DU 12 FÉVRIER AU 21 JUIN 2015
La Pinacothèque de Paris, en partenariat avec Arthemisia Group et 24 ORE Cultura- Gruppo 24 ORE, revient sur l’une des déclinaisons fondamentales de l’Art nouveau qui s’est développée à Vienne au début du xxe siècle : la Sécession. Gustav Klimt joua un rôle majeur dans l’éclosion de ce mouvement. Par son exubérance et son talent de ses débuts précoces à l’opulence décora- tive de ses oeuvres de la maturité dans une abondance du recours à l’or Klimt occupe en effet une place fondamentale dans cette évolution nouvelle de l’art. Mais la Sécession est aussi à l’origine de la naissance, quelques années plus tard, de l’un des courants majeurs de l’art mode- rne, l’expressionnisme, qui a fait l’objet d’une exposition du musée en 2011.
"La cathédrale de Saint Etienne de Vienne", 1909 de Rodolf Koppitz © Photo Éric Simon
"Vue de Paris", 1890 de Theodore Von Hörmann © Photo Éric Simon
"Carrefour", 1913 de Felix Albrecht Harta © Photo Éric Simon
L’exposition Au Temps de Klimt. La Sécession à Vienne revient en détail sur l’évolution des arts dans la capitale autrichienne, de la fin du xixe siècle jusqu’aux premières années de l’expres- sionnisme. Le coeur de l’exposition est une sélection des travaux majeurs de Gustav Klimt, de ses premières années d’études jusqu’aux chefs-d’oeuvre de son âge d’or. La Pinacothèque de Paris est fière de présenter deux oeuvres majeures de l’artiste, la Judith I (1901) et la recons- titution de la Frise Beethoven, qui ne pourront plus être exposées hors d’Autriche pour la pro- chaine décennie. La superbe Étude de femme sur un fond rouge de Gustav Klimt est pour la première fois présentée au public.
Un ensemble de documents rares ayant trait à la vie de l’artiste et à sa famille, notamment ses frères Ernst et Georg, artistes comme lui, avec lesquels Gustav a souvent collaboré, accompa- gne le visiteur tout au long du parcours.
Une attention toute particulière est aussi portée aux premières années de la Sécession, notam- ment dans ses rapports avec Paris et aux suggestions artistiques venues de France, qui rappro- chèrent des artistes comme Carl Schuch, Tina Blau, Théodor Hörmann, Josef Engelhart et Max Kurzweil. Cette importante expérience, dont rend compte ici un choix de tableaux provenant du Belvédère et de collections privées, constitua un terreau fertile à l’évolution du mouvement sécessionniste.
"Médecine", 1903 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
"Guide pour la section Autrichienne de l'exposition Universelle de Paris", 1900 d'Alphonse Mucha © Photo Éric Simon
"Nu masculin", 1883 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
L’exposition se poursuit avec les chefs-d’oeuvre de la Sécession, de l’avant-garde autrichienne et avecles premières oeuvres d’Egon Schiele et d’Oskar Kokoschka.
Une dernière section de l’exposition est consacrée à la floraison des arts appliqués et des mét- iers d’art à Vienne : des pièces de mobilier, fruit d’une antique et raffinée tradition artisanale, aux bijoux précieux et au travail de la céramique. Ces objets sont accompagnés d’une riche docu- mentation historique, qui témoigne des débuts et de l’évolution de grands artistes et archi- tectes de cette époque tels Adolf Loos et Josef Hoffmann, notamment au sein de l’Atelier viennois.
L’exposition Au temps de Klimt - La Sécession à Vienne présente plus de 180 oeuvres issues des collections du musée du Belvédère de Vienne et de collections privées. Le commissariat de l’exposition est assuré par Alfred Weidinger, conservateur du musée du Belvédère de Vienne.
"Printemps", 1913 de Rudolf Koppitz © Photo Éric Simon
"Francesca Da Rimini et Paolo", 1890 de Ernst Klimt © Photo Éric Simon
"Printemps", 1913-1915 et "Été", 1914-1915 de Michael Powolny
"Beethoven", 1885 de Max Klinger © Photo Éric Simon
La Pinacothèque de Paris souhaite revenir sur l’une des facettes de l’Art nouveau qui s’est développée à Vienne au début du xxe siècle sous le nom de Sécession.Au tournant du xixe et du xxe siècle, Vienne accède au statut de pôle culturel de la Mitteleuropa grâce à une croissance démographique vertigineuse. Capitale d’un empire qui comptait alors plus de 50 millions de sujets et regroupait plus de quinze nations, dirigé par l’empereur François- Joseph, Vienne est un centre culturel regroupant une mosaïque de langues et de traditions diverses.
C’est dans ce contexte économique florissant que cohabitent une aristocratie encore importante, ancrée dans l’académisme, et une bourgeoisie détachée de l’action politique, qui cherche à s’évader de la réalité dans l’art. Fils d’un orfèvre viennois, Gustav Klimt intègre l’École des arts et métiers de Vienne en 1878. La même année, il travaille avec le peintre d’histoire Hans Makart à de nombreuses commandes officielles.
"Nu féminin debout avec des bas", 1908-1909 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
"Les deux garçons rêveurs", 1908 d'Oskar Kokoschka © Photo Éric Simon
Feux follets", 1903 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
En 1880, il ouvre avec son frère Ernst et son compagnon d’étude Franz Match un atelier de dé- cors de théâtre et de peinture murale. La construction sur le Ring viennois de nombreux palais entraîne d’importantes commandes dont ils bénéficient, tel le Burgtheater de Vienne (1886- 1888). Ils sont également commandités pour la réalisation de quarante petits médaillons déco- rant les escaliers des bâtiments du Kunsthistorisches Museum de Vienne, retraçant l’histoire de l’art depuis l’Égypte antique jusqu’au xvie siècle. Klimt en signe onze.
Son style est alors très académique, dans la tradition du peintre Makart. Pourtant, son incroy- able et monumentale œuvre Philosophie, Médecine et Jurisprudence, destinée à orner les murs du Grand Hall de l’université de ,Vienne, rencontre hostilité et incompréhension.
Il est accusé par la presse et les institutions universitaires, ,de « pornographie » et de pervertir ,les jeunes esprits. L’affaire fait grand bruit : les ,peintures ne seront jamais accrochées et le ministre de l’Éducation doit démissionner. Ces oeuvres seront finalement détruites par les Nazis en 1945, au château d’Immendorf.
Suite à ces événements, Klimt va s’éloigner du ,monde des peintres officiels et de l’académisme, où les conservateurs majoritaires entravent toute nouveauté et contrôlent le marché de l’art.
Avec une vingtaine d’artistes viennois, il fonde alors en 1897 la Vereinigung Bildender Künstler Österreichs Secession, plus célèbre sous le nom de Sécession, dont les buts déclarés sont pré- sentés dans une revue, Ver Sacrum, « printemps sacré », ,et un lieu d’exposition, le Palais de la Sécession, ,réalisé par Joseph-Maria Olbrich et inauguré en 1897. Sur son fronton, on peut lire la devise de la ,Sécession : « À chaque Époque son Art. À l’Art ,sa Liberté. »
"Judith avec la tête d'holopherne", 1898 d'Hermann Hahn © Photo Éric Simon
"Judith", 1901 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
La Sécession ne fait pas l’objet d’un programme ,précis sur le plan stylistique, mais d’avantage ,d’une réflexion sur l’art, résumée par le critique ,Hermann Bahr en quelques lignes dans le premier numéro de Ver Sacrum : « Notre art n’est pas un combat des artistes modernes contre les anciens, mais la promotion des arts contre les colporteurs qui se font passer pour des artistes ,et qui ont un intérêt commercial à ne pas laisser l’art s’épanouir. Le commerce ou l’art, tel est ,l’enjeu de notre Sécession. Il ne s’agit pas d’un débat esthétique, mais d’une confron- tation entre deux états d’esprit. »
L’esprit du Gesamtkunstwerk, « OEuvre d’art totale », défini par l’auteur romantique allemand Otto Runge et développé par Richard Wagner, séduitparticulièrement ces jeunes créateurs.En 1902, lors de sa 14e exposition, la Sécession viennoise décide de rendre hommage à Beetho- ven.
Au centre du pavillon de la Sécession, autour d’une sculpture polychrome représentant le com- positeur et réalisée par Max Klinger, Klimt réalise son interprétation de la Neuvième Symphonie, qu’il nomme Frise Beethoven. Il semble convaincu que le but suprême de la peinture est préci- sément de s’intégrer à la perfection dans un cadre architectural.
L’année suivante, Josef Hoffmann, Koloman Moser et l’industriel Fritz Waerndorfer, qui veulent allier les beaux arts aux arts décoratifs afin de créer une forme d’art total accessible au plus grand nombre, fondent les Wiener Werkstätte, « Ateliers viennois », où les arts appliqués trouveront un nouveau souffle.
"Forêt de pins en hiver", 1907 de Koloman Moser © Photo Éric Simon
"Hiver", 1902 de Gustav Jahn © Photo Éric Simon
"Paysage Odysséen", 1902 d'Emilie Mediz-Pelikan © Photo Éric Simon
"Vue sur le Nussberg depuis Heiligenstadt", 1905 de Carl Moll © Photo Éric Simon
C’est cependant sur la figure féminine que Klimt a concentré toutes ses attentions, dans un étrange et exclusif culte de la femme, héritier des recherches symbolistes. Klimt dresse un constat sans concession du rapport ambigu unissant le masculin et le féminin : ses femmes fatales et fragiles révèlent également l’angoisse de la mort et la prise en compte des recherches psychanalytiques de Freud. Représentées en partie comme des objets sexuels et en partie comme des êtres suprêmes, les femmes de Klimt, à la fois soumises et à l’identité affirmée, présentent un lien ambigu avec la Modernité.
"Edith Schiele", 1917 de Egon Schiele © Photo Éric Simon
"Prisonnier de guerre Russe", 1915 d'Egon Schiele © Photo Éric Simon
Dans la Judith, sa peinture développe des réseaux de formes géométriques entremêlées ainsi que des mosaïques aux motifs ornementaux abstraits rehaussées d’applications de feuilles d’or et d’argent, qui cherchent à reproduire les effets de la joaillerie. Klimt applique avec intransi- geance la bidimensionnalité, caractéristique de ses chefs-d’oeuvre.
En 1905, le groupe éclate de nouveau, opposant des artistes naturalistes, qui rejettent l’idée d’oeuvre d’art totale, et des artistes comme Klimt, Moser et Hoffmann. Klimt quitte la Sécession viennoise et devient l’un des fondateurs de l’Association des artistes autrichiens. Il est alors reconnu comme un artiste international, voyageant dans l’ensemble de l’Europe. Il produit de nombreux portraits féminins, qui sont pour lui l’occasion de réaffirmer le concept de la « femme fleur », ainsi que des paysages au lyrisme affirmé. Egon Schiele et Oskar Kokoschka, disciples directs de Klimt, s’approprieront et exacerberont ses interrogations, annonçant la naissance de l’expressionnisme.
"Étude de tête Féminine sur fond rouge", 1897-1898 de Gustav Klimt © Photo Éric Simon
"Bruno Grimschitz", 1915 d'Herbert Boeckl © Photo Éric Simon
"Homme allongé sur un lit", 1910 d'Egon Schiele © Photo Éric Simon
"Le trésorier", 1910 d'Oskar Kokoschka © Photo Éric Simon
Je tiens à remercier Iole Siena, présidente d’Arthemisia Group, ainsi que Benito Benedini, président du groupe 24 ORE, pour leur collaboration à ce projet. Mes remerciements vont également à Alfred Weidinger, conservateur au musée du Belvédère de Vienne et com- missaire de l’exposition pour son travail.
Merci enfin à toutes les équipes, en France et en Italie, qui ont contribué à concrétiser cette exposition.
PINACOTHÈQUE 2
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