Exposition Solo Show: Mehdi Georges LAHLOU « From the balcony... »
Détail "Enfant balais - Totem variation", 2019 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
Du 3 octobre au 31 octobre 2020
« From the balcony... » rassemble des oeuvres récentes et nouvelles de l’artiste plasticien Mehdi- Georges Lahlou. Et c’est l’installation Sans titre, avec balcon qui ouvre l’exposition.
Elle est composée d’une balustrade rattachée au mur et de sèche-linges sur lesquels reposent des voiles sérigraphiés, donnant à entrevoir une Madone diffractée par les plis de motifs géométriques islamiques. Cette installation, qui est un balcon, est une translation de symboles où plus rien n’appartient, c’est une limite entre un dedans et un dehors. Le dehors, pour commencer celui de l’espace public, est très souvent pour nous (en France comme ailleurs) un espace de contrôle et de régulation des symboles, refusant et éjectant tout voile, toute nuit nécessaire, toute ambivalence.
"Hourglass, Head", 2014 - 2020 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Of conference of the birds", 2017 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Benitier", 2017 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Of conference of the birds", 2017 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
Et cette violence qui régule est celle qui institue la barre oblique « On s’arrête ! Stop ». Cette limite, instituante dans le dehors-public, redevient dans l’exposition un schisme non contrarié, un espace de circulation et de translations. Aucun gendarme pour nous surveiller, pour décider ceux qui ont le droit de bouger et ceux qui doivent rester immobiles, pour nous empêcher de déparler et de rire des « traditori » (traitres en italien), de eux qui « parlent mal et qui maltraduisent – dans le sens anglais d’une « mistranslation »
L’artiste mêle et maltraduit. Ou plutôt, comme il n’y a pas de pures équivalences et de pures lumières – mêmes sacrées –, il translate et négocie des ombres sans lumières, des doubles déloyaux qui ne sont pas des miroirs mais des glas tombés au passage. Prenons pour exemple ces bustes à l’image de l’artiste comme Hourglass Head. Sculpture en verre composée de deux têtes (l’une étant renversée) et rejouant un amalgame : l’image de l’artiste mêlée à une image orientaliste qu’est le sablier.
"TAWB, Mausoleum Fragment, Fragments", 2020 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Enfant tapis en bord de mer", 2019 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Bananier", 2017 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"He told me you may have 48", 2020 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
Détail "He told me you may have 48", 2020 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"From the Balcony" de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
Mehdi-Georges Lahlou, du haut de son talon-balcon, prend de la hauteur et renverse littéralement le cliché. L’envers (qui n’est que l’absurde) vient neutraliser la violence de ces images. Continuons avec le buste Bananier lui aussi fait en verre. Ici, la sculpture, surchargée de signes relevant de l’exotisme, prend l’envers d’une image fantasmagorique et coloniale, l’artiste pousse l’image jusqu’au ridicule (rappelons-nous, avec l’historienne Françoise Vergès, que le seul exemple de la banane nous permet de retracer toute une histoire de la violence).
Nous pouvons nous arrêter un temps sur l’installation From the Balcony, 72 Virgins and the Oasis composée d’écharpes laissées au sol et d’un palmier posé au milieu.
"72 Virgins and the Oasis", 2019 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Uncertain Black Stone", 2016 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"TAWB, Mausoleum Fragment", 2016 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Enfant balai - Totem arabesque", 2019 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
"Enfant balais - Totem variation", 2019 de Mehdi- Georges LAHLOU - Courtesy de l'artiste et la Galerie Rabouan & Moussion © Photo Éric Simon
Cette oeuvre, en plus de rejouer des fantasmes (l’image de l’oasis), est une « création de translation de langue en langue » avec ces différentes phrases inscrites sur les voiles et cette bande sonore qui l’accompagne. Prenons enfin l’installation Enfant balais –Totem arabesque composée, entre autres, de bouts de balais glanés au Sénégal.
Ce nouveau totem semble indiquer les traits de « fétiches » mais là encore le terme, semblant désigner une spécificité culturelle, est une invention coloniale – le mot fétiche provient du portugais feitiço ; là encore les sols d’une appartenance s’engouffrent dans les lises. Et tous ces personnages, toutes ces inversions et ces envers viennent – une fois l’absurde dépassé – constituer une nouvelle plage d’images, une duologie qui compose des figures outre mêlées toutes sorties (je propose le terme) d’un exo-futurisme à inventer.
Chris Cyrille Isaac: Critique et commissaire d’exposition.
Mehdi-Georges Lahlou est né aux Sables d’Olonne (FR) en 1983, il vit à Bruxelles, Paris, Athènes et Casablanca.
Galerie Rabouan & Moussion
11 rue Pastourel
Fr - 75003 Paris
https://www.rabouanmoussion.com/fr
Jours et horaires d’ouverture: du mardi au samedi de 11h à 19h.
Expo Solo Show: Mehdi-Georges LAHLOU 'Of the Confused Memory" - ACTUART by Eric SIMON
"Rose", 2010 de Mehdi Georges LAHLOU - Courtesy Galerie Rabouan Moussion © Photo Éric Simon Du 27 avril au 27 mai 2017 S'il nous faut parler des origines de Mehdi-Georges Lahlou, c'est qu'elles sont
http://www.actuart.org/2017/05/expo-solo-show-mehdi-georges-lahlou-of-the-confused-memory.html