Exposition Collective Contemporaine: "HUMANIMALISMES"
Du 19 mai au 18 juillet 2020
Artistes présentés: Art Orienté Objet, Joseph Beuys, Tïa-Calli Borlase, Mat Collishaw, Alix Delmas, Jan Fabre, Robert Gligorov, Horst Haack, Joël Hubaut, Joachim Koester, Léa Le Bricomte, Catherine Mainguy, Joanna Malinowska, Maël Nozahic, Agnès Pezeu, Abraham Poincheval, Camille Sabatier.
La convocation artistique de l’animal, de plus en plus intense dans le champ de l’art postmoderne, a une raison d’être « identifiante »: l’animal, à sa façon particulière, porte un peu de notre mystère d’humain, « son-corps », en une proportion délicate à établir, est « mon-corps ». Le « devenir animal » (Gilles Deleuze), selon une logique anti-cartésienne, évolue en un « devenir humain ».
"Chicken skin", 1997 de Robert GLIGOROV - Courtesy de l'artiste et Aeroplastics, Bruxelles © Photo Éric Simon
"Gold Fishes (2)", 1997 de Robert GLIGOROV - Courtesy de l'artiste et Aeroplastics, Bruxelles © Photo Éric Simon
L’humain, lui aussi, est un « animal ». Il dérive biologiquement du même rameau que le chien ou, en amont, que la méduse, très vieille ancêtre, au gré des accidents naturels, du « hasard » et de la « nécessité » de l’évolution, ont pu dire les biologistes François Jacob et Jacques Monod.
« L’animal que donc je suis », admettait le philosophe Jacques Derrida.
Comment oublier que les premières sépultures humaines cumulent ossements humains et animaux ?
Que la domestication graduelle des animaux a permis et accéléré, par l’apport d’énergie qu’elle autorise, l’évolution matérielle des hommes ?
Qu’il nous est arrivé à nous, humains, de nous comporter comme des « animaux », en reproduisant sans égard pour notre prochain le principe du Struggle for Life darwiniste : c’est là la thèse d’un Giorgio Agamben lorsque, évoquant les régimes totalitaires du XXe siècle, et le principe du droit du plus fort qui y prévaut, le philosophe italien décèle en ceux-ci une phase sans précédent d’« animalisation de l’humanisation » (Giorgio Agamben, Homo Sacer) ?
"Eating The Memory", 2014 de Jan FABRE - Courtesy de l'artiste et la galerie Templon © Photo Éric Simon
"Étude pour vivre dans un ours", 2013 de Abraham POINCHEVAL - Courtesy de l'artiste et Musée Gassendi, Digne-les-bains. © Photo Éric Simon
"Coquillage belge au garde-à-vous (rouge)", 2018 de Jan FABRE - Courtesy de l'artiste et la galerie Templon © Photo Éric Simon
Une large part de notre potentiel affectif, loin de se diriger vers les humains, se destine aux animaux de compagnie, des zoos ou des réserves naturelles. L’artiste qui réquisitionne à son profit la figure de l’« animal » pour y mélanger sa propre figure d’être humain fait acte, de façon consentie, d’”humanimalité” (Michel Surya).
Convoquant l’animalité, c’est aussi la pars animalis de lui-même qu’il fait remonter jusqu’à l’œuvre – en espérant que plus de sens soit donné, par le truchement de l’animal, à ce qu’il est.
La stratégie humanimaliste de l’« animal-pour-l’art » est cognitive. Car «mon-corps» ne supporte pas de ne pas se connaître, de devoir supporter trop de doute. Animal, aide-moi à moins me méconnaître.
Commissaire : Paul Ardenne
Topographie de l'art
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