"ASAP, As Soon As Possible", 2012-2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
Du 28 novembre 2015 au 16 janvier 2016
L’art de Jeroen Frateur est étroitement lié à une tradition historique allant de Kurt Schwitters à Frank F. Castelyns, en passant par César ou encore Daniel Spoerri, bien que son travail se rap- proche plus de la composition et remette en cause de façon évidente une définition, un statut qui hésitent entre sculpture et installation. La « production » artistique de Frateur est caractérisée par une superposition visible et ingénieuse, avec une grande considération pour les matériaux qui la composent.
Dans la forme délibérément et méticuleusement assemblée, il laisse ces matériaux se masser en une nouvelle structure une nouvelle réalité. Les sculptures au premier abord « instables » de Frateur tirent leur « valeur », en conséquence, du concept « in situ », car présenter une œuvre par exemple au plafond change notre perception, le contexte d’accrochage restant a priori une part inhérente de l’œuvre « globale ».
"La vie quotidienne des outils inutiles", 2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
"La vie quotidienne des outils inutiles", 2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
Détail "La vie quotidienne des outils inutiles", 2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
Frateur se définit lui-même comme « manuel », un travailleur dur à la tâche dont le point de départ est la matière « abandonnée », et qui laisse lentement l’œuvre s’épanouir de la forme elle-même.
Au sein de ce processus de « genèse », il se laisse emporter par cette capacité d’émerveillement, compagne de tous les instants qui le préserve, en tant qu’artiste, des idées préconçues. « Ramas- ser tout ce qui a été laissé dans la rue » est sa devise et son credo dans un monde rempli d’objets qui se transforment très rapidement en déchets. L’acte de « ramasser » dans des lieux publics ce qui a été abandonné est étroitement lié à une passion pour l’extraordinaire beauté de ce résidu.
Quelquefois ces choses ont été fabriquées par exemple les matériaux d’emballage, qui sont con- çus très ingénieusement dans un but particulier, uniquement voués à être jetés juste après qu’ils aient rempli cette fonction.
Ce sont de telles réflexions qui pressent Frateur à s’approprier ces matériaux « liquidés », qu’il utilise afin de composer des structures jamais vues auparavant des œuvres d’art. Celles-ci puisent leur origine, dans le cas de Frateur, dans un processus créatif s’inscrivant dans un art qui n’aurait pu être ni anticipé ni attendu.
de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
"Quelque chose du Gard", 2013 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
Dans une petite église du village flamand de Mullem, le travail de Frateur est visible. Dans ce contexte spécifique, cela ressemble à un autel un symbole artistique qui a des pouvoirs exorci- sants, l’extériorisation d’une pratique presque « shamanique ». Assembler est composer. Il y a de façon évidente « quelque chose » de musical dans le travail de Frateur.
Des strates de bois, de plastique, des objets usés et chancelants, des choses inutiles sont fixés dans une structure. Le chaos de déchets s’impose comme une partition. La musicalité de cette œuvre en particulier était également visible dans des travaux anté- rieurs, dans lesquels le socle consistait en des piles de palettes minimalistes, presque brutes, avec ici et là une touche de couleur d’une grande sensibilité visuelle sur une planche.
L’empilement comme point de départ pour un socle, dans lequel les formes s’annoncent de « fantastiques » outils qui sont ou non illuminés de « l’intérieur », évoque de multiples interprétations. Les piles toutes fraîches de matériaux assemblés d’une manière homogène font allusion à l’élément temps, comme le lent processus de sédi- mentation qui forme les rochers.
"La vie Quotidienne en Noire", 2014-2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
"Le Crabe (ne sait rien)", 2015 de de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
"La vie Quotidienne en Noire", 2014-2015 de Jeroen Frateur - Courtesy Galerie Lily Robert © Photo Éric Simon
Frateur crée des œuvres qui sont presque littéralement des appareils de projection. Les formes assem- blées avec une grande pertinence servent de tremplin à l’imagination et deviennent de la « poésie » dans leur impasse visuelle.
Ces œuvres sont le sujet d’un questionnement esthétique. Elles sont chargées de matière rejetée et se déchargent d’un produit esthétique dans lequel le temps génère une forme finale qui change la quête de sens en un sujet d’intérêt actuel.
Comment la production artistique de Frateur est liée au contexte du climat culturel actuel est une question issue de réflexions changeant notre contemplation de ce travail en une problématique contempo- raine. Refuser en tant qu’artiste de participer aux caprices de la mode résulte d’une prise de position qui a le temps pour allié.
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Lily Robert
3 rue des Haudriettes
75003 Paris
lily{at}lilyrobert.com
La galerie est ouverte du mardi au samedi de 11h à 19h
et le dimanche de 14h à 18h.