Du 26 Avril au 7 Juin 2014
La Galerie Perrotin invite la Galleria Continua à organiser une exposition rétrospective de Chen Zhen dans ses trois espaces à Paris.Chen Zhen est considéré comme l’un des principaux représentants de l’avant-garde chinoise et une figure emblématique internationale de l’art contemporain.
"Le chemin / Le radeau de l'écriture" 1991
L’exposition, qui occupera l’intégralité des espaces de la Galerie Perrotin, Paris, propose une relecture de l’œuvre de Chen Zhen, rassemblant une trentaine d’œuvres iconiques réalisées à partir de 1980, dont plusieurs installations majeures parmi lesquelles «Le Bureau de change» (1996-2004) imaginé par Chen Zhen en 1996 et réalisé après sa disparition. L’univers immensément complexe de l’artiste est nourri de 30 ans d’expériences personnelles et d’environnements radicalement différents après avoir traversé la Révolution culturelle, la Réforme économique chinoise et vécu 15 ans en Occident.
Le Bureau de change, 1996-2004
Le travail de Chen Zhen offre de multiples interprétations, présentant une vision onirique et parfois troublante du monde, tournée vers un enrichissement de la vie intérieure. C’est en effet sa propre vie spirituelle, que l’artiste découvre dans les années 80 lors d’une retraite au Tibet. Atteint d’anémie hémolytique dès l’âge de 25 ans, ce voyage spirituel l’influencera tout au long de sa vie. Il dessine des scènes de la vie quotidienne sur les thèmes de «La Naissance», «Le Pèlerinage», «Le Défunt» (c.1983-1984).
Il réalise également une série de peintures abstraites dont «Qi flottant– Fragment» (1984), inspirées du «Grand Vide», l’état d’âme primordial pour l’artiste, représentant l’équilibre parfait entre l’univers et le coeur intime de l’être humain.
Le Bureau de change, 1996-2004
Lors de son arrivée en France en 1986, Chen Zhen se trouve directement confronté au choc des cultures, mais continue de poursuivre sa démarche visionnaire, enracinée dans un désir de participation active à la construction d’un monde moderne. Après trois ans de recherche et de réflexion, il abandonne peu à peu la peinture et à partir de 1989, commence à travailler directement avec l’objet afin d’interroger les relations entre l’Homme, la société de consommation et la nature.
Lands-Objectscape n°3, 1991
Pour la première fois, l’exposition montrera à la Galerie Perrotin, Paris, les peintures face à une série de sculptures de l’artiste. Par le feu, un des éléments naturels symbolisant le passage d’un état à un autre, Chen Zhen construit des structures en verre et métal comme « Le Dernier portrait / L’Hibernation» (1991) contenant du charbon ou «Bibliothèque» (1999-2000) dont des journaux brulés, ces produits artificiels qui capturent «l’instantanéité du temps», sont rendus à leur état brut de cendres, comme si un nouveau départ leur était permis.
Le Dernier portrait/L'hibernation, 1991
Détail "Le Dernier portrait/L'hibernation", 1991
Ce mode de pensée transculturelle que l’artiste nomme «Transexpérience» correspond à un lieu transcendant où se manifeste la friction réciproque entre les différentes expériences.
Il s’agit d’un espace dynamique, d’un champ d’énergies où les tensions et les contradictions prennent corps, mais également d’une zone de contact entre les flux d’énergie. Ce triple processus d’adaptation que l’artiste décrit comme «Résidence-Résonance-Résistance», Chen Zhen l’a lui même vécu en arrivant en Europe.
La deuxième phase, celle de la «Résonance» entre les gens, pays ou cultures, est particulièrement présente dans «Round Table – Side by Side» (1997), qui à l’origine fait partie d’un projet de trois tables dont deux seulement ont été réalisées. «Side by Side» représente deux tables en bois reliées au centre et bordées de chaises orientales et occidentales. L’œuvre révèle la difficulté des dialogues interculturels, ce que Chen Zhen décrit comme « la métaphore de l’éternel malentendu, née du constat que le désir d’interaction se heurte souvent à l’impossibilité d’un véritable dépassement des différences entre les cultures et les idéologies. »
Round table - Side by side, 1997
En tant qu’exilé, Chen Zhen prend conscience de ce choc des cultures, de ce vide entre l’Occident et l’Orient qu’il tente de combler par son propre langage, comme s’il cherchait à créer un lien entre les savoirs, entre les compétences aux confins de l’art et de la médecine, de la politique, de l’écologie et du social.
My Diary in a Shaker Village, 1997
My Diary in a Shaker Village, 1997
My Diary in a Shaker Village, 1997
Les références à son pays natal sont nombreuses, comme avec «Exciting Delivery» (1999), sculpture chrysalide, tresse de chambres à air greffée sur une bicyclette, symbole culturel d’une Chine en pleine crise d’urbanisation. Ou encore avec «Social Investigation – Shanghai 1» (1997) où Chen Zhen révèle par des photos et dessins l’histoire et la mutation des tissus sociaux qui transforment sa ville natale.
"Exciting Delivery", 1999
Détail "Exciting Delivery", 1999
C’est aussi grâce à cette solitude liée à son « évasion spirituelle », que Chen Zhen se tourne vers les autres pour mieux se comprendre lui- même. Dans «Beyond the Vulnerability» (1999), il construit un paysage imaginaire composé de fragiles petites maisons en bougies, crées avec des enfants des favelas de Salvador de Bahia au Brésil, où il séjourne un mois.
Grâce à ce projet, les enfants s’emparent de la ville qui les entoure et prennent conscience de la richesse historique de leur héritage, mais aussi des inégalités sociales à travers six styles architecturaux différents. Chen Zhen poursuit cette idée avec «Un Village sans frontières» (2000), composé de 99 maisonnettes en bougies en Chine, le symbole de la vie d’un homme; chacune posée sur une chaise d’enfant provenant de pays différents, tels des autels universels. «Le fait d’utiliser des bougies a une signification particulière : bâtir un village sans frontières que nous avons la charge d’initier, mais avec un espoir toujours tourné vers la génération future».
Etude des organes pour "Zen Garden ", 2000
Détail Etude des organes pour "Zen Garden ", 2000
Issue d’une famille de médecins, sa maladie irréversible et déclarée dès la fin des années 80, s’infiltre progressivement dans son œuvre. Après tout, pour lui, la médecine chinoise et l’art, comme le yin et le yang, font partie d’une même dialectique bipolaire tout en restant complémentaire. C’est cette volonté de vivre, cette énergie créatrice trouvant sa source dans les contradictions, les conflits, et la beauté du monde, que Chen Zhen nous a transmis et laisse derrière lui.
Etude des organes pour "Zen Garden n°2", 2000
En mai 2014, l’Association des Amis de Chen Zhen (ADAC) en collaboration avec Galleria Continua, publiera aux éditions Skira, le premier tome du Catalogue Raisonné de l’oeuvre de Chen Zhen qui retrace la période 1977 à 1996, et ses premières années d’activité d’artiste en Chine, son arrivée en France en 1986, où ilrésidera jusqu’à sa disparition en 2000, jusqu’à ses premières installations. Le volume est divisé en cinq parties principales, chacune introduite par un texte d’Isabelle Renard et Xu Min, contextualisant le travail de l’artiste, avec également des entretiens et essais d’auteurs comme Chen Bo, Marianne Brouwer, Daniel Buren, Adelina von Fürstenberg, Antoine Guerrero, Chen Jia-Lun et Xu Man-Yin, Bernard Garnier de Labareyre, Jérôme Sans et aussi des textes de Chen Zhen.
Chen ZHEN est né1955, Shanghai (China) ; Il est décédé à Paris en 2000. (France)
Galerie PERROTIN
76 rue de Turenne
75003 Paris
https://www.perrotin.com
Horaires et jours d'ouverture: Du mardi au samedi de 11h00 à 19h00.