Exposition Collective Contemporaine: Blanc sur Blanc
Du 16 janvier au 7 mars 2020
Il y a un siècle, les peintures suprématistes de Kazimir Malevich annonçaient une nouvelle interprétation révolutionnaire du blanc, où l’abstraction totale suggérait l’utopie et l’infini. Dès lors, les artistes ont déployé l’achromatisme du blanc dans un éventail infini de directions formelles et symboliques, évoquant des états de vide et d’effacement et convoquant le potentiel brut de la page blanche.
Travaillant dans des contextes et des buts différents, les artistes de Blanc sur Blanc trouvent une puissance et une substance inattendues dans ce qui apparaît de prime abord comme une absence ou un manque.
En 1946, Lucio Fontana et ses étudiants ont esquissé le Manifesto Blanco, une vision pour une méthode de production artistique fondamentalement nouvelle qui exigeait que les artistes s’impliquent dans la réalité physique de leurs matériaux au lieu de considérer la toile comme un espace illusoire, autonome.
C’est sous cette impulsion que Fontana a réalisé Concetto Spaziale, Attese (Spatial Concept, Waiting, 1966), l’une de ses premières toiles lacérées. Pour Fontana, la couche de peinture blanche qui recouvre complètement la toile formait un écran blanc et le vecteur d’un drame intense, toute connotation de pureté ou de tranquillité étant bouleversée par ses vigoureuses incisions.
"Concetto spaziale, Attese", 1966 de Lucio FONTANA - Courtesy de la Galerie Gagosian © Photo Éric Simon
Jean (Hans) Arp a fait évoluer le plâtre d’un matériau préparatoire réservé à l’expérimentation privée vers un medium de la sculpture à part entière, et son œuvre tardive L’Ami du petit doigt (Friend of the Little Finger, 1963) tire profit de la malléabilité de la substance. Modelé à une échelle qui suggère et encourage la manipulation humaine, la sculpture entièrement blanche de Arp combine douces saillies courbes et incisions au couteau.
Les Paßstücke (Adaptives) de Franz West, qu’il commence à produire au milieu des années 1970, établissent une connexion parallèle entre le plâtre et le toucher humain ; cette série d’objets blancs étrangement modelés, destinés à être saisis et manipulés, incarne l’intérêt de l’artiste pour les interactions improvisées entre sculpture et spectateur.
Au cours de la dernière décennie de sa vie, Andy Warhol a rompu avec le langage visuel et conceptuel du Pop art pour se diriger de façon singulière vers la peinture abstraite et gestuelle. Abstract Painting (1982) est l’une de ces œuvres. Mesurant 40 inches carrés (101,6 cm) les mêmes dimensions que Warhol avait utilisées précédemment pour sa célèbre série des Society Portraits – la toile est dissimulée sous un lavis blanc qui laisse seulement entrevoir des torsades multicolores en dessous.
LEAN (2005) est un exemple de la pratique de Rachel Whiteread qui consiste à rendre concret un espace négatif pour l’immortaliser. Elle a ici moulé l’intérieur de différentes boîtes en carton avec du plâtre de Paris comme un hommage quelque peu mélancolique au contenant banal du quotidien. L’accumulation géométrique de plaques blanches qui en résulte s’appuie nonchalamment contre le mur de la galerie, fantomatique mais pourtant palpable.
"Renaissance d'olivier 2", 2016-2017 de SETSUKO - Courtesy de la Galerie Gagosian © Photo Éric Simon
"L'ami du petit doigt", 1963 de Jean (Hans) ARP - Courtesy de la Galerie Gagosian © Photo Éric Simon
Sont également exposées trois œuvres récentes de l’artiste Sheila Hicks, basée à Paris, dont les travaux textiles incorporent des techniques de tissage issues de différentes cultures. Alors que l’œuvre de Hicks se caractérise par des couleurs intenses, elle travaille également avec des fibres naturelles non teintes. Elle a créé des sphères, des rectangles de toile tissée et des cascades de lin dans des teintes neutres qui exsudent un calme tactile bien que méditatif.
Blanc sur Blanc présente des œuvres de Jean (Hans) Arp, Agostino Bonalumi, Enrico Castellani, Edmund de Waal, Lucio Fontana, Theaster Gates, Diego Giacometti, Wade Guyton, Simon Hantaï, Sheila Hicks, Thomas Houseago, Y.Z. Kami, Imi Knoebel, Bertrand Lavier, Sol LeWitt, Sally Mann, John Mason, Olivier Mosset, Giuseppe Penone, Seth Price, Setsuko, Paolo Scheggi, Rudolf Stingel, Cy Twombly, Andy Warhol, Franz West et Rachel Whiteread, entre autres.
Galerie Gagosian
4 rue de Ponthieu
75008 Paris
Jours et horaires d’ouverture :du mardi au samedi de 11h à 19h.