Expo Peinture Contemporaine: Gilles AILLAUD "Tableaux 1966 — 1976 / Vols d’oiseaux 1990 — 2001"
"Intérieur et Hippopotame", 1970 de Gilles AILLAUD - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon
Gilles Aillaud (1928-2005) est peintre, mais aussi poète (Dans le bleu foncé du matin, édité chez Christian Bourgois), critique (revue Rebelote), préfacier (Hélion, Titina Maselli), scéno- graphe de théâtre (52 spectacles avec les metteurs en scène Jean Jourdheuil, Klaus Michael Grüber, Luc Bondy). Il a méthodiquement consigné dans des cahiers d’écolier la liste de tous les tableaux qu’il a peints.
Il y en a moins de 350. Pourtant, il dit avoir peint un tableau par jour dans les années 1950, dans des périodes d’isolement total, entre sa première exposition, en 1950 à Rome, et celle de 1963, à la galerie Claude Levin.
Il s’est alors détaché de la philosophie étudiée avec Merleau -Ponty pour se consacrer à la peinture, qu’il pratiquera toujours en solitaire, dans l’atelier.
Voir sans être vu, le beau titre du texte de Gilles Aillaud sur Vermeer, pourrait définir toute sa peinture. Gilles Aillaud regarde les tableaux du maître de Delft comme il peint les siens pro- pres.
Il peint à l’huile des portraits d’animaux, visibles ou cachés dans les zoos, des paysages, des plages, des montagnes, des ciels avec vols d’oiseaux. Il ne s’approprie jamais les sujets — « je peins les choses comme elles le veulent » —, il les rend, les redonne sans nostalgie, dans toute leur étrangeté picturale.
La fortune critique a aimé le réduire à un peintre de la question animale, attaché au mouvement de la Figuration narrative, militant du mouvement de la Jeune Peinture en 1968, exégète érudit, assassin métaphorique de Duchamp en 1965… Beaucoup de jeunes peintres et d’amateurs ne s’y sont, eux, pas trompés.
"Intérieur jaune et vasistas", 1972 de Gilles AILLAUD - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon
Six tableaux majeurs de 1966 à 1976, souvent de très grand format, constituent une véritable salle de musée. Certains n’ont pas été vus en public depuis 25 ans. Les décors dans Deux eaux_, de l’_Intérieur et hippopotame dégagent une lumière froide, blanche, qui contraste avec la lumière électrique de Mangouste, nuit rouge_, à travers une vitre, ou avec la lumière dorée, chaude d’_Intérieur jaune et vasistas. Les animaux peints à hauteur d’homme ne regardent rien de précis, leurs regards passent à travers nous, ne fixent rien.
Gilles Aillaud a un œil pictural absolu, décisif, comme l’« instant décisif » décrit par Cartier-Bresson. Dès son plus jeune âge, avec sa sœur, il fréquentait le Jardin des Plantes comme d’autres vont aux musées.
Ses multiples voyages en Grèce, en Égypte, au Kenya ont développé une intimité, une relation privée avec les animaux qui le protège de tout effet de séduction, de rendu naturaliste. Il peint ses animaux enfermés avec délicatesse, avec « tact », mot qu’il emploie pour la peinture de Vermeer.
Fr- 75006 Paris
Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 11h à 19h.