Exposition Peinture Contemporaine: Sarah JÉRÖME «Tempus Fugit »
Du 16 mars au 27 avril 2019
Une cohorte de pieds et de jambes en jupons foule un parquet jonché de fleurs rouges et roses. Les figures anonymes semblent prises dans une course enjouée, une fuite audacieuse.
Ailleurs, l’on devine deux femmes portées dans les airs par des hommes en costume. La brillance du cuir noir de leurs chaussures tranche avec la chair pâle des jambes nues. De ces personnages sans visage qui peuplent la série ‘Fugue’, nous ne saurons rien. Ce n’est en effet pas leur identité qui intéresse Sarah Jérôme mais ce que l’image symbolise : le mouvement des corps, l’effort physique, une course contre le temps teinté de nostalgie.
Le propos des œuvres, présent en creux, devient secondaire face au travail de recadrage opéré par l’artiste. En amenant l’œil à se concentrer sur un détail précis, Jérôme suspend le temps de l’action et déplace la signification de l’image-source de manière à mettre en question notre propre interprétation. Le hors champ devient ainsi le lieu de nouvelles perceptions distendues du sujet.
Les œuvres de la série ‘Solace’ nous narrent en parallèle l’histoire plus immédiate d’une femme aux paupières closes, et celle d’un homme se tenant debout derrière elle, les bras croisés sous sa poitrine. Il la soulève de manière à maintenir son corps flottant au-dessus du sol, tel un pantin désincarné.
L’image, puissante dans ce qu’elle transcrit des rapports dualistes entre hommes et femmes, prend sa source dans l’univers de la danse, discipline à laquelle Sarah Jérôme a consacré une décennie de sa vie, et qui reste inscrite de manière très prégnante dans son imaginaire et sa pratique artistique.
En cette année 2019 qui marquera le 10ème anniversaire de la disparition de la chorégraphe allemande Pina Bausch et le 350ème anniversaire de l’Opéra de Paris, Sarah Jérôme (née en 1979) rend hommage à l’occasion de sa nouvelle exposition personnelle au génie visuel de celle qui inventa au milieu des années 1970 le genre pionnier de la danse-théâtre.
« Le regard que Pina Bausch porte sur les personnages est comme un scalpel qui taille à vif dans la chair et les âmes, » explique Sarah Jérôme.
« De Kontakthof et Nelken, j’ai capturé des images pour ce que ces pièces racontent du désordre des esprits, des contradictions des êtres et de l’absurdité des relations humaines dans un monde qui tourne en rond mais ne tourne pas rond. » Il est finalement à nouveau question dans ce corpus d’œuvres de poreuses frontières entre le bien et le mal, et partout la tendresse de l’étreinte flirte bord à bord avec l’ombre d’une menace.
Galerie DA-END
17 rue Guénégaud
75006 PARIS
Jours et Horaires : Du mardi au jeudi de 14h à 19h et les vendredis et samedis de 11h à 19h.