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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

02 Dec

Expo Solo Show: Julian SCHNABEL Jack Climbed Up the Beanstalk to the Sky of Illimitableness Where Everything Went Backwards

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Exposition solo show, #Expo Peinture Contemporaine

Du 19 Octobre au 19 Décembre 2015

 

Aujourd’hui, à Paris, c’est d’une renaissance dont il s’agit : la présentation d’un ensemble de douze pièces de Julian Schnabel à la Galerie Almine Rech est en effet un événement.

L’œuvre centrale de l’exposition est Virtue (1986), montrée pour la première fois lors de la Bien- nale du Whitney en 1987 – six années auront été nécessaires après l’exposition à la Royal Aca- demy pour que l’artiste soit enfin pleinement reconnu par le monde de l’art à New York, où il vit.

 

Lors de cette Biennale du Whitney, Virtue (1986) n’avait pas laissé les critiques indifférents. Organisée par Richard Amstrong, Richard Marshall et Lisa Phillips, l’exposition qui réunissait également Equilibrium, l’aquarium avec des ballons de basket et l’immaculé Bunny en acier inoxydable de Jeff Koons (une autre personnalité controversée) a offert à l’artiste son premier événement new-yorkais d’importance dans une institution.

"Virtue", 1986 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech  © Photo Éric Simon

"Virtue", 1986 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech © Photo Éric Simon

Grande, impressionnante, Virtue est une œuvre réalisée à partir d’une bâche décrépite d’un brun olive, rehaussée d’une bannière sur laquelle est inscrit le terme éponyme. Toute simple, en soie, avec le mot « VIRTUE » épelé en lettres d’or, celle-ci semble presque engloutie par l’immensité de la bâche – la préciosité et la désinvolture de la bannière établissent toutefois un contraste fort avec l’allure industrielle de la bâche étendue derrière. Presque à contrecœur, Arthur C. Danto concédait que « la juxtaposition des matériaux et des inscriptions donne tout son sens au vocabulaire rare de cet artiste grandiloquent ». De son côté, Charles Bernstein déclarait dans sa critique que Virtue était « du Dadaïsme feint… (Une) simulation de styles artistiques antérieurs pensée de façon à ce que leurs codes soient prétendument présentés alors même qu’ils s’y retrouvent vidés de leur sens». Dans le L.A. Times, William Wilson réfléchissait en des termes plus ambivalents : « (la peinture) témoigne d’une compréhension très fine de la manière d’exprimer visuellement le sentiment de conscience, sans toutefois y prendre part elle-même ».

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech © Photo Éric Simon

Virtue est devenue une importante pierre de touche pour le peintre, qui la garda presque trois décennies loin du regard du public, dans sa collection personnelle, d’où elle ne sortit qu’à l’oc- casion d’une grande exposition au Mexique. Elle est présentée chez Almine Rech parmi un ensemble de douze œuvres composant une mini-rétrospective de sa carrière. D’une certaine façon, la réapparition de Virtue quelques trente ans après sa première présentation au public reflète la fortuna critica de l’artiste lui-même.

Peintre, sculpteur et réalisateur, Julian Schnabel est l’un des artistes vivants parmi les plus con- nus de son époque ; son œuvre n’a cependant été exposée et étudiée qu’à de rares occasions et n’a commencé que récemment à être montrée, comprise et appréciée à une plus grande échelle.

 

Après ses peintures faites à partir d’assiettes cassées et de cire qui lui valurent son premier succès sur la scène new-yorkaise entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, sa célébrité redoubla grâce à une carrière réussie dans la réalisation de films [en particulier Basquiat (1996), Avant la nuit (2000) et Le Scaphandre et le papillon (2007)]. On a souvent associé son nom à un style d’inconduite typique des années 1980, rehaussé d’une touche de néoromantisme ou de folle excentricité (l’image d’un Julian Schnabel en pyjama de soie tâché de peinture parcourant les rues du quartier où trône son atelier-manoir peine à s’effacer). Il fut adulé ou détesté, mais rarement par des gens qui le connaissaient directement ; beaucoup de ses détracteurs, en particulier aux États-Unis, n’avaient en fait vu que très peu de ses œuvres de leurs propres yeux.

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech © Photo Éric Simon

« Nous faut-il apprendre à nouveau l’expérience pourtant simple et directe de regarder une peinture ? » s’interroge William Gaddis dans son essai sur Julian Schnabel, publié en 1998, une question qui fait écho à l’un des points fondamentaux sur lequel l’artiste revient toujours avec insistance : l’importance de voir les œuvres d’art en dehors de systèmes de reproduction mécanique, de visu.

Les œuvres de Julian Schnabel en particulier prennent tout leur sens quand cet impératif est respecté : les différentes formes, matériaux et techniques qu’a expérimentés l’artiste sont tels qu’on ne peut faire l’expérience idéale de cette complexe somme créative qu’en se tenant devant elle. Cette exposition chez Almine Rech rend désormais cet impératif possible, et permet à cette renaissance d’avoir lieu.

Dans une série de peintures sur bâche blanche datant de 1990, qu’il surnomme « Paintings on tarp series » (série de peintures sur bâche), l’artiste explore les possibilités inhérentes à une approche non-traditionnelle du mark-making (facture, écriture picturale); il cherche une liberté qui s’atteint par une circonlocution des codes modernistes de l’abstraction. Dans Untitled, Julian Schnabel crée des taches violettes sur un fond blanc délavé au moyen d’un chiffon trempé de peinture. Ces marques deviennent de pâles empreintes, évoquant aussi bien les coulures des action painters que les créations automatiques des Dadaïstes. Sur le dessus de la peinture, depuis l’extrémité gauche du haut de la toile, une flaque d’un bordeaux intense suinte et se déverse.

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1990 de Julien Schnabel - Courtesy Galerie Almine Rech © Photo Éric Simon

Dans la carrière de Julian Schnabel, le temps constitue un thème récurrent. L’artiste a parlé d’explorer les possibilités en dehors de la chronologie traditionnelle du modernisme. En mars dernier, le Museum of Modern Art de New York annonçait sa première acquisition d’une peinture de l’artiste. Ce regain d’intérêt pour son travail fut attribué à son importance indéniable dans le développement de la génération actuelle, sur laquelle son influence ne cesse de croître. Une nouvelle réévaluation de son œuvre dans le contexte de la peinture contemporaine est donc de mise. Pour un artiste qui a toujours été considéré comme en avance ou en retard sur son temps, en marge ou en décalage, cette exposition organisée chez Almine Rech nous dit que l’heure de Julian Schnabel a sonné, et que pour une fois son temps, c’est maintenant.

Extrait du texte de Joachim Pissarro

Galerie Almine Rech

64 rue de Turenne

Fr- 75003 PARIS


http://www.alminerech.com/

 

Horaires d'ouverture: De mardi au samedi de 11h00 à 19h00.

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