Exposition Peinture Contemporaine: Key HIRAGA, Paris 1964-1974
"Sans titre", 1967 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
Du 5 mars au 18 avril 2020
Key Hiraga (1936-2000) est un très grand artiste. Après l’avoir présenté avec succès en duo avec Tetsumi Kudo en 2017, puis en solo à Frieze Masters London en 2018, nous avons le plaisir de vous annoncer la première exposition personnelle de ses œuvres à la galerie.
Dévolue à ses années parisiennes (1964-1974), cette exposition présentera notamment une toile majeure et plusieurs œuvres sur papier de la rare série des Fenêtres, dont le MoMA de New York conserve un beau spécimen.
"Sans titre", 1972 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
Key Hiraga commence heureusement à recueillir l’attention internationale qu’il mérite. Après l'exposition Key Hiraga, Works 1958-1993 chez Ortuzar Projects à New York à l’automne dernier, son œuvre est en effet incluse dans l’ambitieuse exposition New Images of Man, organisée par la Galerie Blum&Poe de Los Angeles, sous le commissariat de Alison M. Gingeras.
"Sans titre", 1967 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
En quelques décennies, le mystérieux peintre japonais Key Hiraga a élaboré une des oeuvres les plus singulières du paysage artistique de la seconde moitié du XXe siècle, dont la fureur, la drôlerie et le caractère obsessionnel ne peuvent guère être comparés qu'avec ceux de son compatriote Tetsumi Kudo, dont l'univers est proche.
Né en 1936, Hiraga étudie tout d'abord l'Economie dans son pays natal, avant de rejoindre Paris en 1965, afin d'entreprendre une carrière artistique. Si sa manière picturale dérive à cette époque du graffiti et de la calligraphie, et peut plus ou moins évoquer par exemple celle de Jean Dubuffet, mais également les premiers travaux de Cy Twombly, très vite ses obsessions thématiques s'affirment sans équivalent.
"The Elegant life of Mr. K.", 1971 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
Les peintures de Key Hiraga sont marquées par le sentiment d’incommunicabilité, de frustration et d’enfermement qu’ils ressentent au contact d’une culture française si différente de la culture japonaise. Ce sentiment s’exprime dans les tableaux de Key Hiraga par la perspective euclidienne qu’il adopte pour toutes ses compositions à partir du début des années 1970, tel un carcan qui les emprisonne.
Derrière les couleurs très vives qui caractérisent tant la peinture de Key Hiraga s’affirme une violence à travers des motifs récurrents comme l’œil, la bouche, les poils, le sein, le phallus, la fleur ou encore la croix, les attributs érotiques (seins, sexes, mais aussi sous-vêtements, préservatifs...).
"Sans titre", 1967 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
Dans ses peintures, l'homme est souvent malmené, tourneboulé, réduit à l'état d'objet par des femmes dominatrices et cruelles, mais l'ironie y est omniprésente. A la mécanisation et aux puissances castratrices mise en œuvre par la société moderne, Hiraga n'a de cesse d'opposer la permanence des instincts animaux qui régissent l'activité humaine depuis l'origine.
Autant de symboles dont l’interprétation diffère grandement entre les civilisations japonaise et française et qui exprime le choc culturel ressenti par l’artistes.
"The Elegant life of Mr. H.", 1970 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
C'est au tournant des années 60 et 70 que la peinture de Key Hiraga s'affirme. Visitant l'atelier parisien d'Hiraga en 1965, le conservateur américain William Lieberman acquiert immédiatement pour le MoMA de New York " Window", et invite Hiraga à participer à l'exposition “New Japanese Painting and Sculpture” en 1966.
L'organisation du tableau en fenêtres a sans doute été inspirée à Hiraga par sa passion pour le film "Fenêtre sur cour", tourné une décennie auparavant par Alfred Hitchcock, et dont le thème central, le voyeurisme, fait fortement écho aux préoccupations intimes d'Hiraga.
"The Elegant life of Mr. H.", 1970 de Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co © Photo Éric Simon
A la fin des années 60, le critique Gérald Gassiot-Talabot l'enrôle d'ailleurs dans un groupe de peintres liés à une nouvelle figuration post-Figuration narrative et post-Mythologies quotidiennes, avec Peter Foldès, Michel Macréau, Yannis Gaïtis et Edgard Naccache. Sous le nom de Groupe ORA, ces artistes exposeront à la Galerie Jacqueline Ranson à Paris, et à la Galleria Il Giorno de Milan. A son propos, Gassiot-Talabot remarque: «A voir les formes patibulaires, têtes en bas, coiffées de chapeaux melon, au milieu d'une forêt de symboles où le sexe a une place dominante, à déchiffrer ces tatouages compliqués, ces langues-cravates aux ramages insolents, ces roses équivoques, ces joyeux noctambules qui ont oublié les lois de la pesanteur, le moins que l'on puisse dire, c'est que Hiraga est un peintre qui n'a pas les pieds sur terre.»
L'art grinçant et intemporel d'Hiraga suscite aujourd'hui un regain d'intérêt chez de nouvelles générations, comme en témoignent les expositions que lui ont récemment consacrées par la Mayor Gallery de Londres, ou le Studio Gariboldi de Milan.
Key HIRAGA - Courtesy de la Galerie Loeve&Co
Galerie Loeve&Co
15, rue des Beaux-Arts
75006 Paris
Jours et horaires d’ouverture: du mardi au samedi de 14h à 19h
/image%2F0931608%2F20241120%2Fob_cbb1fb_img-4731.JPG)
/image%2F0931608%2F20241119%2Fob_478f05_img-4915.JPG)
/image%2F0931608%2F20241119%2Fob_aacc6f_img-4894.JPG)
/image%2F0931608%2F20241119%2Fob_ff234c_actuart1324.jpg)
