Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
Du 9 février au 22 mai 2016
François Kollar (Senec, Slovaquie, 1904 (anciennement Szenc, Hongrie) — Créteil, 1979), employé des chemins de fer dans son pays natal, puis tourneur sur métaux dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt, devient photographe professionnel à l‘âge de 24 ans après avoir acquis une riche expérience de chef de studio chez l‘imprimeur parisien Draeger.
Sa connaissance intime du monde du travail, de la publicité à la mode en passant par l‘industrie, l‘artisanat et l‘agriculture, lui permet d‘aborder les outils, les matériaux et les gestes avec une expertise professionnelle exceptionnelle.
Cette exposition rétrospective est constituée d‘un ensemble d'environ 130 tirages d‘époque dont certains inédits, et d‘autres issus de la donation de la famille du photographe à l‘État. Elle met en lumière le travail d‘un photographe qui a su révéler le monde du travail au XXe siècle.
"Alsthom - assemblage des volants alternateurs de Kembs. Société Alsthom. Belfort (Territoire de Belfort)", 1931-1934 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"le Rail", 1936 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Sans titre [Fabrication de corps de chauffe de chauffe-eau, Usine Brandt, France]",1950 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
Découvrir les qualités documentaires, artistiques et historiques des ensembles réunis ici permet d‘observer comment l‘individu s‘inscrivait dans la société par le biais du travail et de prendre conscience des changements profonds qui ont affecté l‘industrie entre les années 1930 et les années 1960.
"Nettoyage des lampes, Sté de mines de Lens", 1931-1934 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Le rail, réparation d'une chaudière de Locomotive", 1931-1934 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
LA FRANCE TRAVAILLE, 1931-1934
François Kollar réalise pour les éditions des Horizons de France une grande enquête docu- mentaire sur le monde du travail dont certains clichés sont reproduits dans une publication désor- mais célèbre : La France travaille. Cet ensemble constitue le coeur de l‘exposition.
Le photographe parcourt alors l‘ensemble du territoire français et l‘aborde à travers le prisme du « travail ». Kollar fournit plus de 2 000 clichés couvrant l‘activité rurale et industrielle de vingt régions françaises, Paris et sa banlieue compris.
Les éditions des Horizons de France publient La France travaille entre 1932 et 1934 sous la forme de quinze fascicules autonomes, montrés dans l‘exposition en lien avec une sélection d‘une soixantaine de tirages. L‘ensemble est organisé de manière thématique, chaque thème correspondant à un certain type de matière première exploitée par l‘industrie : le charbon, le fer, la mer, le verre, le tissu etc.
Des diaporamas permettent à la fois de montrer l‘étendue de cette archive et la variété des photographies mais aussi de l‘aborder par le biais d‘une analyse contemporaine.
"Pêcheurs, femme de pêcheurs Sardinier Breton, Audiernes", 1931 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Bûcherons", 1933 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Poliet et Chausson, Gargenville ", 1958 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Bouche du tunnel Sainte-Catherine, vers Sotteville-lés-Rouen, Rouen", 1931-1932 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Ciel", 1931 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Tour Eiffel", 1930 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
Les quinze fascicules de La France Travaille constituent « une enquête de type anthropologique sur le comportement, les gestes et les postures dans les activités laborieuses » (Jean-François Chevrier, « La France travaille : les vertus de l‘illustration », Jeu de Paume, Editions de La Martinière).
Ces ouvrages évoquent les révolutions menées à la fois à l‘échelle du territoire, les usines, les installations hydroélectriques …
mais aussi la place des ouvriers dans ces infrastructures. Hormis la reconnaissance qu‘il obtient dans le monde de la mode et du luxe, c‘est avec la réalisation de cette commande photogra- phique la plus importante en France dans les années 1930, que Kollar se distingue comme photographe « reporter » industriel.
de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
"Le mannequin, Muth, Balenciaga", 1930 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
LA MODE
Kollar devient un collaborateur régulier des revues Plaisir de France, le Figaro Illustré et de la revue américaine Harper‘s Bazaar, pour lesquels il collabore pendant plus de quinze ans. Ce ne sont pas moins de 200 images de mode ainsi que des portraits qu‘il publie jusqu‘en 1946. Reconnu pour ses talents de photographe publicitaire, François Kollar est sollicité pour réaliser de nombreux portraits, notamment de Coco Chanel, Elsa Schiaparelli ou la duchesse de Windsor...
Lors de l‘exposition itinérante « Le Théâtre de la Mode », destinée à réaffirmer Paris comme capitale de la mode au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, François Kollar réalise des photographies de poupées habillées par les grands créateurs de l‘époque.
"Haute couturière Elsa Schiaparelli in a window of her showroom at 21 Place Vendôme in Paris", 1938 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Escalier chez Chanel ", 1937 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
Grâce à la collection de tirages d‘époque du Palais Galliera, cette partie de l‘exposition est l‘occasion de documenter une part importante de l‘activité de Kollar, puisqu‘il travaillera pendant près de quinze ans pour les studios de mode.
François Kollar applique pour ses portraits de mannequins des techniques de solarisation et de surimpression propres à cette époque. Les poses des mannequins, les mises en scène équili- brées d‘objets attestent de son souhait de ne pas exagérer ni trahir. Ce sens de la mesure se retrouve également dans les portraits qu‘il fait des personnalités de l‘époque.
"Renault. D‘une main l‘ouvrier fait tomber le sable. Billancourt (Hauts-de-Seine)", 1931-1934 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Étude publicitaire pour "Magic Phono", portrait de Marie Bell en photomontage", 1930 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Publicité pour machine à écrire Hermès", 1930 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume
"Le bananier, Abidjan", 1951 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
L‘AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (A-O. F.), COMMANDE DE L‘ ÉTAT FRANÇAIS, 1951
Lorsque dans les années 1950, la France investit massivement dans la construction d‘infras- tructures en Afrique-Occidentale Française, Kollar part documenter cette étape importante dans les relations entre la France et ses colonies, notamment au Burkina Faso, en Côte d‘Ivoire, au Mali et au Sénégal. Ses photographies sont publiées dans les revues de l‘A-O.F, destinées à promouvoir de façon positive l‘engagement de la France.
Toujours au service de la « fabrication » d‘une image convenue et positive, Kollar poursuit sa carrière en photographiant l‘homme et la femme au travail : usines, construction de routes, commerce maritime ... « Ce que François Kollar souhaite montrer, c‘est une sorte de désen- gagement progressif de la puissance coloniale (…) mais aussi derrière la « modernité » (qui est son sujet de commande) une forme de tradition, comme s‘il voulait montrer que deux s‘opposent, se font face. » (Pascal Blanchard, « Francois Kollar. Afrique 50. Dans l‘oeil de la propagande », Jeu de Paume, Editions de La Martinière)
"Chaussures Bata, Rufisque, Sénégal", 1951 de François Kollar - Courtesy Jeu de Paume © Photo Éric Simon
L‘année de son mariage, en 1930, François Kollar installe son propre studio à Paris. Premier modèle à ses débuts, Fernande, son épouse, sera une fidèle collaboratrice tout au long de sa vie. Travaillant pour des agences de publicité et des marques de luxe, il excelle dans la mise en valeur des modèles, des formes et des étoffes grâce à une grande sensibilité à la lumière et à la matière.
François Kollar collabore avec plusieurs magazines de mode, en particulier Harper‘s Bazaar pour lequel il réalise, pendant plus de quinze ans, des séries, notamment en extérieur. En photographiant les personnalités de la mode de l‘époque (Coco Chanel, Elsa Schiaparelli, Pierre Balmain), les modèles et les publicités des grandes maisons (Hermès, Molyneux, Oméga, Christofle ou des parfums Worth et Coty...), il expérimente diverses techniques modernes de prises de vues et travaille avec une grande liberté des compositions originales : contrejour, double-exposition, surimpression, solarisation…
Commissaires: Matthieu Rivallin, chargé de collections, Médiathèque de l‘architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont
Pia Viewing, commissaire chercheuse, Jeu de Paume, Paris.
Jeu de Paume
1, Place de la Concorde
Fr-75008 Paris
www.jeudepaume.org
Horaires d'ouverture:Le Mardi (nocturne) de 11 h à 21 h et le Mercredi a dimanche de 11 h à 19h. Fermeture le lundi.