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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

13 Jun

Expo Duo Contemporain: Key HIRAGA / Tetsumi KUDO

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Duo Show

"Untitled", 1972 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1972 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

Du 2 juin au 29 juillet 2017

 

 

Liées par tant de points communs, il est surprenant que les oeuvres de Tetsumi Kudo (1935- 1990) et celles de Key Hiraga (1936-2000) n’aient jamais été réunies.

D’apparence obscène, leurs univers fantasmagoriques sont frappés par un même traumatisme originel, la même vraie obscénité monstrueusement réelle : la folie atomique, qui bouleversa autant leur vision macroscopique, celle de l’homme dans son environnement terrestre et cosmique, que celle, microcosmique, du corps contemporain, de ses mutations et de son inéluctable morcellement.

"Cultivation of the nature - For Nostalgic Purposes - for Your Living Room", 1971 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Cultivation of the nature - For Nostalgic Purposes - for Your Living Room", 1971 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

"Untitled", 1967 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1967 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

Arrivés à Paris dans la première moitié des années 1960, Kudo et Hiraga se sont manifes- tement heurtés au même mur d’incommunicabilité, d’incompréhension mutuelle profonde, de désirs inassouvissables et de cultures incompatibles.

 

Dès lors, leurs oeuvres expriment une même oppressante sensation de claustration, que Tetsumi Kudo résume en 1976 : « On naît dans une boîte (matrice), vit dans une boîte (appartement) et finit après la mort dans une boîte (cercueil). Au fond, on fabrique soi-même depuis sa naissance jusqu’à sa mort des petites boîtes c’est-à-dire qu’on fabrique des boîtes dans une boîte. Ces petites boîtes sont celles qui enferment nos prières (souhaits) et malédic- tions. »

"Birdcage with Heart", 1975 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Birdcage with Heart", 1975 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

Dans la peinture de Key Hiraga, cet enfermement est celui de la perspective euclidienne, ce carcan qui enserre systématiquement, au tournant des années 1970, ses compositions, littéralement claustrées.

 

Mais, chez Kudo la boîte se transforme en cage, laissant pénétrer le regard, ou pire en aquarium, s’offrant à une surveillance glaçante.

Et Hiraga prend soin de ménager des « fenêtres » (Window est même le titre générique de la plupart de ses peintures de 1964 à 1968, série à laquelle appartient le tableau The Window, daté 1964, conservé au Museum of Modern Art de New York), impressionné qu’il fut paraît-il par Fenêtre sur cour, d’Alfred Hitchcock, ce sommet de voyeurisme sadique.

"Untitled", 1971 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Untitled", 1971 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

"Cultivation", 1970 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Cultivation", 1970 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

Installé dès son arrivée à Paris dans le quartier de Pigalle, il semble que Key Hiraga, venu seul (au contraire de Kudo, qu’accompagnait son épouse, Hiroko), ait vécu difficilement la proximité de la tentation permanente, et sans doute l’impossibilité de décoder ou de répondre aux sollicitations érotiques et à l’évolution des rapports de force hommes/femmes, particulièrement rapide en cette fin des années 1960.

 

Dans l’art de Hiraga comme dans celui de Kudo, ce choc hormonal et civilisationnel se cristallise autour de motifs universels et obsessionnels, qu’un jeu de combinatoire permet d’interroger à l’infini : la pilosité, le sperme, la croix, la fleur, le maquillage, l’oeil, l’oreille… sont autant d’éléments d’identification dont la différence de signification ou d’usage, entre Japon et Occident, leur offre d’exprimer avec vigueur une sépulcrale inquiétude métaphysique, l’incertitude ontologique qui creuse en eux cette béance que la vie terrestre échoue à combler.

"The Elegant Life of Mr. K", 1971 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"The Elegant Life of Mr. K", 1971 de Key HIRAGA - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

"Symbiose", 1976 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck  © Photo Éric Simon

"Symbiose", 1976 de Tetsumi KUDO - Courtesy Galerie Loevenbruck © Photo Éric Simon

Parmi ces symboles, le phallus tient le premier rôle. Organe de reproduction, il fixe ce proces- sus de transformation, de mutation, de mue même, dans lequel le monde, l’homme, l’humain mais aussi plus spécifiquement le masculin, est alors engagé.

En pénétrant au coeur des cellules, les particules radioactives microscopiques rencontrent les chaînes d’ADN qui participent à la reproduction génétique, semant dans l’organisme le germe d’une évolution mortifère de l’espèce.

La critique Anne Tronche a relaté comment Kudo, à l’occasion de performances solennelles, donnait « à repasser des formes phalliques à de jeunes femmes habillées en costume tradi- tionnel, leur [demandait] de distribuer des pénis en cire ornés de rubans pastel avec les gestes cérémonieux réservés à la préparation du thé ».

Commissariat: Stéphane Corréard

Galerie Loevenbruck

6, rue Jacques Callot
75006 Paris

 

http://loevenbruck.com

 

Jours et Horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 11h à 19h.

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