Exposition Photographie Contemporaine: Herbert LIST «Italia»
"Seminarist by the sea, Naples, Italy", 1938 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
Du 13 novembre 2020 au 20 février 2021
Le travail d’Herbert List (1903 Hambourg – 1975 Munich), dont l’approche artistique a été façonnée par l’avant-garde européenne, s’inscrit dans la pure tradition des années trente, alliant rigueur formelle du Bauhaus et magie de l’inspiration surréaliste.
Souvent qualifié de « photographe du silence », les vestiges, les corps et les lieux sont des inspirations majeures, distillées dans l’ensemble de son oeuvre : à travers le Munich détruit de 1945, sur les traces de la Grèce antique et au détour de nombreuses escapades lors desquelles Herbert List immortalise des moments de vie.
C’est notamment grâce à ces voyages qu’il découvrira l’Italie au début des années trente, pays avec lequel il entretiendra une relation toute particulière.
"Farewell to family Members Emigrating to Australia, Naples, Italy", 1959 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"All on board...the train is leaving, Naples, Italy", 1961 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"Boys Playing Soccer, Naples, Italy", 1950 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
L’art et l’architecture classiques ainsi que la mythologie grecque sont des sujets qui ont passionné List bien avant sa découverte de la photographie en 1930. En 1936, il quitte l'Allemagne nationale-socialiste et se rend à Londres, Paris et Athènes. Il traverse régulièrement les Alpes afin de profiter du soleil du sud et de satisfaire son intérêt pour l’histoire de l’art en s’octroyant de courtes visites à Venise, Florence et Rome. Il se passionne pour la beauté de la lumière et des contrastes méditerranéens qu’il ne cessera d’explorer : les îles grecques, l'Italie, le sud de la France ou encore l’Espagne et le Maroc sont autant d’étapes qui façonneront son art.
L’ombre, plus que la lumière, aura une importance capitale dans ses recherches. En effet, Herbert List transforme les objets et les personnes en créant ses propres énigmes comme par exemple dans l’oeuvre Shadow of David, Italie, Florence, 1934 ou dans Rolf Düring in front of Roman bust, Italie, 1949.
Les corps géométrisés, les ombres et les reflets deviennent alors les sujets d’expériences formelles et l’utilisation de la double exposition crée de nouveaux espaces, sorte de rêves magiques dépourvu de dimension temporelle, auxquels les surréalistes attribuaient une grande importance.
"Alley Dog, Naples, Italy", 1961 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"A Halpainted Figurine of Jesus Scares a Boy Passing by, Naples, Italy", 1960 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"Melons for sale in Pallonetto, Naples, Italy", 1959 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
Progressivement, Herbert List se dirige vers une photographie plus spontanée, dont le point de départ est la série View from the Window de 1953 : à la suite d’une blessure au pied, il s’enferme dans l’appartement de son ami, le photographe et exécuteur de sa succession, Max Scheler, situé au 65 Via della Lungarina à Rome, dans le quartier de Trastevere.
Il emprunte un appareil Leica 35 mm et s’installe à la fenêtre, capturant ainsi des scènes de vie, influencé par Henri Cartier-Bresson rencontré chez Magnum, et le néo-réalisme du cinéma italien.
Il travaillera d’ailleurs au côté du réalisateur Vittorio de Sica sur le film Stazione Termini la même année et rencontrera l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini dont les écrits résonnent étroitement avec ses clichés. Ces photos de Rome des années cinquante capturent des moments que List décrira comme « décisifs ». Les natures mortes laissent place aux jeux des enfants et les décors surréalistes s’effacent à la faveur des trompes l’oeil de la ville.
"Italian Painter Giorgio MORANDI, Bologne", 1953 et "Giorgio Di CHIRICO 4, Rome Italy", 1951 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"Alexander CALDER, Rome, Italy", 1954 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
"Man and Dog, Portofino, Italy", 1936 de Herbert LIST - Courtesy de la galerie Galerie Karsten Greve Paris © Phorto Éric Simon
Dès lors, Herbert List multiplie les reportages photos et s’intéresse à la photographie documentaire. En 1950 et 1951, il s’était déjà rendu à Milan pour un projet sur la Casa Verdi, puis à Palerme afin de réaliser une série sur les catacombes du Monastère des Capucins. Il poursuivra en photographiant, entre autres, les jardins Maniériste du Palazzo Orsini à Bomarzo et des scènes de pêche au thon sur la petite île de Favignana en Sicile.
L’apogée de ce travail documentaire est atteint à la fin des années cinquante, lorsqu’il déambule dans les rues de Naples, alors en plein tournage d’un autre film de Vittorio de Sica, Le Jugement dernier. Il photographie toutes les personnes attirant son attention et celles-ci seront, ensuite, interviewées par de Sica. En résultera Napoli, un ouvrage de référence publié en 1962 dans lequel les clichés retranscrivent l’atmosphère vivace et confuse de la ville. Celui-ci offre un corpus d’images presque cinématographique qui permet de dissoudre la frontière entre photographie artistique et photographie documentaire.
Mélange éclectique de lieux, de personnages et de mises en scène, les impressions italiennes d’Herbert List sont donc à la fois une mosaïque du passé et du présent, d’art et de vie.
Galerie Karsten Greve Paris (Côte rue)
5, rue Debelleyme
75003 Paris
http://www.galerie-karsten-greve.com
Horaires et jours d'ouverture: du mardi au samedi de 10h à 19h.