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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

12 Jun

Exposition Peinture Contemporaine: Lea BELOOUSSOVITCH

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

Relatives - "Dhaka, Bangladesh, 21 février 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relatives - "Dhaka, Bangladesh, 21 février 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Du 4 mai au 29 juin 2019

 

 

 

Deux ans après sa première exposition «Remanences» au sein du PBProject, La Galerie Paris-Beijing a le plaisir d’annoncer la nouvelle exposition personnelle de Léa Belooussovitch.

Léa Belooussovitch, « le carême des images », par Gaël Charbau

 

Lors d’une conversation récente, Léa Belooussovitch me confiait que le public lui réclamait souvent de voir les photogra- phies originales dont sont tirés ses dessins sur feutre. C’est une demande qu’elle a toujours refusée et pour cause, puisque cette série consiste justement à présenter une image par l’intermédiaire d’un travail artistique pensé à l’inverse de l’esthétique de ces clichés qui nous assaillent quotidiennement.

Relatives - "Valencia, Venezuela, 28 mars 2018" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relatives - "Valencia, Venezuela, 28 mars 2018" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Rappelons-en le principe : à partir d’une image particulièrement violente -ou, devrait-on peut-être plutôt dire, correspondant à la violence quotidienne à laquelle nous nous sommes habitués– trouvée dans les médias et issue de l’actualité, Léa Belooussovitch en fabrique une copie, un double, une alternative. Elle fait subir à cette image une série de transforma- tions qui la déconstruisent définitivement.

 

Tout d’abord, elle la recadre en ne se concentrant que sur un détail dont elle modifiera inévitablement l’échelle dans son format final. Ensuite, plutôt que de verser dans un hyperréalisme revenu dans l’air du temps, elle produit cette nouvelle image sur un support inattendu : le feutre. Loin de l’aspect glacé des magazines ou lissé de nos écrans, ce matériau fibreux exploité depuis l’antiquité convoque immédiatement une sensualité, une « corporéité par défaut » pourrait-on dire, puisqu’il sert avant tout à protéger du froid (1). Enfin, ce support se dégrade naturellement sous l’effet des coups de crayons dont l’artiste couvre sa surface.

Relatives - "Christchurch, Nouvelle-Zélande, 17 mars 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relatives - "Christchurch, Nouvelle-Zélande, 17 mars 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Aux impressions nettes et piquées de l’image originale, le rendu devient ici duveteux, velouteux, presque poudreux, formant des nuages de couleurs se fondant les uns dans les autres, à tel point que sans en connaître l’origine, on jurerait regarder une image purement abstraite. Ces trois opérations, recadrage, changement de support et « rematérialisation », arrachent non seulement les images à leur contexte médiatique, mais aussi à leur destination.

 

C’est un peu comme si Léa Belooussovitch se muait en une sorte de ravisseur, et il faudrait l’entendre dans les deux sens que l’on pourrait prêter à ce terme : capturer, mais aussi pourquoi pas ravir, dans le sens d’enchanter.

Relatives - "Nairobi, Kenya, 16 janvier 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relatives - "Nairobi, Kenya, 16 janvier 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Ces clichés d’actualités, crus et jetés à nos regards -scènes de guerre, images de réfugiés, attentats- l’artiste les sélection- ne la plupart du temps parce qu’elles exposent des victimes saisies, malgré elles, sur le vif. Ce que crée l’oeil mécanique ou numérique dans les mains du photographe, c’est un théâtre, une scène qui intègre à l’avance notre réaction évidemment pleine d’émotion, dans le temps figé d’un instantané.

 

A l’inverse, le temps long que l’artiste consacre à ses activités, celui où d’abord elle épluche les médias pour trouver ces images, puis celui de leur métamorphose en œuvres dessinées, pourrait correspondre à une entreprise de réparation. Comme si le temps de l’atelier devenait celui de la guérison, un pas en arrière du trop-visible, une forme d’économie et pourquoi pas, d’écologie du regard.

Relative - "Israël-Gaza border fence, 28 février 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relative - "Israël-Gaza border fence, 28 février 2019" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

La nouvelle série « Executed Offenders » (2019) procède d’une même logique de gestes, où le déplace- ment du point de vue tout comme le temps que l’artiste consacre à la réalisation de l’oeuvre semblent offrir comme un dépaysement –comme on le dit des affaires judiciaires- de notre jugement.

 

Léa Belooussovitch reproduit dans cette série les dernières paroles de condamnés à mort de l’Etat du Texas, recueillies avant le début de la procédure. Ces derniers mots sont recensés, sobrement et administrativement depuis plusieurs années sur le site internet du Texas Department of Criminal Justice. Dans ce crépuscule du langage, les détenus y crient leur innocence, demandent pardon ou adressent leurs dernières pensées à leur famille…

Relative - "Gaza strip, 17 octobre 2018" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Relative - "Gaza strip, 17 octobre 2018" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Sur des grandes feuilles de papier, l’artiste recopie soigneusement à l’aide d’un pochoir, lettre par lettre et au stylo à bille, les quelques phrases prononcées. Cette technique manuelle et fastidieuse provoque de légers écarts d’interlettrage, de subtils décalages d’alignement des caractères apparaissent.

 

La typographie choisie par l’artiste est linéale, proche du caractère Helvetica tandis que les textes sont présentés sur des grandes feuilles blanches sans recherche particulière de mise en page. Aucun effet n’est visible, mis à part ces petits accidents d’approche qui trahissent une exécution artisanale Or, c’est justement dans l’extrême réduction de la proposition que l’artiste parvient à concentrer cette émotion que nulle image ne pourrait rendre, dans ces mots parfois naïfs ou difficiles à comprendre, et grâce auxquels on se figure par défaut le visage d’un condamné jugé pour des atrocités commises : une empathie par delà le bien et le mal.

Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Sans ériger une quelconque morale, les œuvres de Léa Belooussovitch empruntent ainsi une sorte d’esthétique de la rédemption, comme si son travail consistait à délivrer les clichés ou les documents qu’elle collectionne des pulsions de voyeurisme qui ont façonnées notre relation aux images. Plutôt que de crier plus fort, plutôt que de surjouer les codes de la communication visuelle, elle fait comme régresser l’image, elle la replie dans une approche mentale, tenant à distance les démons de l’immédiateté et du sensationnel pour nous installer dans le temps plus long, plus responsable de la contemplation, sans rien sacrifier à ce mystère de montrer et de voir, qui est le propre de notre humanité.

[1]  Dans l’art, on pense bien sûr à son utilisation récurrente dans l’oeuvre de Joseph Beuys, qui a exploité les qualités protectrices et isolantes de ce matériau naturel, ou aux sculptures de Robert Morris qui jouent sur le poids et la souplesse de cette matière…

Gaël Charbau – Avril 2019

"Lahore, Pakistan, mars 2016"  de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

"Lahore, Pakistan, mars 2016" de Léa BELOOUSSOVITCH - Courtesy Galerie Paris Beijing © Photo Éric Simon

Née à Paris en 1989, Léa Belooussovitch vit et travaille à Bruxelles. Après l’obtention d’un master en dessin à l’ENSAV La Cambre en 2014, elle est nommée pour l’édition 2016 du Prix Révélations Emerige. Elle est lauréate 2018 du prix Jeunes Artistes du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Galerie Paris Beijing

62 rue de Turbigo

75003 Paris

 

 

http://www.galerieparisbeijing.com/fr/galerie-paris-beijing/

 

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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