Exposition Photographie Contemporaine: Boris MIKHAÏLOV "FotoZeit Salzau, 1996 - Soviet Collective Portrait, 2011 - When My Mama Was Young, 2012–2013
Série "When My Mama Was Young", 2012–2013 de Boris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon
Du 9 février au 9 mars 2019
When My Mama Was Young
Le fait de penser tout le temps au passé soulève la question de la « permission». Je me demande sʼil est possible de «retourner» dans le passé pour y créer quelque chose qui lui corresponde.
Ce pourrait être une fiction, bien sûr... Mais ce serait très intéressant dʼessayer de cerner la notion même de danger et ce que permet lʼépoque. Le temps passe et il reste le pur souvenir. Jʼai cherché à déterminer le degré de permissibilité.
Les jeunes oublient tout... Les souvenirs se perdent... Ce livre nʼexiste pas.
Il était intéressant de découvrir des moments, de découvrir quelque chose de nouveau dans le passé... Et cette nouveauté devait correspondre aux anciens critères soviétiques. Il était intéressant dʼessayer de créer un portrait soviétique collectif. C’était une sorte de test, comme une tentative de transmission à la communauté aujourd'hui.
Séries "FotoZeit Salzau VII", 1996-1997 Boris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon
Séries "FotoZeit Salzau", 1996-1997 Boris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric SimonBoris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon
Quelle était mon intention ?
Montrer, transmettre une angoisse (la peur), faire le récit photographique de la vie de l'époque. Beaucoup de sentiments de cette époque, je les ai connus toute ma vie. Et ce passé était intéressant pour moi, et était écœurant aussi... Mais jʼen suis sorti...
Pourquoi vouloir y retourner ?
Lʼune de mes envies était de faire les photographies qui nʼont pas été prises à cette époque. Je nʼai pas essayé de photographier un «événement». Jʼai essayé de photographier le sentiment qui s'en dégage... lʼATMOSPHÈRE.
Est-il possible aujourdʼhui de prendre des photos du passé?
Au cinéma, cʼest possible, en peinture, on peut... Il est possible de faire un livre, de faire des photographies mises en scène...
Mais quand on touche à la vérité, tout commence à trembler. On ne sait pas ce qu'est la vérité, et ce quʼelle nʼest pas... Quel mot étrange, «vrai».Il y a une sensation du passé dans ce tremblement actuel.
Mais la question reste posée: le photographe peut-il, doit-il, faire des photos du passé?
Aujourdʼhui il pourrait, apparemment... Et cʼest parce que la photographie continue aussi à trembler quʼun traitement informatique remplace la vérité. Et le tremblement devient un des principes esthétiques.
Drapeau rouge sur le Reichstag... Cette photo a été prise quelques jours après les évènements... et elle semble vraie! Même prise une semaine plus tard, elle serait encore vraie...
Série" Soviet Collective Portrait, 2011 de Boris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon
Série" Soviet Collective Portrait, 2011 de Boris MIKHAÏLOV - Courtesy Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon
Quelle distance temporelle doit séparer l'événement du moment où est prise la photo, pour que celle-ci soit vraie ?
Pour moi, cette série a commencé à fonctionner quand les photographies prises dans un passé artificiel [durant le tournage du film «Dau» (2007) d'Ilya Khrzhanovsky] sont associées aux photographies prises maintenant ou depuis longtemps. Cʼest comme si je réduisais la distance temporelle.
Une autre raison de ressusciter le passé, cʼest de le comparer avec le présent. Essayer de comparer la vie dʼautrefois et celle dʼaujourdʼhui.
Si on compare lʼancien et lʼactuel, il se trouve que le pire se trouve dans le présent. Lʼaggravation vécue aujourdʼhui est comparable.
En mélangeant le passé fictif avec le passé et le présent réels, on parvient à un total, à une combi- naison représentative de l'époque, à laquelle on peut relier le moment présent.
La réalité de substitution et la fiction du réel, inscrites dans différentes périodes, cʼest la proposition que je peux faire à notre époque actuelle. Et Maman est la raison de parler de tout cela.
Boris Mikhaïlov, 2013
(Traduction : Jeanne Bouniort)
*Remerciement : Ilya Andreevich Khrzhanovsky
Boris MIKHAÏLOV est né en 1938 à Kharkov, Ukraine. Il vit et travaille entre Kharkov et Berlin.
Galerie SUZANNE TARASIEVE
7, rue Pastourelle
F-75003 PARIS
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h