Du 7 mars au 12 Avril 2014
Pour Jeux de brutes, première exposition personnelle de Léa Bénétou à la Galerie des petits carreaux, la jeune artiste se réfère au Brutalisme, un style architectural d'origine anglo-saxonne qui est issu du modernisme, et dont le nom vient de l'utilisation du "béton brut", ce béton "brut de décoffrage" que Le Corbusier a utilisé par exemple dans sa Cité Radieuse de 1952.
Ce qui intéresse l'artiste dans ce type d'architecture, c'est tout d'abord que les structures brutalistes se composent de formes géométriques anguleuses qui frappent par leur répétition. C'est aussi l'utilisation "noble" de ce béton « brut de décoffrage » sans revêtement ni fioritures.
A partir de... Massachusetts Technological Institue, 1960, 2013
La forte présence du matériau brut, la répétition d’un motif géométrique simple : tel est le vocabulaire plastique sur lequel l’artiste s’appuie pourJeux de brutes.
Le brutalisme a été frappé de discrédit après l'échec en Occident des projets d'implan-tation de “communautés fonctionnelles” dans les ensembles urbains à architecture brutaliste (notamment en Grande-Bretagne).
Du fait de cet échec, le brutalisme architectural a été traduit en “brutalité” sociale puis est devenu synonyme de “brutalité” économique.
A partir de...Town Hall Marl, Germany, 1967, 2013
En France ce concept est traduit par l'idée que l'urbanisation est faite par des “bétonneux”. Un grand nombre de ces bâtiments sont aujourd'hui plus ou moins abandonnés, ou ne font l'objet d'aucune restauration.
Néanmoins les images d’archives présentent de manière formelle de très belles images de ces bâtiments. En particulier le blog FuckYeahBrutalism, qui depuis 2010 met en ligne ces photographies, qui ont servi de base de travail à cette exposition.
C’est par un détournement de ces codes, de l’image de cette architecture, que Léa Bénétou tente de ramener ces symboles figés dans une temporalité passée, vers une image contemporaine, par la découpe et la recomposition.
Pas de quartier - Plan, 2014
Léa Bénétou propose des sculptures, des dessins et des peintures qui utilisent à leur tour des "matériaux bruts" comme le bois, le ciment et le béton.
Mais aussi des motifs répétitifs qui évoquent les jeux de construction type Lego et Kappla avec de faux outils de construction comme par exemple l’adhésif décoratif effet marbre. Celui-ci une fois découpé et recomposé sur la feuille de dessin donne un nouveau rythme, un nouveau regard sur ces différents “marbres” décoratifs.
Les références à l'architecture sont aussi présentes dans ses dessins à l'encre de Chine avec des aplats et des lavis, pour mettre en avant les ombres, où par le trait pour représenter des éléments architecturaux plus précis.
Le travail de Léa Bénétou s'apparente à un chantier ou à un dessin d'architecte : il donne à voir sa propre construction pour en mettre en valeur les lignes de force. Elle met à nu des structures, elle les recompose, elle en joue, tout simplement.
Christine Benadretti
A partir de...City Hall, Bat Yam, Israël, 1958-63, 2013
Marbre 2, 2013 et Construction, 2012
Léa Bénétou est née le 9 février 1988 à Léhon (22). Elle vit et travaille à Paris.