Exposition Peinture Contemporaine: Gotthard GRAUBNER
Du 9 novembre 2019 au 11 janvier 2020
"C’est dans son reflet coloré que nous avons la vie." Johann Wolfgang von Goethe, Faust 2ème Partie
La Galerie Karsten Greve a le plaisir de présenter l’exposition Gotthard Graubner, hommage à l’oeuvre du grand peintre allemand.
Cette exposition, fruit de la collaboration directe de la galerie avec l’Estate de l’artiste, dévoile au public français une vingtaine d’oeuvres en provenance du studio et réalisées entre 1989 et 2011. Dans les salles de la galerie le spectateur sera ébloui par la luminosité du chromatisme des Farbraumkörper, ainsi que par la subtilité d’une sélection de peintures sur papier.
Détail "Viridis", 2007 de Gotthard GRAUBNER - Courtesy Galerie Karsten GREVE PARIS © Photo Éric Simon
Né à Erlbach, Allemagne, en 1930, Gotthard Graubner termine ses études à l’École de Beaux-Arts de Düsseldorf en 1959. De ces années de formation sont issues les Zeichenbilder, où l’on peut déjà saisir l’importance de la couleur dans l’œuvre du peintre allemand : elle s’étale, légère et diluée, fruit d’un geste net sur une surface monochrome.
Mais c’est vers la fin des années 1960 que son approche à la peinture devient totalement novatrice : avec les Nebelräume (Espaces Nébuleux) de 1968, l’observateur pénétrait dans un espace à l’atmosphère imperméable et opaque. Il entrait alors dans l’image selon une modalité plus similaire aux Nymphéas peintes par Claude Monet pour le Musée de l’Orangerie, plutôt qu’aux expérimentations performatives de l’époque. À partir de ce moment, l’expérience corporelle de l’observateur et les qualités somatiques du tableau deviennent le centre de la peinture de Gotthard Graubner. Si une volonté de donner corps à la couleur était déjà témoignée par les Kissenbilder (Peintures-coussin) du début des années 60 et réalisées à partir de coussins de couleur, c’est avec les Farbraumekörper (Corps Spaciaux Colorés), réalisés dès 1970, que l’oeuvre de l’artiste allemand abouti à une totale cohérence esthétique.
"Untitled", 2006 - 2011 de Gotthard GRAUBNER - Courtesy Galerie Karsten GREVE PARIS © Photo Éric Simon
Dans la peinture de Graubner la couleur se fait corps à travers un processus de superposition de couches de pigments naturels sur une toile, tendue sur une épaisse base de coton ou éponge synthétique. En résultent des tableaux à la lecture double : vue de côté la tridimensionnalité de cette surface convexe, permet à la couleur de renter dans l’espace, tandis qu’une vue frontale offre la vision d’une surface apparemment plane. Il ne s’agit pas ici de mettre en question la relation entre tableau etobjet, comme c’était le cas pour les artistes du Groupe ZERO, mais de revenir aux sources du sens de la couleur en peinture.
Détail "Untitled", 1999 de Gotthard GRAUBNER - Courtesy Galerie Karsten GREVE PARIS © Photo Éric Simon
Suivant les règles de la Théorie des Couleurs, le peintre allemand étale la matière picturale par couches plus ou moins denses: les couleurs sont associées par complémentarisme et par contraste simultané entre couleurs froides et chaudes, ce qui donne à sa peinture une luminosité palpable.
La technique des ombres colorées mise au point par des peintres comme Titien, Véronèse ou Pontormo, pionnière des études scientifiques sur les relations entre la couleur et la lumière menées plus tard par Goethe, Klee et Itten, est une référence importante dans la peinture de Gotthard Graubner.
Si un premier regard perçoit une oeuvre monochrome, une multiplicité de chromies superposées et en dialogue se révèlent bientôt à l’oeil. Ainsi un voile de pigment orange sera associé à une couche vert pale, qu’une touche de magenta fera vibrer. C’est cette superposition et ce côtoiement de couleurs et de teintes qui crée la sensation que de la toile émane une lumière. Cela n’est pas sans rappeler la célèbre phrase de Cézanne selon laquelle pour peindre le soleil il faut le cacher derrière la toile.
Détail "Untitled", 2009 de Gotthard GRAUBNER - Courtesy Galerie Karsten GREVE PARIS © Photo Éric Simon
La recherche purement picturale de Graubner part de l’observation de la réalité, de notre perception du monde, qui se fait toujours grâce à la lumière qui, en se reflétant sur les objets, produit les couleurs et nous permets de saisir les formes qui nous entourent. Pour Graubner les couleurs ne sont donc pas abstraction, mais entités réelles qui constituent notre monde.
L’artiste cherche alors à faire de la couleur non seulement le médium de son oeuvre, mais son sujet unique : il cherche à la condenser dans un organisme qui vibre et respire.
La toile est comme une peau qui couvre et protège, mais qui laisse pénétrer la couleur dans un processus d’osmose entre l’intérieur le corps et l’extérieur la surface de l’oeuvre. Comme décrit par l’historien et philosophe de l’art Gottfried Boehm, il s’agit d’une peinture sous-cutanée, où le pigment est en partie absorbé par l’éponge ou le coton en dessous de la toile, et émerge en même temps sur la surface de la toile brute.
La peinture de Gotthard Graubner se fait donc totale, absolue, elle ne cherche pas à reproduire le visible mais se fait elle-même organisme vivant. Elle porte en elle les traces du processus de création et en est l’aboutissement, elle est en même temps le devenir et l’être, l’action et la contemplation.
Galerie Karsten GREVE PARIS
5, rue Debelleyme
75003 Paris
France
https://galerie-karsten-greve.com
Jours et Horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 10h à 19h.