Exposition Céramique Contemporaine: ZHUO QI « Y’a des jours comme ça »
Du 26 janvier au 23 février 2019
Zhuo Qi est originaire de Chine (Fuxin), et se rend régulièrement à Jingdezhen, une ville envahie par la céramique qui génère aussi des montagnes de débris dans lesquels il puise souvent sa matière première.
Après les Beaux-arts du Mans, et la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève, il approfondit ses recherches sur la céramique à l’Ecole nationale supérieure d’art de Limoges et conduit ses expériences dans les fours des manufactures.
Zhuo Qi nourrit son œuvre des incompréhensions linguistiques et sémantiques dont il est témoin, et parfois victime, en tension entre la culture chinoise et la culture occidentale : « Je n’ai pas d’autres choix que de composer avec ces malen- tendus, si courants. Ils sont l’opportunité d’élargir le langage, de jouer sur les sens et les signes. Je n’invente rien, je transforme et me saisis seulement de ce qui vit déjà dans l’imaginaire collectif ».
Le rapport à la langue et au non-sens sont ainsi les éléments constitutifs de la démarche de Zhuo Qi, qui naviguant d’une langue à l’autre, donne forme aux malentendus.
Il combine les savoir-faire chinois et français pour développer une technique qui lui est propre : une utilisation radicale et performative de la porcelaine.
Elle est à la fois le matériau et le sujet. Il transforme et malmène les formes traditionnelles du céramiste pour réaliser des sculptures déconcertantes, radicalement étrangères à la fonction usuelle des objets qu’il fabrique, collectionne ou restaure. L’esprit iconoclaste de l’artiste se moque de la « délicate porcelaine » en lui incorporant des objets improbables (ours en peluche, briques, etc.).
Avec l’ensemble « J’ai allumé un vase », il l’attaque à coup de pétard, mêlant deux pratiques emblématiques de la culture chinoise : la technique traditionnelle de la céramique et l’usage populaire des pétards célébrant le
calendrier chinois.
Présentée à la galerie, les chaises en porcelaine imitant le bambou illustrentce principe du détournement. L’artiste est parti des chaises en bambou populaires de la région de Jingdezhen. Il se joue de la robustesse du matériau d’origine en créant des chaises « fatiguées » qui s’affaissent sousleur propre poids à la cuisson, se métamorphosent en « idée de la chaise » et ne représentent plus que le matériau bambou et sa portée universelle dans la culture chinoise : arbre, matériau de construction, aliment, support et instrument de l’écriture, motif de la peinture traditionnelle...
En 2018, dans le cadre d’une résidence au Centre céramique contemporaine La Borne, Zhuo Qi a instrumentalisé le vase, l’objet par excellence du travail de potier. L’artiste a imaginé le projet à partir d’un constat vécu : un vase peut « survivre » à sa chute lorsqu’il contient des fleurs. Il propose alors une série de vases renversés, déformés, d’où jaillis- ent contre terre (et toujours en céramique), fleurs, branches, tiges et pétales. Là encore, l’artiste vide de son sens le conventionnel bouquet de fleurs érigé sur la table et bouscule l’art de vivre.
Il faut voir en Zhuo Qi, la posture d’un artiste iconoclaste des langages et dessymboles mais se nourrissant de plusieurs héritages artistiques. « Y’a des jours comme ça » nous confronte à la vision d’une céramique imparfaite, image d’un « ratage » contemporain assumé.
"Méditation", 2018 de ZHUO QI En collaboration avec Georges Sybesma dans le cadre de la résidence La Borne - Courtesy Galerie Les filles du calvaire © Photo Éric Simon
ZHUO QI est Né en 1985 à Fuxin (Chine). Il vit et travaille à Paris (France). Depuis la fin de ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Limoges en 2014, son travail a été présenté au sein de plusieurs expositions.
En 2017, son travail a été présenté dans l’exposition collective ‘Métamorphose de l’ordinaire’ à la galerie Les filles du calvaire à Paris.
Galerie LES FILLES DU CALVAIRE
17 rue des filles du Calvaire
75003 PARIS
https://www.fillesducalvaire.com
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11H à 19H.