"Shell-rosybrown-red-", 2015 de ZEVS
Du 16 octobre au 14 novembre 2015
Aguirre Schwarz alias Zevs serait-il atteint d’un dédoublement de la personnalité́ ? Plasticien le jour, street-artiste la nuit ? En fait, la frontière qui sépare les deux activités de ce créateur à double détente reste poreuse. D’où̀ la singularité́ de son travail de peintre nourri autant par sa connaissance de l’art moderne et contemporain que par son expérience sur le terrain. Schwarz observe. Zevs agit.
Et Aguirre Schwarz, alias Zevs, signe, aujourd’hui, une série de tableaux atypiques intitulés « Oïl painting LSD », traversées par une poésie froide et nimbée d’une tension électrique. Des toiles riches du métier de peintre et d’un esprit critique et frondeur.
Des œuvres dans lesquelles on repère les signes de son vocabulaire graphique fait d’emprunts et de détournements, son gout des images puissantes, son amour des films noirs, son attachement au Pop’art et à la bande dessinée, et son attitude engagée. Il déclare : «l’écologie est au cœur de ce nouveau travail. Mais c'est de la peinture, pas de la politique. Le travail de l'homme sur terre se prolonge ici dans un travail de la peinture sur toile ».
"Mobil-blue-green", 2015 de ZEVS
"Petrochina", 2015 de ZEVS
Dans le civil, Aguirre Schwarz, qui a vu le jour en France l’année d’ouverture du Centre Georges Pompidou en 1977. Schwarz connait les procédures qui font le sel de l’art contemporain, appropriation, détournement, hybridation, etc. Zevs s’en empare et devient un des street-artistes les plus inventifs de sa génération. En conjuguant son « œil » d’amateur d’art et sa culture contestataire, il renouvelle la pratique de l’intervention urbaine.
« Liquider les logos », à prendre au pied de la lettre, s’inscrit dans cette continuité́ mais sonne le retour à̀ la peinture : cette fois, le « pubkiller » s’attaque à la globalisation et s’en prend aux logos des marques internationales, à leur puissance graphique et émotionnelle, à leur omniprésence planétaire à travers une intervention plastique originale.
"Statoil-grey-green", 2015 de ZEVS
"Exxonmobil", 2015 de ZEVS
"Petrobras", 2015 de ZEVS
Aguirre Schwarz crée, alors, des compositions picturales qui renvoient, entre autres, aux marées noires polluantes et destructrices de richesses naturelles. Les temps ont bien changé : l’or noir, eldorado du futur qui inspira à Hergé́ l’un de ses meilleurs albums, n’apparait plus comme la panacée d’un bonheur beat.
Et, dans cette dernière série d’œuvres judicieusement intitulée « Oil painting LSD » et déclinées sous différents contrastes de couleurs, les logos des géants du pétrole se diluent
Comme une marée noire dans l’eau de la piscine d’une maison à l’architecture au cordeau. Les tons acidulés renvoient à la vision hallucinante sous prise de drogue, et aussi à la période insouciante de la culture Pop attachée à l’essor de la société́ de consommation. Ici, Aguirre Schwarz inscrit son forfait dans le décor idéal de l’American Way of life, celui du fameux « Bigger splash », tableau réalisé en 1967 par l’artiste britannique David Hockney qui s’était lui-même inspiré d’une publicité́. La boucle est bouclée. Aguirre Schwarz, le peintre en retrait, avait laissé́ Zevs, le street artiste sur le devant de la scène. Aujourd’hui il a repris la main. Et désormais, ils ne font plus qu’un.
(Extraits de textes de Judicaël Labrador et Elisabeth Couturier, a paraitre dans le catalogue de l’exposition.)
Galerie Marcel STROUK - Rive Gauche
23 rue de Seine
75006 Paris
http://www.galerie-strouk.fr
La galerie est ouverte du mardi au samedi, de 11h à 19h.