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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

18 Nov

Exposition Artiste du XIX ème Siècle: TOULOUSE-LAUTREC « Résolument moderne »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Artiste du XIX ème Siècle

Exposition Artiste du XIX ème Siècle: TOULOUSE-LAUTREC « Résolument moderne »

Du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020

 

Trois rejets conditionnent la vision courante de Toulouse-Lautrec (1864-1901) : il aurait méprisé les valeurs de sa classe, négligé le marché de l’art, exploité le monde de la nuit parisienne et du sexe tarifié, en le regardant de haut. La libération des formes et la verve satirique du meilleur de l’œuvre en seraient la preuve.

 

A cette vision conflictuelle de sa modernité, typique des années 1870-1880, il faut en substituer une autre, plus positive. Cette exposition - qui réunit environ 200 œuvres veut, à la fois, réinscrire l’artiste et dégager sa singularité.

 

La contradiction n’est qu’apparente, tant Lautrec lui-même a agi simultanément en héritier, en homme de réseau, en conquérant de l’espace public et en complice du monde qu’il a traduit avec une force unique, une mansuétude parfois féroce, rendant plus intense et significative « la vie présente » sans la juger.

 

"Carmen Gaudin", 1884 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Clark Art Institute, Massachusetts

"Carmen Gaudin", 1884 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Clark Art Institute, Massachusetts

"Portrait de Vincent Van Gogh", 1887 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Van Gogh - Museum, Amsterdam

"Portrait de Vincent Van Gogh", 1887 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Van Gogh - Museum, Amsterdam

"Au cirque Fernando : Ecuyère", (1887-1888) de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy The Art Institute of Chicago

"Au cirque Fernando : Ecuyère", (1887-1888) de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy The Art Institute of Chicago

Plutôt que de l’affilier à la caricature qui cherche à blesser, voire humilier, il faut le rattacher à une lignée très française du réalisme expressif, brusque, drôle, direct (dirait Yvette Guilbert) dont sa correspondance égrène les noms : Ingres, Manet, Degas. Comme eux, par ailleurs, Lautrec fait de la photographie son alliée.

 

Plus qu’aucun autre artiste du XIXème siècle, il s’associa aux photographes, amateurs ou professionnels, fut conscient de leur pouvoir, servit leur promotion, s’appropria leurs effets dans la recherche du mouvement.

 

L’archive photographique de Lautrec rejoint, du reste, les pratiques du jeu aristocratique sur les apparences et les identités qu’on échange à plaisir, moyen de dire que la vie et la peinture n’ont pas à se plier aux limites ordinaires, ni à celles de l’avant-garde. « Tout l’enchante », résume Thadée Natanson.

Affiche "Concert Bal tous les soir - La Goulue", 1891 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

Affiche "Concert Bal tous les soir - La Goulue", 1891 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

"Le Lit ", 1892 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée d'Orsay, Paris

"Le Lit ", 1892 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée d'Orsay, Paris

Affiche "Jane Avril - Jardin de Paris", 1893 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

Affiche "Jane Avril - Jardin de Paris", 1893 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

Depuis 1992, date de la dernière rétrospective française de l’artiste, maintes expositions ont cherché à réinscrire l’œuvre de Toulouse-Lautrec (1864-1901) dans la « culture de Montmartre » dont il serait, à la fois, le chroniqueur et le contempteur. Le Paris des plaisirs interlopes et des aliénations modernes, du cancan au bordel, aurait trouvé en lui son complice et son juge.

 

Cette approche sociologique, heureuse par ce qu’elle nous dit des attentes et inquiétudes de l’époque, a réduit dramatiquement la portée d’un artiste que ses origines, ses opinions et son esthétique ouverte préservèrent de toute tentation inquisitrice.

 

Lautrec ne s’est jamais érigé en accusateur des vices urbains et des nantis impurs. Par sa naissance, sa formation et ses choix de vie, il s’est plutôt voulu l’interprète pugnace et cocasse, terriblement humain au sens de Daumier ou Baudelaire, d’une liberté qu’il s’agit de mieux faire comprendre au public d’aujourd’hui.

""Yvette Guilbert chantant", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Pushkin Museum of Fine Arts, Moscow

""Yvette Guilbert chantant", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Pushkin Museum of Fine Arts, Moscow

Affiche " Le Chaine Simpson", 1896 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

Affiche " Le Chaine Simpson", 1896 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC

"Le divan", 1893 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée d'art de Sao Paulo

"Le divan", 1893 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée d'art de Sao Paulo

"Femme enfilant son bas", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

"Femme enfilant son bas", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

A force de privilégier le poids du contexte ou le folklore du Moulin-Rouge, on a perdu de vue l’ambition esthétique, poétique, voire politique, dont Lautrec a investi ce qu’il apprit, tour à tour, auprès de Princeteau, Bonnat et Cormon.

 

Comme l’atteste sa merveilleuse correspondance, Manet, Degas et Forain lui ont permis, dès le milieu des années 1880, de transformer son naturalisme puissant en un style plus incisif et caustique. De vraies continuités s’observent de part et d’autre de sa courte carrière.

 

L’une d’entre elles est la composante narrative dont Lautrec se départit beaucoup moins qu’on pourrait le croire. Elle est particulièrement active aux approches de la mort, vers 1900, quand sa vocation de peintre d’histoire prend une tournure désespérée. L’autre dimension de l’œuvre qu’il convient de rattacher à son apprentissage, c’est le désir de représenter le temps, et bientôt d’en déployer la durée plus que d’en figer le mouvement.

 

Encouragé par sa passion photographique et l’adoubement de Degas, électrisé par le monde des danseuses et des inventons modernes, Lautrec n’aura cessé de reformuler l’espace-temps de l’image.

"Le docteur Tapié de Céleyran", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

"Le docteur Tapié de Céleyran", 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

"“Salon de la Rue des Moulins”, 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

"“Salon de la Rue des Moulins”, 1894 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée Toulouse-Lautrec, Albi

"La Clownesse Cha-U-Kao", 1895 de Henri de TOULOUSE LAUTREC - Courtesy Musée d'Orsay, Paris

"La Clownesse Cha-U-Kao", 1895 de Henri de TOULOUSE LAUTREC - Courtesy Musée d'Orsay, Paris

"Conquête de passage (Etude pour Elles)",1896 de Henri de TOULOUSE LAUTREC - Courtesy Musée des Augustins, Toulouse

"Conquête de passage (Etude pour Elles)",1896 de Henri de TOULOUSE LAUTREC - Courtesy Musée des Augustins, Toulouse

Dès que l’œuvre bascule dans cette synthèse saisissante, dont il faut rapprocher la démarche des anciens condisciples de l’atelier Cormon (Louis Anquetin, Emile Bernard, Vincent Van Gogh), Lautrec développe une stratégie entre Paris, Bruxelles et Londres, que l’exposition souligne en distinguant la face publique de son œuvre du versant plus secret.

 

Lautrec renonce au Salon officiel, non à l’espace public, ni au grand format. Preuve qu’il cherchait bien, comme Courbet et Manet avant lui, une relève de la peinture d’histoire par l’exploration de la société moderne en ces multiples visages, au mépris parfois des bienséances. Qu’il ait joui du spectacle de Montmartre, qu’il ait célébré l’aristocratie du plaisir et des prêtresses du vice à la façon de Baudelaire, est indéniable.

 

La maison close lui offre même un espace où les femmes jouissent d’une indépendance et d’une autorité uniques, si paradoxales soient-elles. Nul autre peintre, en outre, n’a trouvé les moyens de communiquer l’éclat dur des éclairages et des reflets, la fièvre d’une clientèle aguerrie aux excès, l’électricité du cancan.

"Messaline descend l’escalier bordé de figurants", 1901 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy County Museum of Art, Los Angeles

"Messaline descend l’escalier bordé de figurants", 1901 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy County Museum of Art, Los Angeles

"Paul Viaud en costume d'amiral", 1901 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée des Arts de Sao Paulo.

"Paul Viaud en costume d'amiral", 1901 de Henri de TOULOUSE-LAUTREC - Courtesy Musée des Arts de Sao Paulo.

Le mouvement, que rien ne bride, se décompose devant nos yeux, aboutissant aux affiches les plus dynamogènes, comme aux estampes de Loïe Fuller et aux panneaux de la Goulue, également cinématographiques. Il y a là une folie de la vitesse et une capacité pré-futuriste qui réunit le cheval au galop, le chahut des cabarets, la fièvre vélocipédique à l’automobile. Mais la magie des machines ne parvient pas à déshumaniser la peinture, toujours incarnée et même les affiches les plus économes de moyens.

 

De même que ses écrivains d’élection, de Jules Renard aux familiers de la Revue blanche, Lautrec est parvenu à concilier la fragmentation subjective de l’image et la volonté de hisser la vie moderne vers de nouveaux mythes. Entre peinture, littérature et nouveaux médiums, l’exposition trouve son chemin, au plus près de cet accoucheur involontaire du XXe siècle.

Commissariat: Stéphane Guégan, Conseiller scientifique auprès de la Présidence de l’établissement public des
musées d’Orsay et de l’Orangerie 

Danièle Devynck, Conservateur en chef, Directrice du musée Toulouse-Lautrec, Albi
scénographie : Martin Michel

"Henri de Toulouse-Lautrec artiste et modèle", vers 1891 de Maurice GUIBERT

"Henri de Toulouse-Lautrec artiste et modèle", vers 1891 de Maurice GUIBERT

Henri de Toulouse-Lautrec, peintre, dessinateur, graphiste, illustrateur et lithographe est né le 24 novembre 1864 à (Albi, France) demeure une des figures de l'art mondial.Le père de Toulouse-Lautrec, un riche et excentrique aristocrate, paie les études de son fils (artiste passionné depuis son plus jeune âge) à Paris et lui loue un atelier. Lautrec étudie à Paris auprès des peintres académiques Léon Bonnat et Fernand Cormon, chez qui il rencontre Vincent Van Gogh.

Il visite également les expositions impressionnistes, s'intéresse aux estampes japonaises, alors en vogue à l'époque, et devient un admirateur inconditionnel d'Edgar Degas. Le jeune peintre devient vite connu à Montmartre, passant ses nuits au Moulin-Rouge et dans d'autres lieux de la vie nocturne, à faire des croquis. Il réalise régulièrement des affiches publicitaires pour ses endroits favoris. Il adore les femmes et passe une grande partie de son temps dans les maisons closes. Il ne couche pas seulement avec les prostituées mais il est leur ami et les utilise comme modèles.

Passionné par l'expression humaine, par le trait vrai qui révèle tout l'être, doué d'une pénétration d'analyse et d'une sensiblité exacerbée, Lautrec sut saisir dans chacune de ses œuvres, peintures, dessins, caricatures, illustrations ou affiches

En mars 1901, un accident vasculaire cérébral le laisse paralysé des jambes et le condamne à la chaise roulante. Le 15 août 1901, il est victime d'une attaque d'apoplexie, à Taussat, qui le rend hémiplégique. Sa mère l'emmène au château de Malromé où il meurt le 9 septembre 1901.

Les Galeries nationales du Grand Palais

3, av du Général Eisenhower

75008 Paris

 

Site officiel

 

Jours et horaires d’ouverture : lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h
fermeture hebdomadaire le mardi.

Tarifs

Plein tarif 14 € — Tarif réduit 10 €

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