Du 20 octobre 2015 au 24 janvier 2016
Le photographe Philippe Halsman (Riga, Lettonie, 1906 - New York, 1979) mène pendant une quarantaine d'années une carrière exemplaire, depuis ses débuts à Paris dans les années 1930, jusqu'à l'immense succès de son studio new-yorkais entre 1940 et 1970. En 1979, Une rétrospective majeure ouvre au Centre International de la Photographie à New York. Le 25 juin de cette même année, Philippe Halsman décède à New York.
"Autoportrait", 1950 de Philippe Halsman
"Vue de Paris", 1931-1935 de Philippe Halsman
À Paris, puis à New-York, Philippe Halsman collabore à de nombreux magazines, Vogue, Vu, Voilà..., et Life dont il réalisera 101 couvertures. En France puis aux États-Unis, il réalise des portraits de nombreuses personnalités comme Marc Chagall, Le Corbusier, Gide, André Malraux, Marylin Monroe, Rita Hayworth, Duke Ellington, Les Windsor, Richard Nixon, Albert Einstein...
"André Malraux", 1934 de Philippe Halsman
"Audrey Hepburn", 1955 de Philippe Halsman
Loin d’être uniquement un photographe de célébrités, il n’aura de cesse d’expérimenter et de repousser les limites de son médium ; sa photographie se caractérise par une approche directe, une parfaite maîtrise technique et un soin du détail. Son activité couvre des champs aussi variés que le portrait, la mode, le reportage, les commandes privées et institutionnelles ou bien encore des projets personnels: il collabore notamment pendant plus de 30 ans avec Salvador Dalí et invente la "jumpology", qui consiste à photographier des personnalités en train de sauter, offrant ainsi un portrait plus naturel et spontané de ses sujets.
"Dean Martin et Jerry Lewis", 1951 de Philippe Halsman
"Marilyn Monroe et Philippe Halsman", 1959
Au final, près de 300 images exclusives et documents originaux (planches et tirages par contact, épreuves préliminaires, photomontages, originaux et maquettes) sont présentés pour cette expo- sition rétrospective, apportant un éclairage unique sur l’œuvre et le processus d’un photographe exceptionnel et atypique.
"Ruth Haurwitz", 1937 de Philippe Halsman
"Expérimentation pour un portrait de femme", 1940 de Philippe Halsman
LE PARCOURS
L’EXPOSITION PHILIPPE HALSMAN, ÉTONNEZ-MOI ! EST DIVISÉE EN QUATRE SECTIONS QUI ILLUSTRENT DES PÉRIODES, DES COLLABORATIONS OU DES THÉMATIQUES MARQUANTES DE L’OEUVRE ET DE LA VIE DU PHOTOGRAPHE : PARIS ANNÉES 1930, PORTRAITS, MISES EN SCÈNE ET HALSMAN/DALÍ.
Paris, années 1930
Philippe Halsman naît à Riga en Lettonie en 1906. L’année de ses 22 ans, son père meurt dans un accident de randonnée dans le Tyrol autrichien et Philippe Halsman est condamné à tort pour son meurtre, dans un climat fortement antisémite. Il est libéré grâce à l'intervention de sa soeur qui organisa le soutien d'intellectuels européens éminents qui confirmèrent son innocence.
Il part pour Paris où il entame sa carrière de photographe. Il explore différents genres, comme le portrait, les vues de Paris, le nu et la mode.
"Muhammad Ali (né Cassius Clay)", 1963 de Philippe Halsman
Son travail sera notamment exposé trois fois à la galerie de la Pléiade, célèbre lieu de l’avant- garde où des artistes comme Man Ray, André Kertész et Brassaï ont présenté leurs oeuvres. Il photographie de nombreuses personnalités, surtout du milieu artistique, et semble bénéficier du soutien ou de l’influence d’André Gide, le premier personnage célèbre dont il fait le portrait.
Halsman va rapidement diversifier sa production et profiter de deux nouveaux marchés en plein essor: les magazines et la publicité. Il couvre un champ étendu de sujets (mode, beauté avec une spécialisation dans la coiffure, objets, reportages sur l’actualité du divertissement) et travaille pour les plus grands magazines de l’époque : Journal des Modes, Vogue, Harper’s Bazaar, Voilà, Le Monde illustré, VU, Visages du Monde et le quotidien Le Journal.
"William Buckley Jr", 1967 de Philippe Halsman
Photographe autodidacte, Halsman développe une importante culture visuelle et s’inspire des différentes techniques et esthétiques de la période telles que la Nouvelle Vision. Son studio est le lieu de prédilection pour ses explorations. Il travaille l’éclairage électrique et des cadrages serrés pour créer des effets.
Halsman développe aussi un registre d’images riche et varié emprunté au mouvement surréaliste. Ne pouvant pas dans un premier temps fuir Paris en guerre, Halsman reçoit finalement en 1940 un visa d’urgence pour les États-Unis grâce à une lettre d’Albert Einstein à Eleanor Roosevelt, et peut rejoindre à New York sa famille partie six mois plus tôt.
"Marilyn Monroe", 1952 de Philippe Halsman
"Marilyn Monroe dans son appartement", 1952 de Philippe Halsman
Portraits
Maître de l’approche directe, Philippe Halsman expérimente également un large panel de techniques pour capturer l’essence de ses sujets et exprimer leur individualité. Nombre de ses portraits sont devenus des icônes, avec notamment ses 101 couvertures du magazine LIFE.
Conscient de l’effet que produit l’objectif sur ses sujets, Halsman préfère travailler dans un cadre intimiste avec des séances de pose de courte durée afin de les mettre à l’aise.
Ses portraits se caractérisent par l’importance accordée aux détails et cette recherche de « naturel » dans les expressions. À New York, Halsman acquiert rapidement une notoriété dans ce domaine et réalise de nombreux portraits de personnalités pour des magazines
tels que LIFE, le TV Guide, et le Saturday Evening Post, ainsi que les images promotionnelles pour les couvertures de livres, le cinéma ou les campagnes électorales.
Si Halsman défend une approche « psychologique », son répertoire est très varié.
Il s’intéresse aux innovations techniques et acquiert un important équipement photographique tel que la lumière stroboscopique. À partir des années 1960, il intègre les codes littéraux et idéogra-phiques du message publicitaire et développe une large palette d’effets pour créer des portraits qui se distinguent par l’immédiateté de leur lecture.
"Marilyn Monroe", 1956 de Philippe Halsman
"Couverture du magazine LIFE avec le portrait de Marilyne Monroe en train de sauter", 1949 de Philippe Halsman
Si Halsman défend une approche « psychologique », son répertoire est très varié.
Il s’intéresse aux innovations techniques et acquiert un important équipement photographique tel que la lumière stroboscopique. À partir des années 1960, il intègre les codes littéraux et idéographiques du message publicitaire et développe une large palette d’effets pour créer des portraits qui se distinguent par l’immédiateté de leur lecture.
"Louis Armstrong", 1966 de Philippe Halsman
"Portrait d’Alfred Hitchcock pour la promotion du film Les Oiseaux", 1962 de Philippe Halsman
Mises en scene
Philippe Halsman a réalisé de nombreux reportages photographiques de la scène artistique contemporaine pour les magazines. Sa collaboration avec les artistes l’inspire largement, donnant notamment naissance aux « picture stories », à des scénarios fictifs et à des images frappantes. Philippe Halsman a toujours présenté la photographie comme un formidable outil pour donner libre cours à son imagination.
"Angelic Huston", 1968 de Philippe Halsman
"Andy Warhol", 1968 de Philippe Halsman
Tout au long de sa carrière, il cherche à créer des photographies « plus saisissantes et origi- nales ». Au début des années 1950, la photographie et la presse sont concurrencées par un nouveau média de masse, la télévision. Halsman prône alors une démarche créative, propre à la photographie, pour défendre la profession.
Il y consacre d’ailleurs un ouvrage publié en 1961, Halsman on the Creation of Photographic Ideas. Photographe opérant dans le milieu des arts et du spectacle, il bénéficie d’un cadre idéal pour développer cette approche.
"Jean Cocteau, l’artiste multidisciplinaire", 1949 de Philippe Halsman
Ses travaux de commande tels que sa série avec Jean Cocteau ou ses reportages de perfor- mances artistiques sont l’occasion de développer de véritables mises en scènes.
Halsman intervient dans la conception des images et choisit des décors ou des angles de prises de vue originaux pour créer des images étonnantes.
"Fernandel", 1948 the frenchman de Philippe Halsman
"Fernandel", 1948 the frenchman de Philippe Halsman
C’est surtout dans son travail personnel que Halsman, participe à la promotion d’une photogra- phie plus créative. Il peut ainsi donner libre cours à son goût pour l’humour comme dans ses séries d’expressions réalisées avec des acteurs. Halsman innove avec en particulier deux projets qui vont influencer la production contemporaine. En 1949, ,il crée un nouveau genre éditorial, le « picture book » réalisé en collaboration avec l’acteur Fernandel, et dans les années 1950, il crée la « jumpology » associant son goût pour la mise en scène et le divertissement à son métier de portraitiste.
"Plantées comme deux sentinelles, mes moustaches défendent l’entrée de ma personne" Dalí’s Mustache, 1954 de Philippe Halsman
"Crâne de Léopard", 1951 de Philippe Halsman
"Tête sur table (Variante)", 1943 de Philippe Halsman
Halsman/Dalí
Un des sujets préférés de Halsman est Salvador Dalí, avec qui il partage une collaboration unique pendant 37 ans. Leurs 47 séances, associant le talent de Dalí pour la performance et les aptitudes techniques de Halsman, donnent naissance à un impressionnant répertoire d’« idées photographiques ».
Philippe Halsman et Salvador Dalí profitent mutuellement de leurs talents respectifs : le photo- graphe professionnel est spécialisé dans le portrait et la publicité ; l’artiste fait de ses portraits photographiques sa principale publicité. Halsman devient l’un des photographes les plus popu- laires aux États-Unis ; Dalí voit son talent consacré par ses ventes nombreuses et importantes.
"Dalí Atomicus", 1948 de Philippe Halsman
"Dalí Atomicus", 1948 de Philippe Halsman
"Dalí en Cyclope" Dalí’s Mustache (couverture), 1949 de Philippe Halsman
Leur collaboration repose sur une complicité intellectuelle cimentée par de nombreux points communs :enfance et formation dans l’Europe du début du XXe siècle et dans le même milieu culturel et social ; attrait pour Paris, son art et son sens de l’élégance ; constante soif de lectu- re; fort intérêt pour les découvertes de la psychanalyse; attention extrême portée au symbolisme des détail; fuite devant la guerre et départ pour les États-Unis en 1940; jonglage entre plusieurs langues; sens de l’humour potache et ironie cinglante.
Les Archives Philippe Halsman conser- vent plus de 550 images réalisées au cours de 47 séances avec Salvador Dalí, révélant leur fine compréhension des possibilités offertes par l’image photographique au XXe siècle.
En agrémentant la culture visuelle dont ils se sont nourris en Europe avec des archétypes de la société américaine populaire, ils réalisent des photographies qui témoignent de l’intrication croissante entre art et consommation, fantasme et réalité.
"Le Bandit Borgne", 1966 de Philippe Halsman
Le Jeu de Paume
1 Place de la Concorde,
Fr- 75008 PARIS
http://www.jeudepaume.org/
Horaires d'ouverture: Mardi (nocturne) de 11h à 21h et du Mercredi au dimanche de 11h à 19h • Fermeture le lundi