Expo Solo Show: Laure TIXIER « Formes collectives »
Du 22 avril au 3 juin 2017
Val Fourré, Chêne Pointu, Noyer Renard, Chantepie..., cette énumération de noms faisant référence à la faune et à la flore, évoquant des paysages champêtres, est en réalité un inventaire de noms de grands ensembles, des assemblages de barres et de tours d’habitation, regroupant au minimum 800 logements soit 4 000 personnes, construits en France entre 1955 et 1975.
Malgré leur sonorité pastorale, ces toponymes symbolisent tous les maux des villes contem- poraines et cristallisent tous les problèmes sociaux.
Ces noms s’effacent le plus souvent derrière les qualificatifs de quartier sensible, cité, banlieue, zone urbaine prioritaire, no go zone...
À partir d’une résidence au Val Fourré(Mantes-la-Jolie),de projets au Noyer Renard (Athis- Mons) et à Grand Vaux(Savigny-sur-Orge), réactivant les souvenirs d’une enfance passée àla Fontaine du Bac (Clermont-Ferrand), Laure Tixier revient sur la courte histoire de ces grands ensembles, de l’utopie de la modernité qu’ils ont tenté d’être au ghetto devenu leur réalité médiatique sans oublier le paysage rural qui les a précédés.
À travers le prisme des abeilles, elle interroge la manière dont nous décidons (ou dont on décide pour nous) de vivre ensemble, par quels processus, à travers quels systèmes, dans quelles formes mais aussi dans quel rapport au paysage.
Formes collectives se déploie en aquarelle, céramique, installation, vidéo, en autant d’oxymores construits en opposition entre la modernité (et sa disqualification) et la préciosité, la minutie avec lesquels ces matériaux sont employés.
La série Les essaims composée de trois aquarelles, propose un chemin du logement collectif, du modernisme d’avant guerre aux grands ensembles. Ce qui semble, de loin, être des formes géométriques, se transforme, lorsque l’on s’approche, en nuages vibrants d’une multitude d’abeilles.
Ces essaims ont ici adopté successivement la forme de l’immeuble des Amiraux d’Henri Sauvage (Paris18e arrondissement, 1922), de la Cité Radieuse de Le Corbusier (Marseille, 1952), et d’une des tours Degas de Raymond Lopez au Val Fourré (Mantes-la-Jolie, 1972).
Aux essaims, viennent s’ajouter Les ruchers composés des ruches-maquettes de ces trois bâtiments. Réalisée en bois avec des cadres standards, la ruche-maquette de la tour Degas du Val Fourré détruite par implosion en 2006, est habitable par les abeilles.
Ces possibles ouvrières succèdent aux ouvriers des usines Renault pour qui ce grand ensemble, l’un des plus grands construit en France, a été pensé.
Le travail avec les habitants du quartier, commencé en 2014 par Laure Tixier avec la série de broderies Radar au fil du temps(présentée en 2016 dans l’exposition «Unravelled»au Beirut Art Center), lui a permis de rassembler des récits pointant le mélange aigu de traumatisme et de soulagement qu’ont été les destructions de tours lors de la rénovation urbaine dix ans plus tôt. Si des perspectives ont pu apparaître dans ce quartier clos sur lui-même, des pans de vie ont été pulvérisés en quelques secondes, en direct des journaux télévisés.
Plus loin, un ensemble de deux ruches en faïence rappelle les débuts de l’histoire de l’apiculture où l’homme s’est emparé d’un essaim pour le glisser dans une poterie.
La poterie n’est plus ici ovoïde mais emprunte le vocabulaire de ces grands ensembles, la tour et la barre, le rectangle debout et le rectangle couché.
Galerie Polaris
15 rue des Arquebusiers
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.