Exposition Photographie Contemporaine: Satoshi SAÏKUSA "Utakata"
Du 5 novembre au 21 décembre 2019
La Galerie Da-End présente pour sa cinquantième exposition, UTAKATA, un ensemble inédit d’œuvres photographiques et picturales du photographe japonais Satoshi Saïkusa.
Depuis trente-cinq ans, Satoshi Saïkusa poursuit une quête photographique double : d’un côté le lustre des images de mode délicatement mises en scène, de l’autre l’intimité obscure de l’expérimentation plastique. Ses portraits de célébrités sont identifiables et mondialement reconnus pour leur originalité : une perspective souvent frontale, un cadrage aéré, une lumière sensuelle, une mise en scène méticuleuse.
Lorsque Saïkusa retravaille ces photographies de commande, l’image lisse de l’icône de mode bascule dans un monde incertain, soumis à la déconstruction, voire à la décomposition. L’artiste affiche alors une tendance forcenée à défaire, à déconstruire sur le plan physique du tirage l’image qu’il a patiemment composée.
Satoshi Saïkusa crée ainsi constamment une tension entre la photographie iconique, parfaite, unique, et le potentiel de celle-ci à être métamorphosée, recomposée et mutilée. Le photographe fait peser une autre menace sur l’illusoire unicité de la photographie parfaite : dans certaines séries, l’œuvre photographique se trouve à nouveau noyée dans le flux de sa prise de vue initiale. (...)
C’est le cas des contacts exposés cette fois-ci à l’entrée de la galerie, entre journal personnel et récit de voyage, qui rapportent de manière brute le passage du temps. Les thématiques abordées par le photographe plasticien sont multiples, tout autant que les techniques mises à contribution, mais sa préoccupation est la même : que ce soit sur un mode majestueux, euphorique ou au contraire sombre, c’est l’éphémère, l’éternelle question de l’inexorable écoulement du temps.
Saïkusa lui donne pour nom « Utakata », reprenant le terme ouvrant les célèbres Notes De Ma Cabane De Moine (Hōjōki) de Kamo no Chōmei (1155-1216) et qui qualifie les bulles se formant à la surface de l’eau. Comme pour marquer à nouveau le temps dans ce flux vertigineux, les œuvres les plus récentes de Satoshi Saïkusa sont des pièces uniques imposant leur temporalité propre. Une photographie de la surface changeante de l’eau est contrecollée sur un support peint en bois.
Sur une série de peintures à l’acrylique figurent, sur fond noir, des cercles multicolores ornés de boucles irrégulières, dans lesquels l’œil voit (un peu trop rapidement) autant de fleurs évanescentes, ou de soleils enfantins.
Comme pour marquer à nouveau le temps dans ce flux vertigineux, les œuvres les plus récentes de Satoshi Saïkusa sont des pièces uniques imposant leur temporalité propre. Une photographie de la surface changeante de l’eau est contrecollée sur un support peint en bois. Sur une série de peintures à l’acrylique figurent, sur fond noir, des cercles multicolores ornés de boucles irrégulières, dans lesquels l’œil voit (un peu trop rapidement) autant de fleurs évanescentes, ou de soleils enfantins.
Une autre série de peintures à l’acrylique ébauche des formes figuratives pour aussitôt les noyer dans l’immédiateté du geste, en des taches expressives qui rythment abstraitement le tableau. Et enfin trônent deux sculptures : deux bâtons en bois plantés dans un socle carré, bandées de manière à former un triangle, sur lesquelles se hisse un panneau carré, telle un tableau sur un chevalet. Sur les bâtons poussent de fines tiges, comme autant de poils.
Dans la première sculpture, le panneau carré peint en blanc a été gratté pour laisser apercevoir, sous forme triangulaire, la couche de pigment noir en-dessous. Dans la seconde, le panneau a été recouvert d’un montage de photographies représentant des fleurs, avec une forte alternance de tons roses et blancs qui n’est pas sans évoquer la viande crue. Ces deux pièces apparaissent comme des tombeaux photographiques, des monuments instables plantés dans l’espace de l’exposition pour marquer un arrêt, dans une fragile tentative de contrecarrer le flux inexorable du temps qui à la fois menace et nourrit l’artiste.
Par Kei Osawa, chercheur en histoire de l’art et esthétique au Musée de l’Université de Tokyo.
Dans la première sculpture, le panneau carré peint en blanc a été gratté pour laisser apercevoir, sous forme triangulaire, la couche de pigment noir en-dessous. Dans la seconde, le panneau a été recouvert d’un montage de photographies représentant des fleurs, avec une forte alternance de tons roses et blancs qui n’est pas sans évoquer la viande crue. Ces deux pièces apparaissent comme des tombeaux photographiques, des monuments instables plantés dans l’espace de l’exposition pour marquer un arrêt, dans une fragile tentative de contrecarrer le flux inexorable du temps qui à la fois menace et nourrit l’artiste.
Par Kei Osawa, chercheur en histoire de l’art et esthétique au Musée de l’Université de Tokyo.
Galerie DA-END
17 rue Guénégaud
75006 PARIS
France
Jours et horaires d’ouverture : Du mardi au jeudi de 14h à 19h, et les vendredis et samedis de 11h à 19h.