Du 6 juin au 26 juillet 2014
La galerie Suzanne Tarasieve est heureuse de présenter la première exposition person- nelle d'Anne Wenzel à Paris. Cette artiste allemande a choisi la céra- mique comme moyen d'expression, travaillant cette matière en de grandes sculptures dans lesquelles s'établit un équilibre parfait entre construction et destruction.
Cette première exposition rassemble les œuvres de quatre séries différentes qui permettront une appréhension de l'ensemble du travail de l'artiste.
la série "Attempted Decadence"
L'exposition s'ouvre sur deux grandes sculptures baroques de la série "Attempted Decadence", un foisonnement de fleurs qui évoque les céramiques ornementales trônant sur les cheminées ou dans les jardins. Mais les trainées de rouge sanglant, l'effondrement des feuilles et des fleurs, leur pourrissement visible introduisent l'inquiétude et viennent empoisonner la beauté.
La série "Damaged Goods" consiste en un ensemble de bustes monumentaux en
grès noir émaillé.
Ces œuvres s'inspirent des photos de soldats défigurés durant la première guerre mondiale, les gueules cassées. Les visages et torses sont entaillés, creusés et comme fondus par l'émail de couleur qui les recouvre.
Après un long travail de modelage, l'artiste détruit et ravage la sculpture, ce qui renforce l'éloquence des parties intactes. Ce procédé place également l'œuvre dans un équilibre entre abstraction et figuration, tout en s'inscrivant dans la tradition de la sculpture classique.
Enfin comme l'explique l'artiste "un buste rend l'homme digne d'intérêt", et l'anonyme devient un individu. Mais retourne à l'anonymat par l'absence de son visage.
la série "Bright Solitude"
Les trophées de la série "Bright Solitude" s'inscrivent eux aussi dans une tradition classique de l'art ornemental. Cette série est née à partir d'une photo montrant une femme au visage triste accompagnée de son petit chien devant un mur couvert de trophées decompétitions canines. La réussite et le pouvoir que symbolisent ces trophées, présents aussi bien à Versailles que sous le troisième Reich ou chez les sportif et comédiens renommés, semblent illusoires. Valent-ils les sacrifices que nous sommes prêt à faire pour eux?
la série "Bright Solitude"
Enfin deux œuvres de la série "Requiem of Heroism" témoignent de l'intérêt de l'artiste pour le monument commémoratif, architecture ou sculpture qui jalonnent nos villes et villages mais que nous ne voyons plus.
Anne Wenzel en reprend les codes pour montrer combien ce langage est codifié, et de quelle manière ils nous amènent à conditionner notre positionnement par rapport à une histoire collective.
La série "Requiem of Heroism"
La série "Requiem of Heroism"
L'œuvre d'Anne Wenzel s'inscrit ainsi dans une tradition classique de l'histoire de l'art mais en détourne les codes. Elle choisi sciemment un matériau plutôt utilisé pour l'artisanat d'art, la terre, et explore les genres hiérarchiquement les plus bas dans l'histoire de l'art : le portrait, la nature morte, l'ornement. Elle l'explique elle même : "Mon œuvre traite souvent de sujets qui sont couramment acceptés, et considérés à partir d'une seule perspective."
Sa manière de traiter ces sujets nous pousse au questionnement et remet en perspective toute les dualités et tension de notre monde : histoire collective et histoire individuelle, figuration et abstraction, violence et beauté, construction et destruction, art mineur et art majeur.
Née en 1972 en Allemagne, Anne Wenzel vit depuis 20 ans à Rotterdam. Elle a étudié à AKI(Enschede, Pays-Bas)et a récemment présenté une grande exposition personnelle au centre d'art Tent à Rotterdam (2014), et au Museum Boijmans van Beuningen à Rotterdam (2010). Elle prépare pour 2015 une grande exposition au Stedelijk Museum à Hertogen- bosch (Pays-Bas).