"The Seven Deadly Sins", 2014-2015 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
Du 16 janvier au 20 février 2016
Pour la deuxième exposition parisienne de la célèbre artiste australienne Terry Taylor, la galerie Suzanne Tarasiève est heureuse de présenter deux séries récentes: The Hit List [La Liste noire] de 2012 - 2013 et The Seven Deadly Sins [Les Sept Péchés capitaux]de 2014 -2015.
Terry Taylor a pris pour sujets les crânes et les squelettes (ses chères “marionnettes”), qu’elle apprête, déguise et raconte inlassablement dans des images truffées d’allusions aux genres du portrait royal et de la peinture d’histoire.
Pour Les Sept Péchés capitaux, Jérôme Bosch a fourni le point de départ d’une suite de tableaux où règnent les couleurs fétiches de l’artiste, rouge indien et terre d’ombre. Les squelettes interprètent des scènes d’orgueil, d’envie, de gourmandise, de luxure, de colère, d’avarice et de paresse.
"The Seven Deadly Sins", 2014-2015 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"The Seven Deadly Sins", 2014-2015 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"The Seven Deadly Sins", 2014-2015 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"The Seven Deadly Sins", 2014-2015 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
Huit toiles verticales conçues comme des “serre-livres bibliques” s’intercalent entre les péchés. Sur chacune d’elles, unecroix peinte en faux galon doré jaillit des ténèbres au-dessus d’un minuscule crâne dans un anneau. Les “serre-livres bibliques” nfont penser à des cercueils debout.
Le message macabre de Terry Taylor n’est pas nuancé, mais il n’est pas dénué de joie non plus. De gentils paresseux cajôlent un squelette dans la toile des Sept péchés capitaux qui porte leur nom. Ces pointes d’humour sardonique sont à mettre en parallèle avec le sourire éternel des têtes de mort, qui semblent jubiler dans l’au-delà.
Avec La Liste noire, Terry Taylor nous offre un compendium des pires meurtriers de l’histoire sur un mode improbablement ludique, en rétrécissant ses sujets aux dimensions de médaillons minia- tures comme pour neutraliser leur pouvoir. Un koala (en chair et fourrure) étreint le squelette d’Elena Ceausescu et Richard III d’Angleterre se recroqueville comme une crevette dont l’exosquelette vient se loger dans l’arrondi du cadre.
Vue de l'exposition "The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"Shiro Ishii - The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"White Man - The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
Le cadre décoratif revêt une grande importance. Des défenses d’éléphants ornent l’effigie de Léopold II, tandis que des boyaux entourent Mary Ann Cotton, exécutée pour avoir empoisonné ses chers et tendres à l’arsenic, délétère pour les intestins. Des symboles de la traîtrise (Judas), de l’immoralité (Jézabel) ou de la méchanceté pure (l’homme blanc et Satan) et de perfides em- poisonneuses moins célèbres figurent aux côtés des criminels, infanticides et autres perpétrateurs de génocides que l’on s’attend davantage à voir ici.
Il y a des impératrices, des reines, des dictateurs et des modjahidines, le pape Jean-Paul II et Churchill.
Terry Taylor parvient si bien à saisir ses modèles en donnant vie à ses crânes que nous reconnaissons les personnages les plus légendaires de La Liste noire, même décharnés. Ses choix sont catholiques et l’entreprise dans laquelle elle s’est lancée, remarque-t-elle, «ne peut pas avoir de fin».
"Robert Mugabe- The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"Jean Bedel Bokassa - The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
"King Louis XIV - The Hit List", 2013 de Terry Taylor - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon
À propos de sa méthode confidentielle de peinture par enlevage, l’artiste parle de faire surgir la vie des morts, « d’exhumer»les crânes du fond peint à l’huile noire. Terry Taylor procède par soustraction en utilisant de la térébenthine pour dévoiler des formes et des effets de matière sous le fond noir, donnant le
jour à une palette de nuances singulière évoquant la pourriture et la décomposition. Elle l’enrichit ensuite d’un rouge éclatant, couleur de la royauté, de la décadence et du sang. Car elle n’a pas l’impression de peindre la mort, mais la vie.
Terry Taylor est née dans le Victoria, en Australie, en 1958. Elle vit et travaille à Melbourne. Ses œuvres souvent exposées lui ont valu plusieurs récompenses prestigieuses en Australie: le prix Eric Wesbrook du dessin, le prix du dessin au festival de Saint-Kilda et le prix de la sélection d’achat à la National Gallery of Victoria. Terry Taylor est représentée dans les collections de la National Gallery of Australia, de la fondation Olbricht et de la National Gallery of Victoria.
Kate McCrickard