Exposition Solo Show: Maxime TOURATIER « Petite étude sur les folies »
Du 24 octobre au 23 novembre 2019
Quels sont donc ces monuments qui ont résisté aux plans des urbanistes et des promoteurs ?
Le parc Monceau n’est que le vestige d’un jardin beaucoup plus vaste conçu au XVIIIème siècle mais ses étranges ruines, pyramides et temples à l’antique témoignent de folies beaucoup plus extravagantes.
A mesure que l’urbanisation s’est développée, la place laissée aux espaces verts se sont réduits et ces constructions ornementales, ces caprices architecturaux ont trouvé un nouveau statut. Le temple de la philosophie moderne à Ermenonville est une de ces fabriques qui au parc Jean-Jacques Rousseau offrent dans les parcs des points de vues et permettent l’articulation de différentes promenades parfois considérées comme de réels exercices philosophiques.
Au delà de leurs aspects esthétiques, ces bâtiments ont une fonction pratique ou symbolique particulièrement historicisé ; au delà des leurs fonctions pratiques ou symboliques de nombreux bâtiments fonctionnels contemporain se font remarquer par leurs aspects esthétiques. Comme si la folie était finalement rentrée dans nos villes...
En prenant pour point de départ le temple de la philosophie moderne qu’il met en regard de la tour TF1, Maxime Touratier propose avec la série Petites Etudes sur les Folies de poser un autre regard sur l’architecture et nos environnements quotidiens. La forme ronde et omnisciente de ces deux temples de connaissances nous renseigne sur la conception de l’information et du savoir à quelques siècles d’intervalle.
Le cercle symbole d’harmonie lorsqu’il est doublé d’une colonnade antique acquiert avec le verre et la ceinture du périphérique une dimension autrement plus inquiétante et panoptique. Une folie peut en cacher une autre, une fabrique être la façade d’une autre. Si l’artiste ne s’intéresse pas à la symbolique d’un monument en particulier, puisqu’il repousse les évidences comme l’Arc de Triomphe et l’Arche de la Défense, les parallèles lui permettent d’esquisser une observation générale de nos bâtiments publics bien moins lisse qu’ils en ont l’air à force d’être poli par l’habitude.
"La flamme de la Liberté", 2019 de Maxime TOURATIER - Courtesy de l'Artiste et la Galerie ALB © Photo Éric Simon
Maxime Touratier est d’abord et avant tout photographe. Poursuivant en quelque sorte le travail entamé avec Bleu Horizon dans lequel il cartographiait les dessus de Disneyland, il passe de l’échelle du parc d’attraction à qu’il avait choisi un cadrage qui donnait plus de place au ciel qu’aux bâtiments dans sa première série, il adopte un point de vue davantage documentaire avec un fond de lumière neutre pour Petites Études sur les Folies.
Les vues d’La Flamme de la Liberté, détail de la fameuse Statue de la Liberté de Bartholdi, est à peine reconnue comme telle sur la place de l’Alma à Paris. Le public se l’est approprié avec fleurs et photos de l’icône comme un mémorial à Lady Diana. La multiplication des monuments à l’échelle de cartes postales a rendu possible leurs dispersions et leurs adoptions par le grand public qui pouvait ainsi les manipuler comme le prouve aussi l’histoire de la Tour Eiffel, antenne-radio devenu lieu patrimonial mais si longtemps controversé.
En appariant la Flamme avec le très ésotérique Monument aux Droits de l’Homme Maxime Touratier cherche par le medium photographique à transcrire la monumentalité. Cela passe donc par le sujet, le format bien sûr mais aussi par le tirage unique qu’il propose de chaque monument, sur une plaque de métal à chaque fois adaptée à la typologie de l’artiste. La noblesse du cuivre et les reflets dorées du laiton renvoient ainsi au projet du Temple de la Philosophie moderne ou à la spiritualité de l’Église Sainte Bernadette du Banlay quand l’acier ou l’aluminium peuvent évoquer la dureté d’un bunker du mur de l’Atlantique.
Le traitement de ces images sous forme de tramages qui évoquent à la fois la gravure et le billet de banque joue de l’imagerie encyclopédique et de l’idée d’une grande diffusion. L’Europe a choisi pour orner ses devises des architectures fictives et Maxime Touratier questionne la valeur de ce patrimoine par des comparaisons.
Une fabrique à illusion au coeur de nos vies.
Henri Guette Rédacteur / Critique d’art
Galerie ALB (Anouk Le Bourdiec)
47 rue Chapon,
75003 PARIS
Jours et horaires d’ouverture du Mardi au samedi de 11h à 19h.