"Patti Smith" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP
Du 3 Février au 27 mars 2016
« À peine entré dans l’univers de Renaud Monfourny, on pénètre dans l’intime. Patti Smith nous reçoit en déesse détendue, boutonnant négligemment sa chemise. Son regard franc, transparent, nous invite à parcourir les “fenêtres” qui nous amèneront vers l’âme de ses com- pagnons de salle.
Disposés de manière aléatoire, tels des souvenirs éparpillés, les portraits trouvent leur place dans des cadres dorés d’une autre époque, qui entourent, comme des boites à bijoux, le témoignage précieux de la rencontre : Leonard Cohen chez lui à Los Angeles en 1992, Kurt Cobain dans les rues de Seattle inaperçu parmi les pas- sants, Iggy pop échappant au contrôle des attachés de presse dans le chantier de la piscine d’un hôtel de luxe, Neil Young dans la forêt de Redwood à une encablure de son ranch, fier et heureux à côté de sa voiture, Nico, le regard perdu, exténuée après l’excès d’un concert...
les œuvres se suivent de manière anachronique, et de différentes tailles obligeant le spectateur à se “recadrer“ à chaque vision, à reproduire de cette manière le geste du photographe qui s’accom- mode de chaque personne, des circonstances, des conditions lumineuses et des contraintes d’espace.
"Nirvana à Seattle" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP © Photo Éric Simon
Renaud Monfourny est un photographe Sui Generis - de sa propre espèce confidentiel et prolifique, qui a une approche du portrait sûre et sensible. Protagoniste à part entière des rencontres qui ont lieu parce qu’il les a voulues, parce qu’une alchimie existait déjà, parce que le rapprochement était nécessaire.
Ce photographe subversif, à première vue on pourrait croire tout le contraire, vit dans une époque où la photographie s’éloigne de plus en plus de sa réalité matérielle, pour devenir immatérielle et pas- ser dans le flux du numérique. Lui s’entête à continuer de la situer dans le plan du réel, du tangible.
Du véritable, du vrai, qui se perçoit dans la vision qu’il nous donne des sujets photographiés grâce à cet indescriptible bouillon- nement intérieur qu’il arrive à capter lors de ses prises de vue.
Il ne fait jamais de photos en studio, auquel il préfère des fonds urbains, des murs, qu’il choisit à priori pour leurs qualités visuelles/picturales ou le minimalisme du fond noir, ou blanc, de- vant lesquels il place ses sujets. Il n’est aucunement directif avec ses modèles, il prend ce qu’on veut lui donner, il les laisse “être”. C’est grâce à tout cela qu’il nous offre un autre regard. Loin du conventionnel de la société et des artifices de la retouche numérique, on voit de vrais gens.
"Bjork" et "The Cramps" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP © Photo Éric Simon
"Morrissey" et "Robert Wyatt" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP © Photo Éric Simon
Aux immenses ateliers-usines des artistes d’aujourd’hui, il préfère l’intimité et l’obscurité de son laboratoire, sorte de matrice, dans lequel il s’adonne à l’un de ses jeux favoris. Il y caresse la lueur de l’ampoule de son agrandisseur pour donner naissance à ses œuvres photo-graphiques, dessinées avec la lumière même. Et tout cela avec beaucoup de sérieux et de passion.
Depuis les pages du magazine Les Inrockuptibles, ses photos ont ali- menté des générations avides de musique, de culture, et sont gravées à jamais dans la rétine de ces amateurs qui ont fait sienne la dé- couverte. Des découvertes qu’il continue de produire et de partager. Renaud Monfourny fait de l’art sérieusement, honnêtement, de l’art Sui Generis qui aujourd’hui est une forme de subversion. »
"Nick Cave" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP
"Leonard Cohen" de Renaud Monfourny - Courtesy MEP
Renaud Monfourny est né en 1962 à Reims et a passé son enfance à la campagne. Dès son adolescence il s’initie à la photographie dans un photo-club à Soissons. Son premier appareil photo fut le Voigtlan- der de son père, très rapidement suivi d’un Lubitel qui se révèle être son premier contact avec le format 6x6 qu’il chérira tant par la suite. « C’était un appareil russe très bon marché, il fallait avancer le film à la main et si on oubliait, on obtenait une double exposition. C’est comme ça que j’ai eu des photos de mon chien su- perposées avec des images de nuages. » Adolescent dans une banlieue de province sans radio, son accès à la musique était souvent réduit aux goûts des grands frères de ses compagnons d’école : des groupes de hard rock ou, pire, de jazz rock. Patti Smith ayant eu un tube en 1978 avec Because the night, il achète à Soissons son album
Easter. Jamais il n’imaginera qu’en 1995 à New York il verra son grand retour sur scène à Central Park, ni que, un an plus tard, il sera au bord du lac St Clair, sonnant à sa porte pour une rencontre pour Les Inrockuptibles, tremblant comme le fan qu’il est, ému à jamais. Patti Smith est depuis passée sous son objectif plusieurs fois.
Commissaires de l’exposition.: Lou Monfourny et Nicolas Peyre
Direction Artistique et Scénographie: Lou Monfourny
Chargé d'exposition: Sophie Kulczewskiscans
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy
Fr-75004 Paris
http://www.mep-fr.org/
Horaires d'ouverture: du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Accès à la billetterie jusqu’à 19h30
Fermé lundi, mardi et jours fériés