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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

16 Oct

Expo Collective Contemporaine: "Cosmos\Intime" La collection Takahashi

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Collective Contemporaine

Expo Collective Contemporaine: "Cosmos\Intime"  La collection Takahashi

Du 7 octobre 2015 au 23 janvier 2016

 

Le psychiatre Ryûtarô Takahashi est l’un des plus influents collectionneurs d’art au Japon. Les 2000 oeuvres qu’il a acquises depuis 1997 composent une collection reflétant les tendances et évolutions de l’art japonais de ces trente dernières années.

 

L’exposition Cosmos \ Intime – La collection Takahashi est un véritable évènement puisque c’est la première fois qu’une quarantaine d’oeuvres de cette collection incomparable est présentée hors du Japon. Parmi les 23 artistes de cette sélection effectuée en collaboration avec Ryûtarô Takahashi figurent des stars internationales telles que Yayoi Kusama, Yoshitomo Nara ou Makoto Aida, ainsi que de nombreux représentants de la génération née après les années 60.

"Direction#116, Direction #117, Direction#118", 2014 de Kôhei NAWA © Photo Éric Simon

"Direction#116, Direction #117, Direction#118", 2014 de Kôhei NAWA © Photo Éric Simon

"Le courrier", 2013 de Aiko MIYANAGA © Photo Éric Simon

"Le courrier", 2013 de Aiko MIYANAGA © Photo Éric Simon

"Le courrier", 2013 de Aiko MIYANAGA © Photo Éric Simon

"Le courrier", 2013 de Aiko MIYANAGA © Photo Éric Simon

Lorsqu’il commence sa collection dans les années 90, Ryûtarô Takahashi n’a pas de critères de choix clairement déterminés. Ses premiers achats sont des toiles de Kusama, idole psychédélique de sa jeunesse, mais aussi du sulfureux Makoto Aida.

Ses goûts se portent sur la jeune création à une époque où les musées de l’archipel, confrontés à la récession économique, s’en désintéressent. Takahashi affirme que les Japonais nés après les années 60, bien qu’arrivés à l’âge adulte, sont encore socialement immatures, ont une sensibilité à fleur de peau, et sont incapables de dépasser le cadre d’une réflexion autocentrée. Autant de traits de caractère qui, selon le psychiatre, imprègnent fortement les créations des artistes de cette génération, majoritairement représentés dans sa collection.

 

"Candy blue night", 2001 de Yoshitomo NARA © Photo Éric Simon

"Candy blue night", 2001 de Yoshitomo NARA © Photo Éric Simon

"Dans la profonde flaque II", 1995 de Yoshitomo NARA © Photo Éric Simon

"Dans la profonde flaque II", 1995 de Yoshitomo NARA © Photo Éric Simon

" Sans titre", 2009 de Izumi KATÔ © Photo Éric Simon

" Sans titre", 2009 de Izumi KATÔ © Photo Éric Simon

" Sans titre", 2007 de Izumi KATÔ © Photo Éric Simon

" Sans titre", 2007 de Izumi KATÔ © Photo Éric Simon

"Chapitre quatre (Retour-Sirius Odyssey)", 2004 de Tomoko KÔNOIKE © Photo Éric Simon

"Chapitre quatre (Retour-Sirius Odyssey)", 2004 de Tomoko KÔNOIKE © Photo Éric Simon

Toujours selon Takahashi, « la scène artistique japonaise contemporaine, avec face à elle le miroir de l’art européen et derrière elle une tradition millénaire, se situe à égale distance de ces deux miroirs ». La plupart des artistes de l’exposition Cosmos \ Intime n’ont pas conscience de refléter dans leurs oeuvres des traditions ou des particularismes japonais ; ils ne cherchent pas non plus à se rallier à un style occidental.Leurs aînés, à commencer par Murakami, incarnaient les malaises sociaux du Japon d’après l’éclatement de la bulle financière des années 90. Eux s’attachent à développer un univers basé sur l’observation minutieuse de situations de leur quotidien, d’expériences très personnelles.

Leurs oeuvres ouvrent cependant un passage vers le dehors, vers le monde illimité qui s’étend au-delà. Elles attestent que l’exploration de soi poussée à l’extrême est de même nature que l’immensité du monde. L’intime ouvre sur le cosmos.

"Slow Glass #065", 2001 de Naoya HATAKEYAMA © Photo Éric Simon

"Slow Glass #065", 2001 de Naoya HATAKEYAMA © Photo Éric Simon

"Slow Glass #021", 2001 de Naoya HATAKEYAMA © Photo Éric Simon

"Slow Glass #021", 2001 de Naoya HATAKEYAMA © Photo Éric Simon

"Fingerspanner", 1998 de Motohiko ODANI © Photo Éric Simon

"Fingerspanner", 1998 de Motohiko ODANI © Photo Éric Simon

"Connaissances et inconnus montant des machines à Aet à W", 2007 de Kei TAKEMURA © Photo Éric Simon

"Connaissances et inconnus montant des machines à Aet à W", 2007 de Kei TAKEMURA © Photo Éric Simon

RÉFLEXIONS DE RYÛTARÔ TAKAHASHI SUR QUELQUES OEUVRES EXPOSÉES

 

Depuis plusieurs années déjà, Tomoko Shioyasu se sert de grandes feuilles de papier synthé- tique qu’elle perce de petits trous, obtenant ainsi des motifs variés. Sous l’effet d’une source lumineuse les ombres font émerger un immense cosmos, où règne – ce qui émane également de l’œuvre présentée ici – un climat de tristesse, de solitude.

Cette solitude fait songer à celle de notre Terre ou plutôt de la Voie lactée flottant, comme délais- sée, au sein de l’infini – matérialisant ainsi la présence de l’« isolement » dont parle le philoso- phe Daisetsu Suzuki (1870-1966). Ce qu’il faut retenir avant tout de ce travail de Shioyasu c’est sa structure fractale. Car ces images fractales confèrent à l’œuvre sa dynamique, et en nous suggérant que « L’Un inclut l’Infini ; l’Infini inclut l’Un », semblent correspondre au thème philosophique cher à Daisetsu : « L’Un, c’est le Multiple ; le Multiple, c’est l’Un ». Le thème des « extraterrestres » est souvent associé aux travaux d’Izumi Katô, mais en ce qui me concerne, j’y verrais plutôt des images de foetus. Le terme « néoténie » désigne, en biologie du dévelop- pement, le fait d’atteindre la maturité sexuelle tout en conservant cet état de foetus.

 

Ceux que peint Katô expriment le trouble du l’espèce humaine, désorientée d’être sujette à un tel phénomène. Dans le mélange d’inquiétude et de fragilité qui en découle, nous pouvons déjà nous représenter ce que seront les hommes du futur. Et prendre conscience qu’avec notre inachèvement, mais aussi avec la seule arme que nous nous sommes donnée au fil des siècles :la force, nous nous métamorphosons peu à peu en êtres inquiétants.

Détail de la fresque  "Panique", 2009 de Mikiko KUMAZAWA © Photo Éric Simon

Détail de la fresque "Panique", 2009 de Mikiko KUMAZAWA © Photo Éric Simon

Détail de la fresque  "Panique", 2009 de Mikiko KUMAZAWA © Photo Éric Simon

Détail de la fresque "Panique", 2009 de Mikiko KUMAZAWA © Photo Éric Simon

"Chaine Alimentaire Star Wars", 2008 de Erina MATSUI © Photo Éric Simon

"Chaine Alimentaire Star Wars", 2008 de Erina MATSUI © Photo Éric Simon

Détail "Chaine Alimentaire Star Wars", 2008 de Erina MATSUI © Photo Éric Simon

Détail "Chaine Alimentaire Star Wars", 2008 de Erina MATSUI © Photo Éric Simon

"Le Visiteur"de Kumi MACHIDA © Photo Éric Simon

"Le Visiteur"de Kumi MACHIDA © Photo Éric Simon

"Light in the Forest", 2003 de Kyôko MURASE © Photo Éric Simon

"Light in the Forest", 2003 de Kyôko MURASE © Photo Éric Simon

Fleurs de cerisiers voltigeantdans l’air (Mika Ninagawa), gouttesd’eau sur les vitres d’une voiture (Naoya Hatakeyama), naphtaline en plein processus de sublimation(Aiko Miyanaga), empreintes de roues sur le sable d’une plage (Lieko Shiga), lumière réverbérée par des réflec- teurs (Hiraku Suzuki)…

Les jeunes artistes présentés dans cette expositionmanifestent, chacun à sa manière,un attachement obstiné à la beauté de l’instant, et surtout le désir, avec le fragile, l’éphémère, tout cequi est voué à disparaître en un clin d’oeil, de « faire oeuvre ».

 

Nous retrouvons donc dans l’art contemporain le wabi, le sabi, l’absence d’équilibre, le goût de l’isolement, l’amour de l’imperfection…bref, cette tradition artistique propre au Japon, si bien analysée par Daisetsu Suzuki, et encore vivante aujourd’hui. Il semble qu’il y ait en nous une fascination pour le moment où les fleurs de cerisiers, les feuilles d’érable dans leur splendeur, com- mencent à s’éparpiller et même une attirance pour les traces qu’ils laissent une fois tombés au sol. Pour me résumer en quelques mots, je dirais que nous, les Japonais, formons un peuple qui, de tout temps, a toujours préféré la lune au soleil. C’est la sensation de l’absence qui nourrit notre imaginaire artistique.

Centre Culturel du Japon

101 bis, quai Branly

 75015 Paris

 

http://www.mcjp.fr/

 

Horaires d’ouver­ture: Du mardi au samedi de 12h à 20h.

Fermé les diman­ches, lundis et jours fériés

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