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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

13 Feb

Expo Video Contemporaine: ANGELS WITH DIRTY FACES

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Installation Contemporaine, #e, #Expo Collective Contemporaine

Du 4 février au 28 février 2015

 

 

 

Films et installations vidéos de :: John Akomfrah / Black Audio Film Collective, Hiwa K, Christian Marclay, Penny Siopis, Graeme Thomson et Silvia Maglioni, Till Roeskens et Marie Bouts, Samir Ramdan

Graeme Thomson et Silvia Maglioni /What rises from the depths cannot help but break the surface © Photo Éric Simon

Graeme Thomson et Silvia Maglioni /What rises from the depths cannot help but break the surface © Photo Éric Simon

Graeme Thomson et Silvia Maglioni /What rises from the depths cannot help but break the surface © Photo Éric Simon

Graeme Thomson et Silvia Maglioni /What rises from the depths cannot help but break the surface © Photo Éric Simon

Graeme Thomson et Silvia Maglioni /What rises from the depths cannot help but break the surface

2015 / installation 3 écrans, durée variable / Avec le soutien de la FNAGP

Avec cette nouvelle mise en espace des matériaux de leur film à venir Disappear One, le duo d’artistes Graeme Thomson et Silvia Maglioni, transforme une traversée de l’Atlantique en paquebot en un chant Polypho-nique où résonne l’histoire de l’Europe en crise et de ses fantômes.

C’est à cause de ma voix que tu me considères comme un ange, mais un ange au visage sale. C’est par mon chant que tu sais que je suis une créature comme toi, un homme. Mais le plus malheureux des hommes. Car tu m’as vu aller tout au fond, sans résistance apparente. On

m’a même entendu rire alors qu’on me croyait mort dans un trou. Mais c’était pour mieux disparaître et revenir au sommet des ruines comme un fantôme bavard qui pisse sur les dernières lumières de l’Occident.

Hiwa K / This Lemon Tastes of Apple © Photo Éric Simon

Hiwa K / This Lemon Tastes of Apple © Photo Éric Simon

Hiwa K/ This Lemon Tastes of Apple

2011, 13min / vidéo

Une vague de protestations débute le 17 février dans la région kurde d’Irak. Elle durera huit semaines avec un bilan annoncé de dix morts et quatre cents blessés dans les affrontements entre citoyens et militaires. Au cœur de l’une de ces manifestations qui appelaient à une plus grande justice et égalité entre les citoyens, à une meilleure répartition des richesses et à une transparence de la vie politique, l’artiste Hiwa K (né en 1975 en Irak) réalise une performance. Malgré les attaques de la manifestation par la police et le jet de bombes lacrymogènes, il poursuit l’interprétation à l’harmonica d’une musique d’Ennio Morricone. La force vitale du souffle lutte ici contre la peur et la terreur.

Hiwa K /  This Lemon Tastes of Apple © Photo Éric Simon

Hiwa K / This Lemon Tastes of Apple © Photo Éric Simon

Ainsi parle Octavio Framboa, le narrateur de « Angels with dirty faces » (chant), première d’une série de méditations autour du corps en lutte au cœur de la crise. Cette exposition racontée agence une partition de films et de textes traversés par la puissance vitale de la lamentation. Un écho lointain du blues. Une musique de révolte qui se répand dans l’espace. L’annonce criarde et désaccordée d’une guitare bottleneck, le dub infra-basse de l’Angleterre Tatchérienne, les fréquences brouillées des voix océaniques. Une histoire rejouée, une géographie chantée par des voix inconnues qui prennent l’océan Atlantique pour la plus ancienne des banlieues.

 

Voyage, voyage donc, tu ne trouveras pas ici de mains fraîches pour te prendre le visage. Commissaire d’exposition, critique et performer, Olivier Marboeuf dirige depuis 2004 l’Espace Khiasma, centre d’art dédié à l’image en mouvement et à la littérature contemporaine. Avec cette première exposition à la galerie Les filles du calvaire, il poursuit un travail autour des pratiques du récit et des formes de transmission en art. Attachées à offrir des relectures de l’histoire contemporaine et notamment coloniale, ses propositions (textes, performances et expositions) se répondent pour composer une vaste narration spéculative où il fait apparaître des figures et surgir des liens inattendus entre culture savante et populaire.

Marie Bouts & Till Roeskens / Un archipel © Photo Éric Simon

Marie Bouts & Till Roeskens / Un archipel © Photo Éric Simon

Christian Marclay  / Guitar Drag © Photo Éric Simon

Christian Marclay / Guitar Drag © Photo Éric Simon

Christian Marclay / Guitar Drag

2000, 14 min / vidéo

Un guitare électrique, traînée par un pick up, hurle sa plainte insupportable. Drag Guitar, œuvre radicale de l’artiste suisse Christian Marclay (né en 1958) rejoue sur un mode grinçant le lynchage d’un Afro-Américain mis à mort dans un Texas en proie au racisme.

Corps dans la crise

L’exposition « Rendez-vous : sortie de mon corps » (Khiasma-Les Lilas, 2013 et Savvy Contemporary-Berlin, 2014) empruntait déjà la trame de la « sorcellerie capitaliste » chère à Isabelle Stengers et François Pignarre (livre paru en 2007 aux Editions La Découverte). « Angels with Dirty Faces » poursuit la recherche d’un nouveau corps contemporain, qui serait le site même des luttes, un corps territoire où s’imprimerait et prendrait forme les conflits, les systèmes et les histoires. Le corps devient alors pour Olivier Marboeuf un espace de lecture, de transmission de récits et de savoirs secrets qui appellent à des situations particulières pour être libérés.

 

L’exposition est ainsi pensée comme un espace rituel et magique, où chaque corps et son histoire produit son propre agencement.

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs

1986, 59 min / Vidéo

La plus emblématique œuvre du Black Audio film Collective fondé notamment par le cinéaste anglais John Akomfrah, est un film manifeste à la puissance dub qui remonte et met en musique des extraits de reportages la BBC pour fabriquer un contre-poison lumineux aux violences raciales des années Tatcher.

Black Audio Collective / Handsworths songs  © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Black Audio Collective / Handsworths songs © Photo Éric Simon

Chants

La lamentation est ici convoquée comme un chant qui accompagne l’effondrement d’un système en crise. Elle n’est en rien cependant une forme de renoncement mais une manière de revitaliser la lutte, de descendre pour mieux revenir, pour se transformer au-delà du désespoir, de la peur et de l’impuissance. Le blues qui sert de trame à Angels with Dirty Faces (titre emprunté au chanteur britannique de trip hop Tricky), n’est donc pas l’évocation d’un chant ou d’une musique en particu- lier mais d’un esprit de survie, de luttes et d’affirmation de son existence. S’il est saisit dans toute la violence de son histoire par l’œuvre de Christian Marclay (Drag Guitar)où l’artiste évoque un lynchage en traînant une guitare avec un pick up sur une route du Texas, il devient un dub angois- sant dans le chef d’œuvre emblématique du Black Audio Film Collective,Handsworth songs et se mue en un souffle vital quand Hiwa K décide de jouer de l’harmonica au cœur de la répres- sion d’une manifestation en Irak. L’exposition des filles du calvaire est ainsi pensée comme une partition musicale et politique qui traverse le corps du visiteur, une invitation à la résistance, un chant de ralliement.

Penny Siopis / Obscure White Messenger © Photo Éric Simon

Penny Siopis / Obscure White Messenger © Photo Éric Simon

Penny Siopis / Obscure White Messenger

2010, 15min / Super 8 transféré en vidéo HD

Le 6 septembre 1966, alors que le Premier Ministre d’Afrique du Sud Hendrik Verwoerd s’apprêtait à prononcer un discours devant la Chambre de l’Assemblée, un messager parlementaire le blessa à mort avec un large couteau de cuisine. Ce messager était Dimitrios Tsafendas. Placé sur liste noire et connut en tant qu’étranger à tendance communiste, Tsafendas n’aurait jamais dû être autorisé à pénétrer sur le territoire sud africain. Métis et apatride, il n’aurait pas non plus dû être nommé messager parlementaire, une position réservée aux sud-africains blancs. Réalisé à partir d’un témoignage de Tsafendas au moment de son procès où il fut jugé fou et de found footages collectés par l’artiste, Obscure White Messenger explore autant l’imaginaire collectif de l’Afrique du Sud, la négation d’un acte politique que la possibilité d’une histoire nationale racontée par un narrateur illégitime.

Samir Ramdani / Black Diamond © Photo Éric Simon

Samir Ramdani / Black Diamond © Photo Éric Simon

Samir Ramdani / Black Diamond © Photo Éric Simon

Samir Ramdani / Black Diamond © Photo Éric Simon

Relectures / narrations spéculative

L’hypothèse d’une transmission par le corps – dans le rituel contemporain de l’émeute - était déjà le point central du texte d’Olivier Marboeuf, « L’émeutier et la sorcière »dont « Angels with Dirty Faces » pourrait être considérée comme une tentative de poursuite. La présente exposition em- prunte ainsi à la musique et au chant leur pouvoir émotionnel et leur potentialité particulière de récit. A l’instar de l’Obscure White Messenger du film de l’artiste sud-africaine Penny Siopis, Olivier Marboeuf introduit un narrateur particulier, figure spéculative aux prises avec des visions qui propose un montage des différents œuvres de l’exposition. Mais comme le Dimitrios Tsafen- das de Siopis, celui-ci se veut parfaitement illégitime et ne saurait induire un sens unique et précis. Il ne fait que porter un chant, une poétique propre à fonder des nouveaux mondes du possible et à répondre sur un mode délirant à la crise et au récit empoisonné de la fin de l’Histoire.

Comme il l’écrit lui-même dans l’exposition : je n’ai pas assez de bouches pour raconter les mondes qui s’agitent devant mes yeux.

Galerie les filles du Calvaires

17 rue des Filles-du-Calvaire

75003 Paris

 

http://www.fillesducalvaire.com

 

Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 18h30

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