Du 11 juillet au 15 novembre 2015
Théâtre d’une extraordinaire vitalité culturelle, la République démocratique du Congo est mise à l’honneur dans l’exposition Beauté Congo — 1926-2015 — Congo Kitoko présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain avec André Magnin, en tant que commissaire général.
"Sans titre", 1929 d'Albert LUBAKI © Photo Éric Simon
La peinture moderne au Congo dans les années 1920
Prenant pour point de départ la naissance de la peinture moderne au Congo dans les années 1920, cette exposition audacieuse retrace près d’un siècle de production artistique congolaise. Si la peinture est au cœur de l’exposition, la musique, la sculpture, la photographie et la bande dessinée y ont aussi leur place et offrent au public l’opportunité unique de découvrir la diversité et la vivacité de la scène artistique de ce pays.
"Sans titre", 1950 de Pili Pili MULONGOY © Photo Éric Simon
"Sans titre", 1950 de Bela SARA © Photo Éric Simon
"Sans titre", 1950 de Bela SARA © Photo Éric Simon
Les artistes précurseurs
Dès la fin des années 1920, alors que le Congo est encore une colonie belge, les artistes « précurseurs » Albert et Antoinette Lubaki et Djilatendo livrent les premières œuvres sur papier connues, écrivant ainsi les prémices de l’histoire de l’art moderne congolais. Souvent figuratives, parfois abstraites, leurs œuvres traitent avec poésie de thèmes liés à la nature, à la vie quotidien- ne, aux fables locales et aux rêves.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Français Pierre Romain-Desfossés s’installe à Élisabeth- ville et fonde l’Atelier du Hangar. Au sein de cette école de peinture qui restera ouverte jusqu’à la mort de son créateur en 1954, les artistes Bela Sara, Mwenze Kibwanga et Pili Pili Mulongoy apprennent à laisser libre cours à leur imagination et créent, dans des styles propres d’une étonnante inventivité, des œuvres lumineuses et jubilatoires.
"Sans titre", 1958 de Jean Bosco KAMBA © Photo Éric Simon
"Kalala Ilunga, le fondateur du royaume LUBA", 1974 de Mode MUNTU © Photo Éric Simon
"Trio madjesi, 8 ème round", 1975 de MOKE © Photo Éric Simon
"Zeka bar", 1983 de MOKE © Photo Éric Simon
"Skol primus", 1991 de MOKE © Photo Éric Simon
"Sans titre (Auto portrait)", 2000 de MOKE © Photo Éric Simon
"Draughtsman Cheri SAMBA", 1981 de Cheri SAMBA © Photo Éric Simon
"Femme surchargées", 2005 de Pierre BODO © Photo Éric Simon
"Les nouveaux maîtres du monde", 2008 de Cheri CHERIN © Photo Éric Simon
"Little Kadogo - I am for peace, that is why i like weapons", 2004 de Cheri SAMBA © Photo Éric Simon
"Un veil enfant", 2010 de Cheri SAMBA © Photo Éric Simon
Les artistes populaires
Vingt ans plus tard, l’exposition Art partout présentée à Kinshasa (1978) révèle au grand public de nombreux artistes se proclamant « artistes populaires ».
Fascinés par l’environnement urbain et soucieux de la mémoire collective, Chéri Samba, Chéri Chérin et Moke produisent une nouvelle forme de peinture figurative s’inspirant d’événements quotidiens, politiques et sociaux, dans laquelle toute la population se reconnaît. Papa Mfumu’eto a lui aussi exploré la vie quotidienne et les combats ordinaires dans ses créations prolifiques de bande dessinée dont la diffusion a connu un franc succès à Kinshasa dans les années 1990.
Un courant que perpétuent aujourd’hui de jeunes artistes connectés à l’actualité mondiale comme J.-P. Mika ou Monsengo Shula.
"Mopanzi star", 2011 de Pierre BODO © Photo Éric Simon
"Afrique de demain", 2011 de Pierre BODO © Photo Éric Simon
"La nostalgie", 2014 de JP MIKA
"Le trio du 6 ème continent", 2014 de Monsengo SHULA © Photo Éric Simon
"Roi satellite", 2011 de Monsengo SHULA © Photo Éric Simon
"SETE 3009" de Bodys Isek Kingelez © Photo Éric Simon
Video "Entretien avec Rigobert NIMI Sculpteur" © Photo Éric Simon
À partir des années 1980
Des sculpteurs inventifs comme Bodys Isek Kingelez et Rigobert Nimi repensent la cohésion sociale dans des maquettes architecturales de villes rêvées et utopiques ou d’usines robotisées. L’art est pour eux un vecteur de renouveau individuel qui participe de l’avenir meilleur du collectif.
"SETE 3009" de Bodys Isek Kingelez © Photo Éric Simon
"Sans titre, Série It's my Kings", 2012 de Pathy TSHINDELE © Photo Éric Simon
"Sans titre, Série It's my Kings", 2012 de Pathy TSHINDELE © Photo Éric Simon
Au début des années 2000
Une nouvelle génération d’artistes s’affranchit des principes de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa. Les membres fondateurs du collectif Eza Possibles, Pathy Tshindele et Kura Shomali, affirment ainsi la vitalité de la création contemporaine et surprennent avec leurs peintures, leurs collages et leur esprit critique.
"Rester, Série Un regard", 2011 de Steve BANDOMA © Photo Éric Simon
La photographie
Illustrant le dynamisme de la vie à Kinshasa après l’indépendance du Congo, le travail de photographes tels que Jean Depara et Ambroise Ngaimoko du Studio 3Z est également présenté dans l’exposition. Photographe attitré du célèbre musicien Franco, Jean Depara est le reporter de l’extravagance des fêtes et des nuits kinoises dans les années 1950 et 1960.
Ambroise Ngaimoko se concentre quant à lui sur le monde de la Sape (la Société des ambianceurs et des personnes élégantes) et du culturisme, et capture l’allure et l’énergie de la jeunesse kinoise dans les années 1970.
"Avancer, Série Un regard", 2011 de Steve BANDOMA © Photo Éric Simon
"Groupe d'hommes Warna sur fond d'aquarelle de Dardenne, Série CONGO Far West", 2011 de Sammy BALOJI © Photo Éric Simon
La musique, Le jazz, la soul, le rap et la dance music
Le dynamisme artistique du Congo tient également beaucoup à l’omniprésence de la musique dans la vie urbaine. L’industrie musicale congolaise s’est développée durant l’âge d’or de la rumba au début des années 1950 mais, si elle a eu une grande influence dans l’Afrique Subsa- harienne, cette musique urbaine est presque inconnue sur d’autres continents. Facette essen- tielle de l’esprit créatif du Congo, elle est tour à tour jazz, soul, rap et dance music populaire, et ponctuera l’exposition en des moments clefs, comme dans un dialogue avec les œuvres d’art. Les visiteurs seront notamment invités à écouter la sélection musicale de Vincent Kenis (Crammed Discs) compilée en collaboration avec Césarine Boyla : des chansons du grand Franco et de son groupe OK Jazz, la douce voix de Tabu Ley Rochereau, l’émouvant Mbilia Bel, Papa Wemba le sapeur et l’éclectique Trio Madjesi. Le duo présentera également Ndule Ya Kala, son documentaire inédit composé d’une série d’interviews spontanées de figures qui ont joué un rôle direct ou indirect sur la scène musicale de Kinshasa dans les années 1960.
"Sans titre", 2009 de Pathy TSCHINDELE © Photo Éric Simon
Engagement de la Fondation Cartier envers l’art contemporain
Témoignage de l’engagement de la Fondation Cartier envers l’art contemporain africain, Beauté Congo — 1926- 2015 — Congo Kitoko s’inscrit dans la continuité de précédentes expositions de la Fondation ayant accueilli des artistes congolais notamment les expositions individuelles Bodys Isek Kingelez (1999) et J’aime Chéri Samba (2004) ainsi que les expositions collectives Un Art populaire (2001) et Histoires de voir, Show and Tell (2012).
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, boulevard Raspail
75014 Paris
www.fondation.cartier.com
Horaires d'ouverture: Tous les jours sauf le lundi de 11h à 20h
Nocturne les mardis jusqu’à 22h