Expo Duo Show: Daïchi MORI & NIETO « Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi »
Détail de l'emaki "‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Du 22 novembre 2018 au 12 janvier 2019
La Galerie Da-End présente pour la toute première fois au monde le travail de l’artiste japonais Daīchi Mori (大一 森), à l’occasion d’une exposition collaborative avec le vidéaste franco-colombien Nieto (1979-).
Daīchi Mori est un dessinateur autodidacte à la biographie pour le moins elliptique. C’est au cours d’un récent voyage dans l’archipel nippon que Nieto a eu vent du talent subversif de cet artiste farouche qui produit en secret une œuvre picturale aussi ambitieuse que déconcertante.
Image tirée du documentaire "Grand mère de Daïchi MORI" Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Grâce au concours de la grand-mère de Mori, Nieto se voit confier plusieurs œuvres originales de ce dernier en vue de les exposer en France. Ebloui par la qualité de ce legs, il propose alors de réaliser le portrait de l’artiste sous la forme d’un court documentaire. Ce reportage hors normes, tourné non sans mal, sera ici projeté en avant-première.
Outre les données personnelles éclairant le parcours de ce personnage singulier, c’est avant tout la richesse de son grand œuvre graphique dont il sera question : ‘‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ est un manga fleuve de type emaki (rouleau peint à la narration horizontale) auquel Mori se consacre depuis de nombreuses années.
"Mille reflets de mon visage dans la prunelle d'une mouche", 2018 de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Détail de l'emaki "‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
"Le masque d'Emiko"", 2018 de Daïchi MORI et NIETO - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
L’épopée grand-guignolesque relate les aventures d’un jeune enfant perdu dans les jungles profondes de Mandchourie au début des années 1930. Sa présence soudaine engendre une complète anarchie dans le monde primitif jusqu’alors parfai- tement organisé des animaux de la faune locale.
Doté d’une saisissante beauté, l’enfant fait naître chez les singes, tigres, tamanoirs et amphibiens l’envie et le désir de possession, entre autres passions originellement humaines. Son visage, objet de toutes les convoitises, devient la cible de mutilations incessantes que Mori vient consigner dans des estampes bichromes foisonnantes de détails.
Ces excentricités picturales, aux motifs obsessionnels, semblent en directe filiation avec les univers fantastiques d’Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), Itō Jakuchū (1716- 1800) ou horrifiques de Kazuo Umezu (1936-) et Suehiro Maruo (1956-). S’inspirant du bestiaire folklorique japonais, Mori développe au fil de ses œuvres une cosmogonie dédaléenne et anticonfor- miste à laquelle Nieto vient adjoindre tout son propre savoir faire en matière de scénographie et d’animation vidéo.
Détail de l'emaki "‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Détail de l'emaki "‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Détail de l'emaki "‘Engloutir l’Univers, excrémenter une fourmi’’ de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Projection vidéo sur papier "Sans titre", 2018 de Daïchi MORI et NIETO - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Tour à tour réalisateur, plasticien, metteur en scène aguerri aux immersions fictionnelles, Nieto apporte ici à l’univers de Mori une ampleur sans pareil. Usant avec brio de projections, procédés holographiques et autres artifices scéniques, il vient en démiurge donner vie aux images acides du dessinateur.
Son oeil unique met en lumière ce qui aurait pu, sans son concours, demeurer au-delà de notre entendement, enfoui dans l’écheveau intriqué du scénario natif.
Confrontés sans filtre aux visions délirantes de leurs doubles fantasmagories, l’on pénètre comme pris au piège dans ce monde fascinant déployé par les deux artistes.
"Mille reflets de mon visage / Dans la prunelle d'une mouche", 2018 de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
"Mon crachat grésille de haine / En éteignant ta braise" de Daïchi MORI - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Projection vidéo sur papier "Sans titre""Sans titre", 2018 de Daïchi MORI et NIETO - Courtesy de l'artiste et Galerie Da-End © Photo Éric Simon
Louis-Ferdinand Nieto Peralta Adams del Rio Siete Colores est né en 1979 en Colombie. Il fut d'abord élève séminariste, mais se passionnant pour les sciences naturelles, la linguistique et la psychanalyse, Il fonde dans son pays d’origine un mouvement artistique nommé "El Perversionismo" influencé par les théories du philosophe latino-américain Francisco Flores. Il poursuit des études à L’Université del Valle à Cali où il obtient en 2001 une Maîtrise en Psycholinguistique.
Arrivé en France en 2002, il fréquente les atelier de Claude Closky et de Pat Andrea à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, d’où il est expulsé en 2008. Il effectue une année de post-diplôme à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris. Son film/performance de fin d’études, « Carlitopolis » attire l’attention des festivals, des hare-krishnas et des publicitaires.
En 2009 il dirige un protocole expérimental sur la communication animale au Japon. En collaboration avec le primatologue Dr. Shibuya, ils développent des techniques d’enseignement du langage cinématographique à un singe nommé «Capucine». Le succès de cette expérience a valu à Capucine le titre de premier singe réalisateur au monde.
Depuis 2013 il met régulièrement en scène des opéras dirigés par l’ensemble «Le Balcon».
Galerie Da-End
17, rue Guénégaud
75006 Paris
www.da-end.com
Jours et Horaires d’ouverture : Du mardi au jeudi de 14h à 19h et les vendredis et samedis de 11h à 19h.