Du 15 Mars au 26 Avril 2014
La galerie Laure Roynette est heureuse de vous présenter “Parte Incognita”, la prochaine exposition personnelle d'Anne Cindric.
La Terre du Milieu, 2013© Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Julie Crenn, docteur en Histoire et critique des arts ( Art press, Inferno...) vient d’écrire sur son travail :
«On nous dit, et voilà vérité, que c’est partout déréglé, déboussolé, décati, tout en folie, le sang, le vent. Nous le voyons et le vivons. Mais c’est le monde entier qui vous parle, par tant de voix bâillonnées. Où que vous tourniez, c’est désolation. Mais vous tournez pourtant. [...] Ceux qui tiennent rendez- vous ici viennent toujours d’un "là-bas", de l’étendue du monde, et les voici décidés d’apporter en cet ici le fragile savoir qu’ils en ont halé.»
Edouard Glissant – Traité du Tout-Monde (1997)
Heroic Fantasy, 2013 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Dans le prolongement d’une réflexion picturale basée sur l’apparat et les figures du pouvoir, Anne Cindric présente une nouvelle série de peintures où les notions de cartographie, de relation et de mondialité sont introduites. Ainsi, elle reprend les motifs et l’histoire des Dutch wax. Les tissus imprimés et multicolores portent une histoire liée au colonialisme et aux prémices de la globalisation.
Transat, 2013 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Au XIXème siècle, les Hollandais mettent au point des tissus proches des batiks, élaborés pour inonder et conquérir le marché indonésien. Une entreprise qui va se révéler être un échec, les Indonésiens ont préféré l’authenticité à la reproductibilité de leur artisanat. Les marchands se rabattent alors sur l’Afrique de l’Ouest où les tissus ont connu et connaissent encore aujourd’hui un vif succès.
Ghost Recon, 2014 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
À partir des années 1950, période de la décolonisation, les Dutch wax portent une fonction nouvelle puisqu’ils se font les vecteurs du panafricanisme et de propagandes diverses. Sur les chemises, les pagnes, les robes et les boubous, les gens arborent les portraits et les slogans des rois, libérateurs, martyres, dictateurs, colons, héros et autres icônes nationales et continentales.
Parte Incognita, 2014 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Les tissus deviennent des armes critiques, politiques et militantes. Une stratégie iconographique qu’Anne Cindric réinterprète dans ses peintures. Les figures masculines incarnant le pouvoir sont remplacées par les portraits de favorites médiévales, de reines et de Premières Dames : La reine Elizabeth II d’Angleterre, Jackie Kennedy et Michelle Obama. Des femmes aux pouvoirs limités, dont le statut oscille entre l’action et la représentation.
Lonesome Cowboy, 2014 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Inspirée par les miniatures persanes, par l’art textile artisanal, par l’art du vitrail ou encore par la bande dessinée, Anne Cindric affirme un style à la fois graphique et expressionniste. Retenue et libération dialoguent ensemble, les figures et motifs réalisés avec précision sont enrichis d’une gestuelle instinctive.n rapport dichotomique que nous retrouvons au sein de son vocabulaire plastique. Chaque toile est fragmentée, plusieurs éléments sont conjugués. Aux motifs textiles et aux portraits féminins, s’ajoute la récurrence des gisants (des soldats en armures, couchés au sol, symbolisant l’impuissance, la brutalité, l’absurdité et la vanité de l’éternelle conquête dupouvoir) et un travail de type cartographique.
Exposition Universelle, 2014 © Anne Cindric Courtesy the artist and Galerie Laure Roynette, Paris
Les rues du Nord, les fleuves du Sud, les États de l’Ouest et les topographies de l’Est sont mixés au profit d’une réflexion avant tout motivée par la relation entre l’espace et le temps. L’artiste réfléchit la transversalité et les contradictions d’une Histoire partagée. En synthétisant et mettant en relation les territoires, les époques et les histoires, elle restitue le cri du Tout-Monde
(Edouard Glissant) : sa violence, sa pluralité et toute sa complexité. »
JULIE CRENN