Du 21 Juin au 26 Juillet 2014
Nous sommes heureux de présenter Pohled z lebky // View from the skull, la première exposition personnelle de l’artiste tchèque Jakub Matuska aka Masker (1981, Prague) à la galerie Dukan.
Les oeuvres récentes de Masker, réalisées durant son séjour en résidence à Londres, sont caractérisées par différents sujets évocateurs et une grande complexité formelle. La trame tressée dans ses œuvres reste figée dans le temps jusqu’à se transformer en elle même.
L’artiste s’appuie pleinement sur ses fondamentaux originels, retournant parfois vers la substance cachée dans ses oeuvres précédentes.
"Two at the table", 2014 de Jakub Matuska
Son OEuvre est toujours mise en relation avec les changements permanents : l’éternel et l’éphémère, le vivant et le mortel, la beauté et la laideur. Elle prend place dans un espace–temps caractérisé par l’ubiquité. Des scènes apparemment simples au premier abord cachent souvent de complexes entrelacements de diverses formes qui finissent parfois par prendre un sens opposé à leur idée originelle.
A travers les oeuvres de Masker, les événements de tous les jours prennent une ,forme onirique et chimérique. Les idées persistantes qui émergent de l’inconscient humain interfèrent avec le contemporain. Par exemple, la piste cyclable qui passe à travers les bois (On bike through the woods, 2014) prend soudain une intensité dramatique inattendue.
"Dyptich", 2014 de Jakub Matuska
Un flux complexe de phénomènes variés se déploie sur un fond monochrome et prends la forme d’une énigme cohérente, composée d’une grande quantité de parties disparates. En alternant la beauté et la laideur, Masker travaille comme s’il créait une polarisation parallèle : un mouvement vers les frontières lointaines de l’expérience visuelle.
Il les laisse fluctuer, les autorise à courir dans différentes directions et puis à revenir vers un contour net comme au début du processus pictural, tel un dessin dissimulé sous une surface blanche et vierge,entamée ensuite par la couleur.
"Baby", 2014 de Jakub Matuska
Le monde sensitif de Masker change : en constante transformation, il oscille entre continuité et discontinuité, constance et renversements. Masker continue à soulever des questions autour de la signification de la représentation, l’esprit en constante ébullition.
Les corps du jeune garçon et de la jeune fille assis derrière la table (Two at the table, 2014) adoptent plusieurs matières ; une figure est née du déchirement de chiffons noirs et blancs en décomposition, l’autre de gouttes bleuesvertes liquéfiées.
Elles sont particulièrement visibles sur les visages. Hautement élaboré, le visage trapu du jeune garçon se décompose en formes acérées dissimulées derrière des lunettes. Le visage de la jeune fille atteint presque une teinte psychédélique. De sa tête sombre émergent seulement des points blancs évoquant les yeux.
"Lebka", 2014 de Jakub Matuska
La perception des peintures est comme une marche sur un terrain accidenté. Chaque pas nécessite une attention particulière, sous la menace continue de trébucher et tomber dans de nouveaux espaces, sensiblement plus immatériels que les autres.
L’imagination de Masker naît d’un moment de doute : le départ d’un mouvement du solide au liquide, du constant au variable. Cependant on conserve une finition très minutieuse et détaillée, qui montre les avancées techniques dans l’usage de ses moyens d’expression.
"No title", 2014 de Jakub Matuska
Avec ses peintures Masker nous met en garde : les énigmes du quotidien se terminent parfois de manière inattendue. De nouveaux espaces surgissent d’un sujet initial, qui deviennent plus profonds et intenses avec les couches de spray.
La tête humaine se transforme en un squelette (Skull, 2014). Des grosses larmes coulent de ses yeux et sa mâchoire inférieure ne conserve que peu de dents. Masker pénètre une surface matérielle, dont il s’éloigne pour créer des strates nouvelles, inattendues et in- habituelles. Il tente ainsi de libérer la figure rouge ,avec un grand oeil bleu dans la tête et des lambeaux de peau flottant sur ses mains, une sorte de parasite survivant, représen- tant peut être l’ego de l’artiste.
Il représente la personne la plus proche de Masker, bien qu’il incarne aussi ses ennemis qui l’accompagnent comme des ombres non désirées.
"Flower", 2014 de Jakub Matuska
Les contours des formes de Masker sont des épines et des bosses, ,où la vie renaît de la mort. Dans l’oeuvre Baby (2014) on peut trouver une référence au mythe de Cronos, dévorant ses propre enfants.
"Skull", 2014 de Jakub Matuska
Cela illustre la lutte éternelle entre le bien et le mal, symbolisée par la figure d’un grand enfant rampant dont l’attitude évoque les célèbres sculptures sur l’édifice praguois de la tour ZIZKov TV.
L’enfant avec des bras démesurés, mange de petites figures avec un seul œil bleu. Les mêmes figures se retrouvent dans ses orbites. Cet acte de transformation symbolique menace l’étoile de mer rouge avec une ,grimace sur leurs visages. Leurs bras blessent le corps de l’enfant et de leurs pointes naissent de minuscules personnages.
Dans ses peintures récentes Masker développe une idée de renaissance et de mort basée sur la mémoire. L’éphémère tire sa source du mythe ancien.
Karel Srp, Mai 2014
Dr. Karel Srp était le commissaire d’exposition de la Galerie Nationale de Prague de 1988 à 2012. Il est considéré comme l’un des meilleurs historiens de l’art tchèque. Les expo- sitions dont il s’est occupé et ses monographies sont non seulement rigoureuses, mais elles sont aussi attendues avec impatience et appréciées par un large public.
Dr. Karel Srp collabore avec Masker et écrit des textes sur l’artiste depuis de nombreuses années. Il est tout à fait à même de parler de sa technique et de son style qu’il décrit précisément. Dr. Srp n’a pas seulement du succès en Rèpublique tchèque : il donne aussi des conférences et séminaires à l’université de Californie à Los Angeles, à l’université de Chicago, au musée des Beaux-Art de Houston, à la galerie nationale de Washington, à l’université de Miami, et à l’Einstein forum de Berlin.