Exposition Collective Contemporaine: LE VAISSEAU D'OR
"The Treasure Room (Fourth Stomach)" de Gilles BARBIER - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
Du 10 janvier au 22 février 2020
Artistes présentés : Gilles Barbier, Bianca Bondi, Alice Guittard, Matthieu Haberard, Charlotte Heninger, Edward Kienholz, Benjamin Loyauté, Gaspard Maîtrepierre, Lucie Picandet, Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri.
Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d’or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J’ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J’ai essayé d’inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J’ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée !
Arthur Rimbaud, extrait de « Adieu », in Une saison en enfer, avril-août 1873.
Les expositions naissent pour des milliers de raisons et l’une d’elles est quelquefois affaire d’amitié. Parfois même, il s’agit d’affinité élective, ce processus complexe qui prend racine dans l’histoire de l’alchimie médiévale « pour expliquer l’attraction et la fusion des corps »1.
"Bateau en détresse (Détrompe l'oeil", 1985 de Daniel SPOERRI - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"Lisa 1", 2018 de Alice GUITTARD - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"Déité #1, #2, #3", 2015 de Gaspard MAÎTREPIERRE - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"Not ready to engaged again", 2019 de Matthieu HABERARD - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
Pour ma part, je n’ai jamais voulu qu’une exposition soit trop explicitement l’esclave d’un propos. Je préfère, au contraire, qu’elle permette de mêler des œuvres qui deviennent alors comme des êtres vivants et qui, dans certains cas, produisent une matière esthétique nouvelle, au cœur de l’athanor. On fait des expériences, on fait des expositions donc, pas des exposés. On raconte des histoires. Il s’agit de laisser son esprit onduler, comme quand on se promène de galerie en galerie, un jour de semaine, les poings dans les poches. Colère, ivresse, instantané des contrastes.
Mais au café du coin, on réalise que les galeries sont peut-être comme des bordures, des plages ou des falaises à l’angle de la rue, qui nous séparent du continent de notre ennui urbain. Endroits rares de la cité où n’importe quoi reste possible. Depuis cette plage donc, il m’a semblé possible de montrer quelque chose des entrailles de ce grand vaisseau d’or, aux pavillons multicolores, dont parle Rimbaud.
"I have to practice to not have the desire to use it on you", 2019 de Matthieu HABERARD - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"L'autel des innocents", 1962 de NIKI DE SAINT PHALLE - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"The Old Rugged Double Cross", 1963 de Edward KIENHOLZ - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
"Mim", 2020 de Lucie PICANDET - Courtesy de la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois © Photo Éric Simon
Que les artistes inventent cette fouille, au présent, tous dans le même bateau : quand il s’échoue et qu’il s’éventre, ils s’inventent. Alors oui, viennent de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. Que tout se lie sur le sable immatériel de la galerie. Qu’ils soient connus ou encore trop peu, qu’importe, puisqu’ils se reconnaissent entre eux.
Les carrières, toutes mêlées, sont autant de voyages fantastiques que l’histoire oublie, transforme en légendes, ou en postérités. Ce grand vaisseau d’or s’éloigne obliquement à mesure qu’on s’en approche : il se démultiplie et se pulvérise pour mieux flotter, comme une intuition.
Curateur de l’exposition: Gaël Charbau
1 Michael Löwy, « Le concept d’affinité élective chez Max Weber », Archives de sciences sociales des religions, 127 | 2004, 93-103
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
33 & 36, rue de Seine
75006 Paris
http://www.galerie-vallois.com
Jours et horaires d’ouverture : du Mardi au Samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h.