Du 1er Juin au 6 Juillet 2014
La galerie du théâtre de Vanves présente SKULLPTURE, série d’œuvres de l’artiste plasticien Jacques de Oliveira Cézar. Cette exposition rassemble un ensemble de sculptures réuni par l’artiste autour de son travail sur la représentation de la figure humaine et de masse.
Jacques de Oliveira Cézar est avant tout un sculpteur, et son travail se place dans le prolongement des traditions classiques. Il reste fortement inspiré par la beauté formelle du corps humain. Il s’attaque aussi bien à la représentation du Christ qu’à Justin Biber, afin de mieux questionner notre rapport au monde et aux images, et détourne les icônes ou autres codes de la beauté anatomique, hérités des académies, en les confrontant, les mixant à la « pop culture » et autre aspect « trash » des médias contemporains. Son travail allie l’efficacité de la culture des médias et de la publicité, de par les formes et l’emploi de la couleur à une réflexion plus profonde sur l’usage même de la sculpture et ses possibilités.
La série de « crâne d’artiste » se présente ainsi à la façon des bustes officiels de l’empire romain ou de l’antiquité grecque. Il est question ici de ce que l’on nomme l’imago, ces masques mortuaires moulés sur les illustres figures de la nation, à l’aide de cire afin de conserver leur présence par-delà la mort.
Jacques de Oliveira Cézar a ici choisi d’élever Basquiat, Marilyne ou Elvis au même rang que César ou Auguste, à la différence près que le visage, la face a disparu et ne laisse place qu’à une simple tête de mort identique, seule reste comme signe distinctif la coiffure impeccablement posé sur leurs crânes.
Crâne de Jean Michel Basquiat
Ce jeu entre le commun et l’unicité du style capillaire créée un décalage à la fois loufoque et impose la spécificité de l’époque moderne. L’individu disparait au profit d’un style, d’une image, sorte de silhouette ou de logo reconnaissable de tous. Ces ossements ou reliquaires, rassemblent la gravité de la mort et l’artifice du spectacle et, malgré le peu qu’il reste, l’aura de la star demeure par la reconnaissance qui en est faite d’un simple coup d’œil.
Ces vanités contemporaines font face à d’autres icônes, le Christ en croix symbole cher à l’artiste. Celui-ci est présenté de deux façons tout d’abord sous les traits d’un veau d’or, collision entre le mythe biblique de l’ancien testament et la représentation traditionnelle de la croix répandue aux quatre coins du monde.
L’artiste, sans chercher à mal, questionne de façon radicale notre rapport à l’imagerie religieuse et à son adoration. Le principe est repris dans sa version agneau blanc où, là encore, c’est la question des idoles et de l’idolâtrie qui est soulevée.
Après les stars et le Christ, Jacques de Oliveira s’attaque à une troisième figure, celle du sportif. Sur son piédestal transformé pour l’occasion en podium, celui-ci prend la forme d’un catcheur mexicain, mi super héro masqué, mi personnage de fête foraine, avec sa cape de satin.
On pense ici à la petite danseuse de Degas, mais l’époque a changé. Aujourd’hui, ces sportifs font preuve de force et de virilité, tout en portant sur leurs maillots les couleurs deleurs nations. Une fois de plus l’impact visuel est fort. On reconnaît aisément la France, la Russie ou les Etats unis sur la plus haute marche du podium.
Catcheur Français, Russe et Américain
De l’autre côté, les moulages d’un couple, pris dans toute sa nudité, taille réelle leur fait face. Leurs têtes ont disparu métamorphosées en poing levé disproportionné. Il y a de la revendication batailleuse dans ces figures à mi-chemin entre Adam & Eve et des militants révolutionnaires. Ici, l’artiste n’a pas eu besoin de la couleur, c’est au contraire la simplicité de l’image qui lui donne son impact et créée une dichotomie entre le registre de la statuaire classique et le surréalisme de ces mains géantes.
Jacques de Oliveira Cézar a étudié l’architecture, à l’Ecole Nationale Supérieure d'Architecture Paris la Seine, avant de suivre une formation en arts visuels et design graphique à l’Ecole Supérieure de réalisation Audiovisuelle et l'Institut Supérieur d'Arts Appliqués.
Texte de Pierre Hadrien Pouulouin
Homme et femme à la tête de main
Homme et femme à la tête de main
Théâtre de Vanves
12 rue Sadi Carnot
92170 Vanves
http://www.theatre-vanves.fr
Horaire d'ouverture: Du mardi au samedi de 10H à 19H.