Du 3 Juin au 23 Septembre 2014
Exposition monographique
Curatrice : Albertine de Galbert
La Maison de l’Amérique latine présente deux expositions autour de l’artiste paraguayen Fredi Casco (Asunción, 1967) : « La Fascination des Sirènes », une exposition monographique à caractère rétrospectif, et « Maîtres de l’Art Populaire et Indigène du Paraguay », un extrait de l’exposition d’art populaire paraguayen « Selección Texo » dont il a été commissaire en 2013 à Asunción, et dont les œuvres ont été choisies dans la collection de la Fondation Texo.
Le Retour des Sorciers vol.1 de Fredi CASCO
Le Retour des Sorciers vol.1 de Fredi CASCO
Le Retour des Sorciers vol.1
Cette mixité est à l’image de l’engagement de Fredi Casco : artiste, curateur, éditeur et réalisateur, il a aussi accompagné Ticio Escobar dans la création du premier Ministère de la Culture au Paraguay, et dans l’exercice de ses fonctions au sein du gouvernement de 2009 à 2012, avant le coup d’état parlementaire de 2012.
L’essence de l’image est d’être toute dehors, sans intimité, et cependant plus inaccessible et mystérieuse que la pensée du for intérieur ; sans signification, mais appelant la profondeur de tout sens possible ; irrévélée et pourtant manifeste, ayant cette présence-absence qui fait l’attrait et la fascination des Sirènes.
Roland Barthes, La Chambre Claire, Ed. de l’Etoile, 1980
Le retour des Sorciers Vol. 2 de Fredi CASCO
Le retour des Sorciers Vol. 2 de Fredi CASCO
L’œuvre de Fredi Casco traverse, et infiltre, l’Histoire et la Culture du Paraguay ses répétitions, ses oublis, ses rituels, ses vieux démons et ses fantômes et en subvertit les représentations d’autorité.
La série Le Retour des Sorciers, développée en trois chapitres entre 2005 et 2012 fait ainsi référence à la dictature de Stroessner et ses mondanités (1954-1989), dont l’artiste a retrouvé au fil des années de nombreuses traces photographiques et documentaires dans des marchés aux puces d’Asunción.
Le retour des Sorciers Vol. 2 de Fredi CASCO
La série Le Retour des Sorciers, développée en trois chapitres entre 2005 et 2012 fait ainsi référence à la dictature de Stroessner et ses mondanités (1954-1989), dont l’artiste a retrouvé au fil des années de nombreuses traces photographiques et documentaires dans des marchés aux puces d’Asunción. A partir de ces clichés, considérés si secondaires par les autorités paraguayennes qu’ils ont fini par atterrir dans la rue, l’artiste s’engage dans un processus d’infiltration formel et fictionnel. Il retouche les photographies en dédoublant certaines figures, ou en en affublant d’autres de masques à gaz.
Ces images deviennent métastatiques, mais ces mutations sont si discrètes qu’on ne les perçoit pas au premier coup d’œil. Dans un second volume, il met en relation le roman de Graham Greene « Voyage avec ma tante », dans lequel apparaissent certaines descriptions de cette époque, avec les photographies trouvées. Dans un dernier volume enfin, il s’empare de l’histoire de Josef Mengele, criminel nazi réfugié au Paraguay et naturalisé en 1959. Il met en relation des photographies de fêtes traditionnelles autrichiennes, prises au Paraguay et elles aussi abandonnées au hasard des marchés aux puces, avec l’épisode de l’Hôtel Tirol, où Mengele s’était réfugié en 1966 sous le nom du Dr Fritz Fischer, et où il faillit être capturé par les services secrets israéliens.
Le retour des Sorciers Vol. 2 de Fredi CASCO
Le retour des Sorciers Vol. 2 de Fredi CASCO
Foto Zombie (nom d’un laboratoire photographique situé à Asunción dans les années 60), est une autre série d’œuvres développées en 2012 à partir de la même archive photographique, devenue au fil des années une véritable collection. L’artiste retourne certaines photographies et décalque au dos les contours des silhouettes des personnages représentés.
Ces apparitions fantomatiques cohabitent avec les commentaires qui situent le contexte dans lequel a été prise la photographie (« Ambassade du Venezuela, 1950 », « visite de ministres du Cameroun, ambassadeur de France Pierre Népier », etc.). L’œuvre indique subtilement à quel point le caractère autoritaire du régime de Stroessner n’empêchait pas le pays de développer des relations diplomatiques avec le monde entier.
Foto Zombie de Fredi CASCO
D’autres séries d’œuvres s’articulent autour de cette collection « d’objets (photographiques ou non) trouvés », comme Voluptas (2006, interventions sur des photographies de jeunes communiantes), Kiling (2011, collection de revues populaires hybridées avec certaines images des guides opérationnels de contre-guerilla édités par les États-Unis et utilisés à Fort Gulick au Panama dans la tristement célèbre « École des Amériques », créée pour soutenir les dictatures latino-américaines), Contact (travail en cours à partir de cartes de correspondance venant du monde entier, reçues par un passionné de radio amateur de 1955 à 1975), et Spectres (autre travail en cours de dessins sur des papiers administratifs anciens).
"Contact" entre 1953 et 1986 de Fredi CASCO
"Contact" entre 1953 et 1986 de Fredi CASCO
"Voluptas" de Fredi CASCO
"Voluptas" de Fredi CASCO
Opérations et Cérémonies de Fredi CASCO
Dans un registre plus personnel, Fredi Casco réalise en 2008 une série appelée Le Bonheur, où il rephotographie au flash ses photos de famille. Le sujet est mis à distance, métaphore du souvenir qui disparaît peu à peu.
Cette série interroge la part du véritable dans nos mythologies personnelles, et par extension, dans l’Histoire.
Le bonheur de Fredi CASCO
Le bonheur de Fredi CASCO
Chaco Fantôme s’inscrit dans cette difficulté à discerner le vrai du faux, à élaborer des catégories. L’artiste a réalisé des photographies et un film dans la région du Chaco, lors de célébrations populaires. Une particularité cependant : toutes les images sont floues. Comme un pied de nez aux documents ethnographiques traditionnels, où notre désir d’exotisme est satisfait, ces images sont brouillées.
"Chaco Fantôme", 2006 de Fredi CASCO
Dans cette exposition, ces groupes d’œuvres forment un tout, un archipel d’îlots d’Histoire, grands et petits, constitué ces dix dernières années, à travers lequel le spectateur devra naviguer à vue. Fredi Casco met à l’épreuve notre capacité à voir et à élaborer, il nous invite à tomber dans les pièges de la séduction des images, à nager avec les sirènes, puis à faire demi-tour et à rentrer chez nous, avec encore, en écho, leur chant dans les oreilles.
Avec la collaboration de l’ambassade du Paraguay en France.
La Maison de l'Amérique Latine
217, Boulevard Saint-Germain
75007 PARIS
http://mal217.org
Horaires d'ouverture: Du lundi au vendredi de 10h à 20h et le samedi de 14h à 18h.