Expo Peinture Contemporaine: Jorg IMMENDORFF "Il était une fois Immendorff"
Détail "Café Deutschland VII - Kein Licht für wen",1980 de Jörg IMMENDORFF - Courtesy SUZANNE TARASIEVE PARIS © Photo Éric Simon
Du 15 octobre au 31 décembre 2016
L’œuvre incandescente et libertaire de Jörg Immendorff, né en 1945 à Bleckede, rejoint celle des plus grands peintres néo-expressionnistes allemands(Georg Baselitz, A.R.Penck, Markus Lüpertz, Anselm Kiefer, Sigmar Polke, Gerhard Richter...).
Elle se déploie sur les points de suspension d'un antagonisme politique (Est-Ouest) dont Berlin deviendra l'épicentre au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Elle prend aussi ses appuis dans un chapitre de l'histoire, traversé par de nombreux courants esthétiques qui stigmatisent la peinture figurative, à partir des années 60.
De ses débuts à la Kunstakademie de Düsseldorf(1963) à son décès prématuré (2007), rien de tarira l'énergie et la détermination d'Immendorff face à l'establishment culturel ou aux dictats esthétiques.
En1963, Immendorff intègre la Kunstakademie de Düsseldorf pour y étudier la scénographie dans l’atelier de Theo Otto. Il y sera renvoyé pour avoir refusé d'inclure une de ses œuvres dans un projet scénographique.
L’année suivante, Immendorff rejoindra l'atelier de l'anti-peintre Joseph Beuys, dont il deviendra paradoxalement l'élève le plus complice, le «sparring partner». Au sein de l'école, Immendorff se démarque des autres élèves: il est peintre, manie la langue de Goethe comme nul autre et mène un combat d’extrême gauche, vêtu d'une toge, avec une épée en carton...
Arlequin libéré, ses actions artistiques et militantes entraîneront finalement son licenciement de l'Académie. Ironie de l'histoire, Jörg Immendorff réintégrera la Kunstakademie de Düsseldorfen 1996 entant que professeur, ayant atteint la reconnaissance internationale.
"Wieder Klopft die politik an meine Tür", 1989 de Jörg IMMENDORFF - Courtesy SUZANNE TARASIEVE PARIS © Photo Éric Simon
Du collectif néo-dadaïste Lidl des années 60, aux œuvres conçues mentalement et réalisées à l’aide d’assistants, des années 90 et 2000, Immendorff aura sculpté, dessiné et peint sans relâche. Il reprend ainsi avec ses pairs l’âge d’or de la peinture allemande, interrompue par la première guerre mondiale et marquée par la Nouvelle Objectivité.
Son langage en mutation constante convoque la grande et la petite histoire: hommes politiques, artistes,militants, ouvriers, artisans. Portés par une esthétique radicale, figurative et néo-expres- sionniste, ses personnages échangent, trinquent eté chouent dans le cadre d’une série devenue historique: Café Deutschland (1977-1983). L’une de ses œuvres les plus emblématiques est présentée à la Galerie Suzanne Tarasieve.
Les sujets sociétaux et politiques restent au cœur de l’œuvre d’Immendorff. Dès les années 70, l’artiste se livre avec A.R. Penck à la peinture et la sculpture. Ensemble ils tissent des liens avec les artistes de la RDA et décrivent l’histoire d’un pays divisé ou en reconstruction.
A cette époque, Immendorff se préoccupe aussi des enjeux écologiques et rapproche les périls de la nature à ceux de la peinture. La sculpture Elbquelle II(1999) présentée à la Galerie illustre le sujet avec force, en ,humanisant un arbre abîmé, portant les outils du peintre. T
outefois le regard inspiré et critique de l’artiste ne porte pas de solution; l’art d’Immendorff s’emploie avant tout à révéler les affres et les tentations d’une société contemporaine, mise sous tension par les acteurs du pouvoir et la marche de l’histoire.
Dans les années 80 sa peinture devient plus symbolique et allégorique. Elle revisite l’histoire de l’art du XXème siècle et ressuscite ses figures de proue avec entres autres, Otto Dix, Max Beckmann et Max Ernst. Immendorff rend aussi hommage aux pères de l'art contemporain qui tournent le dos à la peinture mais grâce auxquels il s’est construit: Joseph Beuys ou Marcel Duchamp.
C’est l’époque du Café de Flore (1987-1992). Atteint de la maladie de Charcot dans les années 90, Immendorff élabore progressivement une peinture construite sur la projection mentale qu’il ébauche à l’ordinateur et réalise à l’aide d’assistants.
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Son œuvre est alors inspirée par ses propres peintures, par des images personnelles, des photos provenant de magazines ou des œuvres historiques (Dürer, Cranach, Goya). Celui que le critique Peter-Klaus Schuster appellera le « Raphaël sans mains », entame alors une période narrative, où les sujets traversent les époques et se juxtaposent posément pour évoquer la famille, la mort et rendre hommage à l’histoire de l’art.
Cette période sera aussi l’occasion de revenir à la scénographie en réalisant les décors de La Carrière d'un libertin d'Igor Stravinsky, présentée au Bremen Stadttheater (1994).
En 2006, année précédent sa disparition, Jörg Immendorff, dont les frasques libertines défraieront la chronique, choisit d’illustrer la bible avec 25 de ses peintures. Dans la préface, il explique aux lecteurs sa croyance en Dieu.
Jörg Immendorff débute sa carrière en Allemagne où il sera exposé pendant les années 60. En 1972, il participe à la documenta V et sera inclus dans la Biennale de Venise en 1976. Dès lors sa carrière deviendra internationale.
Ses expositions les plus importantes comprennent: le Kunstmuseum, Basel (1979); la Kunst- halle de Berne (1980); le Van Abbemuseum, Eindhoven (1981); la Kunsthalle de Düsseldorf (1983) ; la Maison de la Culture et de la Communicationde Saint-Etienne (1985); le Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam(1992); le Centre Georges Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris (1993); le Centre d’Art Contemporain Meymac (1994); le MuséeRufino Tamayo, MexicoDF(1994); le Barbican Art Gallery, Londres (1995); le Kunstmuseum, Bonn(1998); la Neue Nationalgalerie, Berlin (2005); la Fondation Maeght, Vence (2015). Jörg Immendorff remporte en 1997 le prix MARCO (le prix artistique le mieux doté du monde) attribué par le Musée d’Art contemporain de Monterrey au Mexique.
En 1998, il reçoit l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne.
SUZANNE TARASIEVE PARIS
7, rue Pastourelle
Fr -75003 Paris
Horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 11h à 19h.