Du 4 Mars au 25 Mars 2015
Sur une feuille blanche, un visage est dessiné avec des couleurs tout en nuances, étrangement limpides. Ou devrait-on plutôt dire que des couleurs y sont « posées », dessinant des formes et traits de visage. Mais, en y regardant de plus près, on découvre que ce visage, expressif et joli, est en fait constitué de morceaux de papier colorés, chacun d’entre eux représentant une partie : les yeux, le nez, les lèvres, le menton, les joues, le front, les cheveux...qui ont été découpés dans un magazine.
"Pensées', 2011 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
"Emotion" et "Nos différends", 2011 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
C’est ainsi que Jeong Da-young dépeint ses visages. Ils sont à grande échelle, faisant face au spectateur. Il s’agit en général de portraits de ses proches, mais aussi, parfois, de gens croisés au hasard des rencontres dont elle essaie de cerner la personnalité.
Mais pourquoi le visage ? L’artiste s’était tout d’abord intéressée à la ville, à ses habitants, aux paysages urbains. Cependant, à son arrivée en France, elle s’est soudain sentie jugée du fait de son apparence physique différente de celle des Occidentaux. Et c’est ce sentiment d’être un peu à part qui l’a amenée à s’intéresser à la question de l’identité, notamment à travers l’une de ses composantes essentielles : le visage.
"Visage Surréel", 2015 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
Détail "Visage Surréel", 2015 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
"Décomposition I", 2015 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
L’artiste emploie la technique de photocollage, procédant au préalable à une collecte et à un tri minutieux des images en fonction de leurs couleurs et nuances. Il s’agit là d’un travail très laborieux qu’on pourrait en quelque sorte assimiler à la préparation d’une palette de couleurs. Ce processus prend énormément de temps : trouver des images et des couleurs appropriées, les découper et les tailler finement, assembler et coller ensuite délicatement des petits morceaux fragiles de papier glacé...Tout cela évoque le travail méticuleux du peintre procédant par petites touches de pinceau.
"Quatre Côtés", 2014 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
"Personnage", 2012-2014 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
"Personnage", 2012-2014 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
L’effacement et la déconstruction du visage, font partie du processus créatif de l’artiste. En effet, le visage représenté, composé d’éléments fragmentaires, n’est pas vraiment visible si on le regarde de trop près ; il n’apparaît clairement que lorsqu’on s’en éloigne. Les portraits de Jeong Da-young nous interrogent sur l’aspect relationnel des rapports humains, la complexité des individus et de leurs rôles sociaux, ainsi que sur l’écart existant entre leur vraie nature et leur apparence.
"Personnage", 2012-2014 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
Détail "Personnage", 2012-2014 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
"Personnage II", 2012 de Jeong Da-Joung © Photo Éric Simon
Née en 1988 à Séoul, Jeong Da-young étudie d’abord la peinture occidentale et la littérature française à l’Université Sungkyunkwan de Séoul. Puis, arrivée en 2011 en France, elle poursuit ses études en Arts de l’image et du vivant à l’Université Paris I. Elle prépare actuellement sa participation à l’édition 2015 du Festival « Ici et demain », organisé par la Mairie de Paris.