Expo Collective Contemporaine: "DENDROMORPHIES" Créer avec l’arbre
Du 26 Novembre 2016 au 11 Janvier 2017
Artistes présentés: Askhat Akhmedyarov, Ackroyd & Harvey, Persijn Broersen & Margit Lukacs, Sean Capone, Sara Conti, Clorinde Coranotto, Iris Crey, Aurélie Gravas, Abdul Rahman Katanani, Fabrice Langlade, Thomas Lévy-Lasne, Laurent Perbos, Khvay Samnang, Laurent Tixador, Patrick Van Caeckenbergh
L’exposition « Dendromorphies - Créer avec l’arbre » se veut un ajout aux nombreuses expositions consacrées ces dernières années, de par le monde, au thème de l’arbre, en milieu fermé comme en pleine nature. L’arbre, aujourd’hui, mobilise de manière intense le champ de l’art contemporain.
Tout comme il mobilise, en objet salvateur cette fois, celui de l’écologie ou de l’architecture. Créature clé dans le dispositif du care, qu’il s’agisse du « soin » social (les parcs, la nature restaurée) ou écologique (la diminution du désastreux bilan carbone de l’humanité), l’arbre est ce recycleur naturel dont notre environnement a un besoin pressant. Un roi factuel, un roi symbolique.
"MONSIEUR" Forêt d'Allain, Lorraine, 2012 de Fabrice LANGLADE - Courtesy de l'artiste © Photo Éric Simon
À dessein, « Dendromorphies - Créer avec l’arbre » choisit la diversité.
Le rapport qu’y entretiennent les artistes avec l’arbre est multiple et protéiforme à l’image en vérité de notre culture, celle de l’opinion, de la détermination personnelle, de l’expérimentation ou de la célébration privées.
La malléabilité du thème de l’arbre, intense, permet cette ouverture sans la freiner ou la contenir. Tel(le) artiste privilégiera, abordant le thème de l’arbre, la notion classique de l’« arbre de vie » (Sara Conti), en y greffant au besoin les obsessions de sa propre création (Clorinde Coranotto, Iris Crey, Aurélie Gravas).
Tel(le) autre, inclinant à célébrer la beauté plastique de l’arbre, son fonctionnement, sa capacité à investir notre imaginaire, en donnera des déclinaisons flatteuses (Laurent Perbos) ou riches d’inspiration symbolique (Patrick Van Caeckenbergh).
"Autopsie d'une arborescence amoureuse", 2016 de Clorinde CORANOTTO - Courtesy de l'Artiste © Photo Éric Simon
Certains ont à coeur le thème de l’enracinement (Askhat Akhmedyarov, Abdul Rahman Katanani), d’autres, celui de l’omniprésence (Persijn Broersen & Margit Lukács, Thomas Lévy-Lasne) quand d’autres encore s’inscrivent dans un processus écologique de recyclage (Laurent Tixador), de multiplication (Ackroyd & Harvey) ou d’alchimie biologique (Sam Van Aken).
L’arbre, pour solde de tout compte, s’érige au rang de figure de gloire. On lui attribue le pouvoir de la parole (Sean Capone), on lui dresse des sculptures totémiques (Fabrice Langlade), on déplore sa surutilisation orientée à des fins spéculatives par le capitalisme mondialisé (Khvay Samnang).
L’arbre comme inspiration majeure L’arbre ? Citons, pour éclairage, l’encyclopédie libre Wikipédia, à l’article « Arbre » : « Les arbres jouent un rôle majeur dans le fonctionnement écologique terrestre en raison de leur capacité à stocker le carbone, à prendre une part active dans le cycle de l’eau et de manière générale à constituer les écosystèmes complexes que sont les forêts, sources et refuges de biodiversité.
Ils constituent aussi pour les sociétés humaines une ressource considérable de matériaux (principalement du bois), de denrées (notamment des fruits) et de multiples services. Ils occupent dans presque toutes les cultures du monde une place réelle et symbolique importante. » La poétique écologique a ses fétiches, dont l’arbre — comme l’eau, ou encore l’air est une composante essentielle. L’art et l’arbre, de tout temps, ont fait bon ménage, du fait notamment de la symbolisation tous azimuts dont cette création de la nature a instamment fait l’objet.
"Arbre qui pleure", 2009 de Laurent PERBOS - Collection FRAC Provence Alpes Côte d'Azur © Photo Éric Simon
L’arbre du Paradis, sur lequel pousse la pomme que vont manger Adam et Ève ; l’arbre de Jessé ; le frêne Yggdrasil des anciens Nordiques ; l’olivier au rameau symbole de paix ; le chêne des druides gaulois ; le pipal dans la culture bouddhiste ; l’arbre de vie… Ceux-là et tant d’autres, au hasard des civilisations, des époques et des styles, font l’objet de représentations qui entendent dire, qui la force, qui l’humilité, qui la socialité, qui la croissance ou la mort des êtres, des corps, du temps.
Au regard de la symbolique qu’il engendre, d’une large ouverture sémantique, l’arbre est bien un objet d’art « total » : il peut servir à tout exprimer et aucune civilisation ne se passe de ses services.
Dessin "Tree of 40 fruit", été 2016 de Sam VAN AKEN - Courtesy Thierry Carpentier © Photo Éric Simon
La modernité artistique elle-même, férue, son heure venue, de monde urbain, de technologie, de produits de l’industrie et de création expérimentale, ne négligea jamais l’arbre. Avec Matisse au temps des fauves, les arbres passent du vert conventionnel au rouge des révolutions ; Paul Klee, dans sa fameuse Théorie de l’art moderne, datant des années 1920, fait de l’arbre le parangon de la création poétique libre, celle qui cultive, contre norme et programme, le goût des dérives, des errances.
De ce type de création qui, assène Klee, ne rechigne jamais à l’aventurisme, n’attendons surtout pas, comme l’arbre, qu’il « calque sa ramure sur le modèle de ses racines ».
Commissaire : Paul Ardenne
Topographie de l'Art
15 rue de Thorigny
Fr - 75003 Paris
Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 14h - 19h