Exposition Sculpture Contemporaine : Linda SANCHEZ « Les écarts serrés »
Du 1er septembre au 25 septembre 2018
La Galerie Papillon est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Linda Sanchez à la galerie dans le cadre du partenariat pour la bourse Révelations Emerige 2017.
Pour cette exposition, l’artiste présentera un corpus d’oeuvres dans la continuité de lignes de travail définies auparavant, dont les mouvements, les mécaniques et les formes s’articulent et fédèrent un ensemble, entre géométrie dans l’espace et physicalité.
Linda Sanchez est une artiste solidement outillée. Et je ne parle pas seulement des instru- ments, ustensiles et autres appareils manufacturés ou inventés de toutes pièces dont elle fait usage pour la fabrication de ses œuvres.
Mais plutôt de l’appareillage langagier qui sert de script comme l’on parlerait de fondations dans le secteur du bâtiment à l’ensemble de sa production.
Car structurellement parlant, les sculptures et objets de cette artiste née en 1983 se lisent volon- tiers comme autant de signes d’une partition qui ne dit pas son nom.
Aussi, si le paysage qu’offre la réunion de ses sculptures semble au premier abord quelque
peu atone ou aphone impression sans doute lié à la palette uniforme, pâle et cireuse, de
ses sculptures-
c’est au contraire face à une communauté discrètement bavarde qui bruisse de mille histoires et d’autant de signifiants que nous nous tenons.
Prenez par exemple cette œuvre, posée en équilibre dans la première salle de l’exposition.
"C’est une virgule" assure l’artiste, le résultat d’un geste puissant mais moins définitif qu’un
point à la ligne, qui consista à soustraire une la(r)me de terre d'un bloc compact.
Cette sculpture, aussi discrète dans l’espace que la ponctuation dans une phrase, fonctionne comme une respiration après la production de son ainée présentée dans la seconde salle. Intitulée Le lacet, "qui m'évoquait aussi le verbe lacérer" précise Linda Sanchez dans un impensé lacanien, cette pièce autoportante à échelle humaine est une prouesse technique.
Imaginez une grosse motte de glaise que vous venez trancher à l’aide d'un fil. La même chose dans une motte de beurre.
Imaginez maintenant que cette motte fasse près de deux mètres de haut et que le fil à découper soit proportionnel à ce monstre de terre. C’est cette portion congrue, cette mince artiste a moulée et extraite. "C’est une faille matérialisée"résume cette dernière avec un certain sens de la formule à tiroirs.
"Les sourdines", 2018 de Linda SANCHEZ et Baptiste CROZE - Courtesy Galerie Papillon © Photo Éric SIMON
La réversibilité, les notions d’envers et d’endroit, de pli et de repli, de plein et de creux font
partie du champ lexical de cette artiste d’atelier qui présente ici une collaboration avec
l’artiste Baptiste Croze avec lequel elle poursuit depuis quelques années un travail et une vie "
en porosité", comme elle le dit joliment.
Or, cette nouvelle famille de sculptures enduites puis poncées jusqu’à l’os, se lit justement comme la manifestation très matérielle d’une perméabilité. Baptisées Les Sourdines, elles dissimulent sous leur manteau neigeux raclé à vif des matériaux de bricolage et de construction qui sont de fait comme atténués par cette double opération de masquage/déshabillage. Chaque objet est composé de crêtes, de lignes et des creux. C’est cette topographie que les Sourdines révèlent.
Les barquettes alimentaires en aluminium, une fois défroissés à la main dans un effort long
et fastidieux qui vient contredire la brutalité et la rapidité de la production industrielle,
révèlent, elles aussi, leur lot de surprises.
On pourrait les prendre de loin pour des tests de Rorschach cabossés. De près, elles jouent tantôt la carte tautologique lorsque même sèchement aplatie la forme initiale conserve ses proportions de poissons schématiques ou ménagent au contraire leurs effets quand se révèle, à la faveur d’un dépliage patient et soigneux, une excroissance que la machine n’avait fait que masquer.
L’exposition tout entière est un hommage à la plasticité du langage et de la matière. Intitulée « Les écarts serrés », elle fonctionne comme un vaste oxymore. Où l’on entre avec Linda Sanchez dans l’épaisseur des choses, quand elles s’en tiennent pourtant souvent à des effets de surface.
Où l’on croit d’abord à une cartographie d’un monde d’objets autistes et mutiques quand ces derniers se révèlent finalement d’une grande volubilité.
Claire Moulène
Née en 1983 à Thonon-les-Bains. Vit et travaille à Marseille.
Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art Annecy Alpes en 2006 puis 2015 (DSRA), Linda Sanchez effectue de nombreuses résidences, des workshops et des collaborations qui lui permettent de développer sa recherche.
Galerie Papillon
13 rue Chapon
75003 Paris
http://galeriepapillonparis.com
Jours et horaires d’ouverture: du Mardi au samedi de 11h à 19h.