Du 10 Septembre au 2 Novembre 2014
« La lumière du Japon, toujours voilée, n’a rien à voir avec celle de la France, très brutale et perçante. Et la nature de la lumière, j’en suis persuadé, a une incidence sur le paysage, les gens et même la langue que l’on parle ».
"Série Ecran", 1986-1993 de Keiichi Tahara
"Série Ecran", 1986-1993 de Keiichi Tahara
Depuis son arrivée en Europe en 1972, Keiichi Tahara se fascine pour la lumière, qu’il place au centre de son approche artistique.
Un intérêt qu’on lui connait dans son travail en noir et blanc, mais qui transparait également avec une série de polaroid couleur, exposée pour la première fois à la MEP: Ecran.
"Série Ecran", 1986-1993 de Keiichi Tahara
L’exposition que lui consacre la Maison Européenne de la Photographie est une rétrospective qui retrace cette perpétuelle quête de la lumière, tel un fil rouge, à travers quatre grandes séries du «sculpteur de lumière» : Fenêtre, InBetween, Portraits et... Ecran.
"Appartement avenue Alphand 94160 St Mandé, Série fenêtre", 1973-1982
Dans sa première série, Fenêtre, Keiichi Tahara nous montre que le regard ne se focalise pas nécessairement sur un objet, mais « nage » dans l’espace et la lumière. Il nous invite à rechercher la forme de la lumière, et non plus la lumière à partir d’un objet.
A son emménagement à Paris, coupé du monde par la barrière de la langue, Keiichi Tahara se cloître dans sa chambre, avec pour unique ouverture vers l’extérieur, sa fenêtre. Ainsi, regarder à travers elle, devient sa seule façon de communiquer avec le monde extérieur.
"Appartement avenue Alphand 94160 St Mandé, Série fenêtre", 1973-1982
Nait alors la série Fenêtre, qu’il poursuit entre 1974 et 1983, notamment dans les différents appartements qu’il habite à Paris. « J’ai photographié les fenêtres de mon appartement comme si j’essayais d’établir et d’affirmer l’existence de mon « moi ». »
La quête de lumière de Keiichi Tahara se balade au sein du labyrinthe de la mémoire.
L’intérêt que Keiichi Tahara porte pour la lumière le fait constamment osciller entre ce qu’il appelle la lumière blanche et la lumière noire, entre soleil et lumière imaginaire: La première est celle des sensations et des émotions provoquées par l’extérieur, tels ses paysages éclairés et sculptés par la lumière dans sa série InBetween.
"Série InBetween" , 1992 de Keiichi Tahara
La seconde est une lumière intérieure qui suscite l’imagination et la création, grâce aux expériences et connaissances acquises. C’est celle des mémoires et des traces.
De cette réflexion sur la lumière, naitront ses multiples recherches sur la transparence. «Les mémoires que j’ai, comme celle de moi-même, de ma famille, du sang, de l’être humain, se confondent peu à peu et s’entassent en moi, telles des couches de verre tranparent.»
"Série InBetween" , 1992 de Keiichi Tahara
"Joseph Beuys, Visagéité", 1978-1988 de Keiichi Tahara
La série Portrait, ou la machine visagéïtaire de Keiichi Tahara Qu’est-ce qu’un portrait photographique ? L’empreinte d’un visage en vue de produire une représentation mais, aussi bien, l’emprunt
de certains traits de ce visage à toutes autres fins, telles que la dénotation d’un nom propre, l’évocation d’un souvenir, le déclanchement d’un affect…. C’est sur ce second versant que travaille principalement Keiichi Tahara.
"William Burrough, Visagéité", 1978-1988 de Keiichi Tahara
En fait, il ne retient de ses « sujets » que les traits qu’il peut utiliser à la confection des paysages qui l’obsèdent et surtout à l’obtention d’un certain effet de subjectivation vers lequel l’ensemble de son oeuvre paraît tendre.
De quoi s’agit-il ? D’un transfert d’énonciation : au lieu que ce soit vous, le spectateur, qui contempliez la photographie, c’est brusquement elle qui vous surprend, qui se met à vous scruter, à vous interpeller, à vous pénétrer jusqu’au fond de l’âme.
Félix Guattari
MEP, Maison européenne de la photographie
5-7, rue de Fourcy
75004 Paris
www.mep-fr.org
Horaires d'ouverture: Du mercredi au dimanche de 11h à 20h