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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

16 Sep

Exposition Peinture Contemporaine: Romain BERNINI « Ailleurs et dans un autre temps »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

"Honey, I sure Miss you", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Honey, I sure Miss you", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

Du 7 septembre au 5 octobre 2019

 

 

Lʼhistorien dʼart Daniel Arasse avait coutume de dire quʼil fallait savoir attendre que «la peinture se lève». Autrement dit quʼelle se révèle, quʼelle vienne à nous pour lever un pan de son voile. Face aux peintures de Romain Bernini, jʼai souvent lʼimpression de voir ce chemin se faire à même la toile: sans attendre trop de notre patience, quelque chose vient au-devant de nous, une figure ou un événement.

 

Et peut-être chez lui la peinture se fixe, sʼarrête dans le moment de ce surgissement, de ce quelque chose qui vient, qui advient. Jʼai lʼimpression que tout lʼart de Romain Bernini, cʼest de faire venir. Dans sa dernière série peut-être plus encore que dans dʼautres, quatre Vénus préhistoriques se détachent sur un fond abstrait et multicolore. Elles viennent de loin, depuis un monde sans âge, dʼune primitivité lointaine. Et lʼartiste les fait venir au premier plan, renversant lʼordre linéaire du temps, lʼanté-figure passant devant la période abstraite, au point quʼelles en deviennent par moments presque pop.

"Dress Sexy at my Funeral", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Dress Sexy at my Funeral", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Blind Dream", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Blind Dream", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Sans titre", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

Tout dans cette exposition consiste à faire venir. Faire venir la sculpture dans la peinture, avec ses ombres, ses reliefs et son volume détourés dʼun fond vibratoire. Faire venir le féminin: obscurs objets du désir, démesurément agrandies quand elles sont à lʼorigine minutieusement taillées, mystères de la Préhistoire tant on ignore tout encore de ces figurines et des usages religieux ou votifs qui en étaient fait, ces Vénus premières marquent lʼarrivée de la figure féminine dans son œuvre. Ou encore, par le biais dʼun rideau blanc qui lui sert de chiffon, sur lequel lʼartiste essuie ses pinceaux ou essaie ses touches de couleur comme sur une palette: faire venir lʼatelier dans le white cube de la galerie.

 

 

On sait combien le marché favorise aujourdʼhui un certain «retour en force» de la peinture. Mais on pourrait dépasser cette remarque conjoncturelle en faisant état dʼun état jouissif de la peinture actuelle dont Romain Bernini me semble offrir un exemple éclatant : chez lui,comme par exemple chez Ida Tursic et Wilfried Mille, les figures érotisées ou les exubérances exotiques de ses jungles artificielles sont des détours et des manières de célébrer lʼart de la peinture.

Voyez comme ici Romain Bernini dit la sensualité de lʼacte de peindre, et combien par ses Vénus préhistoriques nimbées dʼabstraction il touche à la question de lʼaura, cette aura que la photographie a perdue selon Walter Benjamin et que la peinture contemporaine sʼattache à retrouver.

"Pangolin", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Pangolin", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Porc-épic", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"Porc-épic", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

Voyez comme ici Romain Bernini dit la sensualité de lʼacte de peindre, et combien par ses Vénus préhistoriques nimbées dʼabstraction il touche à la question de lʼaura, cette aura que la photographie a perdue selon Walter Benjamin et que la peinture contemporaine sʼattache à retrouver.

 

A lʼinverse dʼune génération antérieure de peintres aux couleurs fades, éteintes (Luc Tuymans ou Michael Borremans, véritables maîtres du spectral), tandis que chez dʼautres les coulures tristes disent la nostalgie de la «grande peinture» qui régnait hégémo- nique sur la fabrique des images, à lʼinverse donc tout un paysage pictural contemporain exprime certes la pleine santé économique de la peinture et de lʼart contemporain dans le monde néo-libéral, mais tend plus profondément à montrer la vitalité, la jouissance retrouvée de cet art au contact des autres régimes dʼimages qui auraient pu faire craindre sa disparition.

"True Love Leave No Traces", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"True Love Leave No Traces", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

"To be Titled", 2019 de Romain BERNINI - Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève © Photo Éric Simon

A lʼimage de cet autre visage féminin quʼon aperçoit un peu plus loin dans lʼexposition, tacheté à la façon dʼun maquillage papou, bouche ouverte entre le trouble et lʼextase. Faire venir, cʼest en somme manifester la peinture elle-même, fêter sa «relève» et sa persistance au milieu du flux des visuels et des écrans, et célébrer le rapport sensible et sensoriel au monde, «étrange et pénétrant», quʼelle est encore capable dʼinstaurer.

Jean-Max Colard

Galerie Suzanne Tarasiève Paris

7, rue Pastourelle

Fr - 75003 Paris

 

http://suzanne-tarasieve.com

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

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