaliser. Voire provoquer leur disparition pour mieux les substituer par d’autres, sortis de son imagination. On comprend dès lors en suivant les différentes étapes auxquelles elle soumet ses objets photographiés que ce qui importe réellement à Ymane Chabi-Gara est de les convertir en substance picturale.

"Hikikomori 11", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"Hikikomori 11", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"One day painting 26", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"One day painting 26", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

D’organiser et de structurer la surface. De (re)négocier la palette chromatique. D’opérer une transformation. Des transformations étant donné qu’un même motif peut donner lieu à de multiples variations et des effets de parallaxe lui permettant de modifier les configuration et conjugaison d’objets représentés.

 

Un peu à la manière d’une scène qui aurait été décrite à partir de plusieurs points de vue. On songe au Rashômon de Akira Kurosawa. Et à toutes les œuvres d’art qui nous apprennent à revoir la réalité autrement. Un paravent d’une seule feuille. Un écran de trois pieds. Un sac à provisions bien décoré. Un parapluie.
— Erik Verhagen

"Hikikomori 9", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"Hikikomori 9", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

L’isolement, la solitude, le corps en rapport avec le monde et avec la condition d’être social sont les sujets centraux des peintures d’Ymane Chabi-Gara. Elles représentent des individus, seuls ou en groupes restreints, dans des univers et des situations miroirs de leur intériorité. Espaces domestiques et friches industrielles servent de support à la narration, guidée par des impressions formelles et colorées.


Ymane Chabi-Gara détermine la structure de la composition par un dessin minutieusement détaillé. À partir de ces trames, l’expérience de la peinture pour elle-même ouvre des possibilités sensibles.

 


Le corps lui sert de point de convergence vers lequel toute l’expérience tend et trouve du sens. Le corps des autres mais aussi, depuis peu, son propre corps. Cette mise en scène d’elle-même aborde à la fois la singularité de l’intime et la solitude comme sentiment archaïque et universel.

"Musashino", 2022 de Ymane CHABI-GARA  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

"Musashino", 2022 de Ymane CHABI-GARA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel Mennour © Photo Éric Simon

Ymane CHABI-GARA est une peintre née en 1986 à Paris. Elle vit et travaille à Montreuil. Diplômée de l’ENSAV La Cambre à Bruxelles en 2008 et des Beaux-Arts de Paris en 2020, elle est lauréate de plusieurs prix internationaux tels que le Takifuji Art Award Japan 2020, le prix Rosec Taupin-Dora Bianka 2021, ainsi que le prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création 2021.

 

Ymane Chabi-Gara a été nommée pour la bourse Reiffers Art Initiatives, et la bourse Révélations Emerige 2021. Ses oeuvres ont notamment été présentées lors de l’exposition collective « Fireplaces » de la Bourse Révélations Emerige, Paris-Toulon, 2021, au Centre Wallonie-Bruxelles, et au Palais de Tokyo à Paris.

 

Sa première exposition personnelle a été inaugurée dans le cadre du prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création 2021. En 2022, elle participera à l’exposition « 100% L’EXPO » à La Villette, Paris.

 

Galerie Kamel Mennour

47 rue Saint-André-des-Arts

Fr 75006 Paris

 

 

https://kamelmennour.com

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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