Du 26 NOVEMBRE 2014 au 27 AVRIL 2015
Le Centre Pompidou organise à partir du 26 novembre prochain, la première rétrospective complète consacrée à Jeff Koons en Europe. Cette exposition sans précédent permet de prendre toute la mesure d’une oeuvre qui aura marqué depuis trente-cinq ans le paysage artistique et culturel contemporain.
"Inflatable flower and Bunny", 1979 de jeff Koons © Photo Éric Simon
"Toaster", 1979 "Hoover Celebrity III", 1980 et "Teapot", 1979 de jeff Koons © Photo Éric Simon
New Hoover Quick broon, New Hoover Celebrity IV", 1980 de jeff Koons © Photo Éric Simon
Jeff Koons © Photo Éric Simon
Si Jeff Koons a fait l’objet de maintes expositions, présentant tantôt des ensembles précis de son travail, tantôt des sculptures spécifiques dans des environnements historiques donnés, aucune exposition n’a rassemblé son oeuvre en un parcours exhaustif et chronologique, couvrant l’entièreté de sa production. Quelque cent sculptures et peintures composent cette rétrospective qui suit tous les jalons de la carrière de l’artiste.
MADE IN KOONS
PAR BERNARD BLISTÈNE
« I always enjoyed the philosophy of Kierkegaard, Sartre and Nietzsche »
Jeff Koons
Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Two Ball 50/50 tank", 1985 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Aqualung", 1985 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
En 1987, le musée national d’art moderne réunissait sous l’égide du grand Walter Hopps, alors directeur de la Ménil Collection de Houston, dans une exposition de groupe au titre affriolant intitulée Les Courtiers du désir, 5 artistes dont un homme jeune (32 ans), enchanté de l’exposition : Jeff Koons.
"Train", 1986 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Travel bar", 1986 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Louis XIV", 1986 et "Italian woman", 1986 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Rabbit", 1986 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
En 2000, le musée national d’art moderne réunissait sous l’égide du non moins grand Philippe Vergne et de votre serviteur, dans une exposition de groupe intitulée Au-delà du spectacle, un homme mature (45 ans), toujours enchanté de l’exposition : Jeff Koons.
En 2014, le musée national d’art moderne réunit sous l’égide du brillant Scott Rothkopf et de toujours votre serviteur, un homme mûr (58 ans), encore plus enchanté de l’exposition rétrospective qui lui est consacré : Jeff Koons.
"Boy with Pony"' 1995-2008 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Buster Keaton", 1988 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Ushering in Banality", 1988 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Michael Jackson and Bubbles", 1988 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
27 années ont passé depuis que Rabbit s’en est venu au Centre Pompidou et en est hélas reparti. L’auteur de la fameuse baudruche en inox est devenu l’un des artistes les plus célèbres et les plus controversés de la scène de l’art contemporain. L’un de ceux sur lequel les phrases les plus âpres vont bon train, au point qu’on se demande si c’est encore l’oeuvre qu’il s’agit de juger ou la mythologie désincarnée d’un homme devenu un personnage sans la moindre aspérité.
"Hanging Heart", 1994-2000 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Balloon Dog'Magenta)", 1994-2000 et "Moon (Light Blue), 1995-2000 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Play Doh", 1995-2008 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Il fallait cette première rétrospective européenne - Jeff Koons, La rétrospective - pour juger sur pièces. Il apparaîtra ainsi au visiteur que l’artiste n’a cessé au fil d’un travail obsessionnel, d’associer artisans et fabricants à la réalisation de pièces toujours plus techniquement ambitieuses. Il apparaîtra également que, des premiers assemblages cherchant une synthèse entre pop et minimalisme aux moulages de plâtre ornés de décorations pour parcs et jardins, Koons a voulu inscrire son projet au fil de séries dont les sujets parlaient à tous pour tenter de réconcilier l’art moderne et la culture populaire dans une célébration des contraires enfin réunis.
"Self-portrait", 1991 et "Made in Heaven", 1989 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Bourgeois bust- Jeff and Ilona", 1991 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Large vase de fleurs", 1991 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Cette rétrospective vient ainsi à point (à qui sait attendre). Elle entend faire le bilan d’un indéniable grand oeuvre, désormais indissociable de celui qui l’a façonné.
Car l’oeuvre de Jeff Koons est, avant tout commentaire, une histoire et sans doute un rêve américain. Une oeuvre pragmatique et résolument positive, un défi joyeux dans un monde de hauts et de bas, une vision certes ludique mais plus subversive qu’il n’y paraît et que son auteur se garde de le dire.
"Bear and Policeman", 1988
"Cat on a Clothesline (Blue)", 1994-2001 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Split-Rocker (Pink/Blue)", 1999 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Intimement lié à l’oeuvre qu’il a construite, Jeff Koons aura au fil de quelque 35 ans, plus d’une fois défrayé la chronique. Des premiers objets résolument enfantins aux figures archétypales en acier polychrome se dressant avec superbe dans les institutions publiques et les fondations privées des grands de ce monde, des images publicitaires métamorphosées en tableaux ( ! ) aux cadeaux d’entreprise devenus les trophées des meilleurs ventes publiques, des publicités pour master classes gratifiées aux enfants attentifs dans des magazines d’art aux images pornographiques incarnant, aux dires de l’artiste, « l’amour et la spiritualité », l’oeuvre de Koons n’aura cessé de défier le jugement et le goût et de stimuler le désir pour chercher à affirmer sa valeur iconique et symbolique.
"Bagel", 2002 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Elephant", 2003 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Junkyard", 2002 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Car l’ambition de l’artiste est de taille. Et pas seulement immense. Même si Koons, on le sait, ne dédaigne pas le poids physique, symbolique et majestueux du monument. Son ambition est en fait de prendre
en défaut les paradoxes d’un discours théorique qui n’aura, au fil de la modernité, souvent trouvé de justification que dans l’opposition qu’il aura cru entretenir avec le pouvoir. C’est là pour Koons un défi, voire un retournement, qu’il appartient à une institution comme le Centre Pompidou de savoir regarder pour que chacun se fasse son idée et apprécie la chose.
"Geisha", 2007 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Hulk (Organ)", 2004-2014 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Dog pool", 2003-2008 et "Dutch Couple", 2007 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Lobster", 2003 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Popeye", 2003 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Plusieurs décennies ont passé. L’Amérique a été ébranlée et Jeff Koons semble avoir gardé un irrémédiable optimisme. Et si la promesse de bonheur tant de fois prise en défaut trouvait à s’accomplir, il n’est pas impossible que notre homme veuille résolument en être le porteur. On verra dans la présente exposition, un portrait photographique de 1980 au titre hautement signifiant : Le nouveau Jeff Koons s’annonçait.
À son propos, l’artiste précisait et communiquait : « J’ai toujours aimé penser que cette image montrait mon plus haut degré d’intégrité. ». Intégrité et authenticité, acceptation de soi et dialogue, confiance
et responsabilité : il y a sans doute dans la pratique de Jeff Koons du Dale Carnegie et de sa méthode pour se « gagner des amis et influencer les gens ». Il y a sans doute aussi une volonté toute postmoderne à vouloir esthétiser le réel et à en faire payer le prix. Enjoy !
"Antiquity (Manet)", 2010-2014 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Balloon Venus (orange)", 2008-2012 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Gazing Ball (Ariadne)", 2013 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Gazing Ball (MailBox)", 2013 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
"Gazing Ball ( Farnese Hercules)", 2013 de Jeff Koons © Photo Éric Simon
Centre Georges Pompidou/Beaubourg
GALERIE 1, NIVEAU 6
Place Georges Pompidou
75004 Paris
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