"Les bohémiens en voyage", 2014 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
Du 15 janvier au 27 février 2016
Lorsqu’on découvre une des peintures de Nazanin Pouyandeh, on fait face à une figuration narrative difficile à décrypter, on ne cesse de se poser des questions. On est de plain-pied dans l’image, voire dans l’imagerie (une facture lisse et une profusion de détails), avec une théâtralité affirmée, et pourtant le mystère demeure, le doute persiste. (…) De ce mystère à l’œuvre naît la singularité d’une telle peinture car, à l’instar de nos rêves réunissant des contraires, cet art énigmatique présente des scènes ouvertes laissant libre cours à notre imaginaire et à nos propres projections fantasmatiques.
Avec cette peinture de « temps arrêtés », ou d’arrêts sur image, on investigue, on plonge dans un jeu de piste, on « se fait une toile ». Cette peintre narrative puise dans un répertoire d’images très variées (la peinture ancienne, les arts premiers mais aussi la BD, la photographie, le cinéma, la télévision, le jeu vidéo et Internet), et rend ainsi sa peinture des plus vivantes.
"Les bohémiens souterrain", 2015 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
"Bon apétit!" "Sans titre", 2015 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
"L'Inutile beauté", 2015 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
Ce grand écart entre les genres, s’invitant dans la surface-écran de la toile, est également présent dans l’entre-deux qui ne cesse de nourrir sa production artistique métissée, mixant Orient et Occident.
Mais, loin de n’être qu’une élémentaire juxtaposition de cultures, cette peinture nomade présente une imagerie nouvelle, foutraque et humaniste, qui va bien au-delà d’une simple syn- thèse des divers éléments rassemblés. La jeune plasticienne nous amène ailleurs, dans un univers multi- piste très singulier, qui se nourrit d’images hétéroclites, de ses songes ainsi que de la puissance de l’inconscient collectif étudié par Jung qui, à raison, a décelé des images archaïques et univers- elles se manifestant dans les rêves, les croyances religieuses, les mythes et les contes.
"Du côté de chezn moi", 2015 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
"Une affaire d'amis", 2015 de Nazanin Pouyandeh - Courtesy Galerie Sator © Photo Éric Simon
Tout compte fait, avec son métissage culturel, définition possible du syncrétisme qu’orchestre cette « peintre cinéaste » donnant naissance à un univers cohérent à partir de plusieurs cultures différentes, Nazanin Pouyandeh, telle une porteuse de contes et de fables, entraîne les regar- deurs que nous sommes dans une quête vertigineuse à travers le temps, l’Histoire, la grande comme les petites (la sienne, la nôtre), les cultures et les continents.
Vincent Delaury
Galerie Sator
Passage des Gravilliers
10, rue Chapon
Fr-75003 Paris
www.galeriesator.com
Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 14h à 19h