Du 5 Septembre au 17 Octobre 2015
Depuis le début des années 1980, Marc Desgrandchamps construit par étapes une œuvre qu’il définit lui-même comme un « développement » et citant le philosophe Althusser, il le désigne comme « un processus sans sujet ni fin ».
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
Peintre figuratif, on relève à ses débuts l’impact des fondateurs de l’art moderne : Picasso, Malevitch, Beckmann, les surréalistes. Plus tard, on peut aussi citer certains représentants de la peinture américaine. Ainsi Barnett Newman et son fameux zip lorsque Desgrandchamps représente une profonde tranchée dans le sol ou qu’il dresse des troncs ou des poteaux traversant le tableau d’un bord à l’autre, ou bien Philip Guston et ses formes oblongues pour les avions qui survolent certains paysages habités (ou non). D’autres sources procèdent par « incorporation » : ici le fragment d’un tableau de Poussin, ou du Titien ou une figure empruntée aux fresques ou aux stèles antiques de Pompéi (De là vient, par exemple, le thème récurrent de la Gradiva, « celle qui marche »). Ce peut être aussi le plan séquence d’un film d’Antonioni (Blow Up, 1966) ou de Stanley Kramer (Le Dernier Rivage, 1959).
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
Dans les tableaux de Marc Desgrandchamps on passe aisément de la statue à la figure humaine comme dans le documentaire de Chris Marker Les Statues Meurent Aussi (1953). Passage quasi « anthropologique », voire mystérieux : Un tableau représente une figure dont le corps est en partie dissimulé dans la masse d’un cactus ; dans un autre, la figure se coule dans l’effigie d’un masque de tragédie grecque.
Plus que la description d’une scène précise, le jeu des transparences, l’apparition d’objets ou de situations inattendues, donnent à ce qui pourrait être une représentation exacte un caractère fantastique. Certains détails dans ses tableaux sont révélateurs comme cette façon particulière qu’ont ses figures de poser le pied sur le sol ou encore le fait que les ombres y sont parfois plus appuyées que les figures qui les portent - celles-ci se résumant essentiellement à des attitudes - ou qu’elles apparaissent parfois en négatif telles des "ombres blanches". C’est finalement le tableau et lui seul qui relève du réel. Ce que Desgrandchamps veut signifier c’est qu’il peint vrai comme on dit : « il dit vrai ».
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
Un tableau emblématique de cette présente exposition : Des rideaux flottent au vent, mais la scène n’est idyllique qu’en apparence, car le paysage à peine voilé – celui d’une centrale atomique sur le Rhône – est finalement le tableau d’une « menace à peine voilée ». Une menace pas du tout extraordinaire, au sens où l’on a ordinairement maintes occasions de frôler la mort, c’est-à-dire sans même parfois s’en apercevoir. Bernard Zürcher
"Sans titre", 2015 de Marc Desgrandchamps. Galerie Zürcher Paris © Photo Éric Simon
Marc Desgrandchamps est né en 1960 à Sallanches (Hte Savoie). Il a bénéficié à l’âge de 50 ans de deux expositions personnelles à Paris dans les deux musées d’Art moderne : Le Musée national d’Art moderne, Centre Georges Pompidou en 2006 (catalogue) et le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2011 (catalogue). Ses œuvres ont été acquises par plus de 25 collections publiques et fondations privées en France et à l’étranger.