Expo Collective Contemporaine: Imprimer le Monde
"Stranger Visions - Portraits and Samples from New York", 2012 de Heather DEWEY-HAGBORG © Photo Éric Simon
Du 15 mars au 19 juin 2017
Les technologies numériques ont bouleversé la conception et la fabrication des objets, transformant la pratique des architectes, designers, artistes. L’exposition Imprimer le monde interroge l’émergence dans la création artistique d’un nouvel artefact numérique imprimé en 3D.
De l’objet de design au prototype architectural, de l’atelier de production aux objets innovants de laboratoire, cette exposition réunit une génération d’artistes, designers et architectes qui se sont emparés de l’impression 3D comme outil critique d’expérimentation.
À travers une quarantaine de créateurs, elle interroge les mutations des formes au sein d’une « matérialité digitale » où une nouvelle typologie d’objets a fait son apparition dont l’impression 3D est le dénominateur commun.
"Stranger Visions - Portraits and Samples from New York", 2012 de Heather DEWEY-HAGBORG © Photo Éric Simon
"Drawn Pavilion", 2017 (Yusuke OBUCHI, Kengo KUMA, Jun SATO, Kevin CLEMENT, Anders ROD) © Photo Éric Simon
Quel est le statut de l’auteur à l’ère de la production de ces objets « non standards », à la fois uniques
et produits industriellement ? Quel est le statut de cet objet « imprimé » en 3D, tout à la fois objet
du quotidien, objet technologique, oeuvre d’art, objet de design, prototype d’architecture ? Comment expliquer sa généralisation à l’ère du numérique à tous les domaines de production ? Qualifiée de « technologie disruptive », l’impression 3D se diffuse depuis une quinzaine d’années à une large échelle à travers les plates-formes de logiciels « open source » et un développement dans l’industrie, de l’aéronautique aux biotechnologies. De l’échelle du micro (imprimer des cellules vivantes) à celle du macro (imprimer des architectures à l’échelle 1:1), du visible à l’infra-visible, la fabrication additive soulève des questions qui concernent autant le statut de l’oeuvre que le monde de l’industrie et la recherche scientifique.
"Grotto II, Digital Grotesque", 2017 de Michael HANSMEYER et Benjamin DILLENBURGER"Butterflay Screen Prototype", 2016 de Joris LAARMAN Lab. © Photo Éric Simon
Détail "Grotto II, Digital Grotesque", 2017 de Michael HANSMEYER et Benjamin DILLENBURGER"Butterflay Screen Prototype", 2016 de Joris LAARMAN Lab. © Photo Éric Simon
Les modes de représentation à l’ère du numérique sont au coeur de démarches artistiques qui interrogent le statut de l’image, les frontières entre physique et virtuel. Achraf Touloub questionne la circulation des images numériques en les transférant dans les trois dimensions. Les bustes en impression 3D de Jon Rafman renvoient aux archétypes du passé comme à l’hypertechnologie. Les artefacts de Morehshin Allahyari réactivent la mémoire de monuments historiques détruits par la guerre en Syrie, utilisant l’impression 3D comme un outil de réparation de l’histoire. La notion de temporalité de l’objet est également problématisée par le designer Dov Ganchrow à travers ses silex taillés aux coques
imprimées en 3D. Une même démarche spéculative est à l’oeuvre dans les « objets dysfonction- nels » de Matthew Plummer-Fernandez ou dans les « objets hackés » de Jesse Howard.
"Smart Dynamic Casting,A robotic gliding process for complex structures", 2012-2015 de Gramazio KOHLER Research"Butterflay Screen Prototype", 2016 de Joris LAARMAN Lab. © Photo Éric SimonG,
Ce nouvel artefact numérique s’inscrit au croisement de savoir-faire artisanaux qui ont modifié la pratique des designers. Olivier Van Herpt conçoit à la fois fichiers numériques et machines pour imprimer en 3D des objets de design qui « simulent » et transcendent l’objet artisanal.
Les designers recourent aux logiciels de simulation numérique et aux langages de program- mation des architectes pour concevoir des objets complexes et innovants. Le designer Joris Laarman, qui imprimera un pont en métal à Amsterdam en 2017, est à la pointe de ces recherches, tout comme Mathias Bengtsson qui a réalisé la première table en titane en fabrication additive. Les formes organiques de ces oeuvres puisent dans les processus évolutionnaires de la nature, recréés grâce aux outils de simulation numérique. Dirk van der Kooij fait valoir une approche « durable » à travers des procédés de fils de plastique recyclé pour la fabrication de ses pièces.
Les designers François Brument et Sonia Laugier présentent un dispositif reconstituant leur atelier, retraçant les étapes de conception et de fabrication de leurs pièces.
Les architectes furent les premiers à s’emparer de ces technologies numériques pour développer de nouveaux process de conception et de fabrication qu’ils expérimentent à travers des prototypes et des matériaux : béton imprimé en 3D à grande échelle (EZCT Architecture and Design Research en collaboration ,avec XtreeE ; Gramazio Kohler Research), la céramique (Jenny Sabin) ou de nouveaux matériaux synthétiques (Neri Oxman, Alisa Andrasek). Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger ont poussé à leurs limites les possibilités de conception et d’impression 3D à travers l’installation Grotto II dont l’exubérance ornementale est la résultante de calculs algorithmiques. Kevin Clement, Yusuke Obuchi et Jun Sato avec l’Université de Tokyo (Advanced Design Studies Unit) et l’agence Kengo Kuma Associates, ont développé pour l’exposition un projet in situ, canopée de filaments plastiques biodégradables, dérivés de déchets alimentaires, élaborée grâce à un stylo d’impression 3D conçu pour réaliser des structures architecturales complexes.
Les installations produites par l’Ircam déploient des espaces acoustiques. Qu’il s’agisse du son, de la matière, l’espace digital génère des formes nouvelles. Comment interpréter et composer un espace par la dimension sonore et de nouvelles techniques de spatialisation ? Dans Disenchanted
Les installations produites par l’Ircam déploient des espaces acoustiques. Qu’il s’agisse du son, de la matière, l’espace digital génère des formes nouvelles. Comment interpréter et composer un espace par la dimension sonore et de nouvelles techniques de spatialisation ?
Dans Disenchanted Islands, la compositrice Olga Neuwirth entraîne virtuellement le visiteur-spectateur à San Lorenzo de Venise, lieu de la créationde Prometeo de Nono réalisé dans une scénographie de Renzo Piano.
Par le procédé de convolution 3D, l’empreinte sonore de l’église vénitienne est transférée dans l’espace du musée. Avec Jardin d’Eden, les artistes Raphael Thibault et Hyun-Hwa Cho présentent une installation immersive, sous la forme d’une double projection vidéo, de sculptures réalisées en impression 3D et d’un panorama sonore et musical.
La spatialisation des sons fait ici écho aux images. Les processus de simulation numérique concernent tous les domaines artistiques, simulation 3D de l’espace sonore ou simulation numérique du territoire à travers les scans 3D des photographies de Thibaut Brunet.
Liste des artistes, designers et architectes présentés dans l’exposition
Additivism (Morehshin Allahyari et Daniel Rourke) ; Aleksa Studio (Aleksandrina Rizova); Alisa Andrasek (Biothing) ; Aldo Bakker ; Mathias Bengtsson ; Henriette Bier et Sina Mostafavi ; Erwan et Ronan Bouroullec ; François Brument et Sonia Laugier, Ammar Eloueini ; Thibault Brunet ; Heather Dewey-Hagborg ; Dong Lin et Chi Zhou ; Goliath Dyèvre et Grégory Chatonsky ; Hyun-hwa Cho et Raphaël Thibault ; Jean-Baptiste Fastrez ; Vincent Fournier ; Laureline Galliot ; Dov Ganchrow et Ami Drach ; Gramazio Kohler ,Research ; Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger ; Brian Harms ; Jesse Howard ; Hiroshi Ishii, Lining Yao, Jifei Ou (Tangible Media Group, MIT) ; Joris Laarman ; Achim Menges ; EZCT Architecture & Design Research (Philippe Morel : EZCT / XtreeE ; Felix Agid) ; Nendo (Oki Sato) ; Nervous System(Jessica Rosenkrantz et Jesse Louis-Rosenberg) ; Olga Neuwirth ; Neri Oxman ; Matthew Plummer-Fernandez ; Jon Rafman ; Gilles Retsin et Manuel Jiménez García ; Jenny Sabin ; Neta Soreq ; Studio A2 et New North Press ; Studio Swine (Azusa Murakami et Alexander Groves) ; Skylar Tibbits et Christophe Guberan (Self-assembly Lab, MIT) ; Achraf Touloub ; Unfold (Claire Warnier et Dries Verbruggen) ; University of Tokyo Advanced Design Studies Unit (Yusuke Obuchi, Kengo Kuma, Jun Sato, Kevin Clement, Anders Rod) ; Lilian van Daal ; Olivier Van Herpt ; Dirk Vander Kooij ; Woody Vasulka ; Daniel Widrig ; Hongtao Zhou.
Centre Pompidou
Galerie 4, niveau 1
Place Georges Pompidou
Fr - 75004 Paris
Horaires et jours d'ouverture: tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h (fermeture des caisses à 20h, sortie des espaces d’exposition à partir de 20h45)
Nocturnes les jeudis jusqu’à 23h.