Exposition Photographie Contemporaine: Andrès SERRANO
Du 7 octobre 2017 au 14 janvier 2018
De formation classique, Andres Serrano, « artiste avec un appareil photo », comme il aime à se définir lui-même, tient des grands maîtres anciens de la Renaissance et du Caravagisme jusqu’à ceux de l’art moderne une part évidente de son éloquence picturale.
En vertu de cet héritage, ses œuvres dialoguent aisément avec les tableaux du Petit Palais, et proposent ainsi une confrontation édifiante entre l’ancien et le contemporain.
"Ryan Mc Mahon and Shelley Cornetta Mc Mahon (The résidents of New York)", 2014 de Andres SERRANO © Photo Éric Simon
À travers l’œil de l’artiste américain, le public est ainsi invité à découvrir autrement les collections éclectiques du musée. « Si provocation il y a chez Serrano, c’est qu’il exige de nous que nous regardions, droit dans les yeux, ce qu’on a aujourd’hui tendance, de plus en plus, à écarter, à ne pas vouloir savoir, et ne pas envisager. » Daniel Arasse, Les Transis, 1992.
Le parcours de l’exposition Andres Serrano s’ouvre ainsi sur les œuvres de la série Torture (2015) et Blood on the Flag (2001), réalisée au lendemain du 11 Septembre, qui, en écho au décor républicain de la voûte de la galerie nord, montrent combien l’art peut être porteur d’un message politique.
Les portraits des séries Nomads (1990), Residents of New York (2014) et Denizens of Brussels (2015) accueillent ensuite le visiteur dans la grande galerie de peintures, et sont présentés en pendant des grands tableaux réalistes de Courbet et Pelez.
"Soeur Jeanne Myriam, Paris (The Church)", 1991 de Andres SERRANO - Collection Guillaume Durand © Photo Éric Simon
Ces portraits monumentaux d’exclus de la société résonnent ardemment avec la crise des réfugiés, et le repli identitaire occidental actuel. Le public découvre ainsi Andres Serrano comme un artiste humaniste, alerte sur notre époque, nous questionnant sur des thématiques universelles qui reflètent l’esprit de notre temps.
La peinture religieuse est également l’une des grandes sources d’inspiration d’Andres Serrano, comme le montrent ses œuvres des séries The Morgue(1992) ou Holy Works (2011) confrontées aux toiles de Gustave Doré, Benjamin Constant et William Bouguereau.
"Donald Trump (America)", 2004 de Andres SERRANO - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Jewel-Joy Stevens, America's Little Yankee Miss (America)", 2003 de Andres SERRANO - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Klanwoman, Grand Kaliff (The Klan)", 1990 de Andres SERRANO - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
Grand portraitiste, Andres Serrano immortalise la société américaine depuis plus de trente ans, avec ses séries telles que Native Americans (1995-1996), America (2001-2004), ou encore Cuba (2012), qui alternent ici avec les portraits peints du XVIII ème siècle jusqu’à ceux de la Belle Époque.
Au rez-de-chaussée, les images singulières, et parfois ambivalentes, des séries The Interpretation of Dreams (2001), The Klan (1990), ou Objects of Desire (1992) nous permettent de regarder autrement les collections historicistes et symbolistes du Petit Palais.
Andres Serrano, préoccupé par les mythes et les souffrances universels, et les contradic- tions qu’ils soulèvent dans une société contemporaine en pleine mutation, nous apporte son regard à la fois critique et indulgent, nous mettant face à nos propres questionnements, peurs, contradictions, et fantasmes.
"Salvator Mundi (HolyWorks)", 2011 de Andres SERRANO - Courtesy Galerie Nathalie OBADIA © Photo Éric Simon
"Hercules Punishing Diomedes, Part I and II (Immersions)", 1990 de Andres SERRANO © Photo Éric Simon
L’intensité expressive des portraits et des mises en scène des séries The Church (1991), Holy Works (2011), et Jerusalem (2014), présentées en regard des collections Renaissance et Baroque, amène le visiteur à s’interroger davantage sur les sujets des chefs-d’œuvre du musée.
Enfin, les œuvres de la série Immersions (1987-1990), présentées dans la salle des Antiques, parachèvent un parcours qui remonte le temps. « Mon travail est dans les yeux du regardeur. La manière dont vous regardez les gens que je photographie en dit plus long sur vous que sur moi. Mon travail est un miroir, un reflet dans lequel vous pourrez vous observer. »
Andres Serrano.
Commisariat: Susana Gállego Cuesta, conservatrice en chef, chargée du service des ex-positions du Petit Palais, sur une proposition de Constance Dumas, directrice de la Galerie Nathalie Obadia à Bruxelles.
Petit Palais
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