Exposition Peinture Contemporaine: Sean SCULLY «Entre ciel et terre»
"Mirroring Yellow 4.5.20", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
Du 24 avril au 3 juillet 2021
L’exposition présentera pour la première fois la nouvelle série de Sean Scully intitulée Mirroring. Peintes à l’huile sur aluminium, ces œuvres grands formats sont divisées en deux ensembles de bandes de couleur, disposés symétriquement mais avec des variations.
L’artiste laisse entrevoir la surface métallique entre chaque ensemble de couleurs. La composition est rythmée par l’enchaînement des bandes horizontales et les marges de métal, évoquant les pages d’un livre ou une partition musicale. Dans la série des Wall of Lights’ enchevêtrent les bandes horizontales et verticales aux couleurs chaudes ou grises. Les œuvres varient en tailles et en matériaux, elles sont peintes sur du lin, de l’aluminium ou du cuivre.
"Mirroring Green", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
L’exposition présente également un tableau de la série des Landline, composé de strates grises et bleues ainsi qu’une peinture Inset où les lignes d’horizon ont été interrompues par un carré noir. Ce geste iconoclaste traduit l’idée d’une perspective obstruée, évocation de la période sombre que nous traversons.
En cinquante ans, Sean Scully, artiste irlandais basé aux États-Unis, a créé un important corpus d’œuvres qui ont marqué le développement de l’abstraction contemporaine. Associant les traditions de la peinture européenne à l’abstraction américaine, Sean Scully est réputé pour son usage expressif et spirituel de la couleur et de la forme. Il déclare : « Mon travail tend à l’unification de deux tendances, en désaccord depuis longtemps dans l’histoire de l’humanité : la logique et le romantisme.
"Wall Red Yellow Blue", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
Comme l’indique le titre de l’exposition, Entre ciel et terre, l’art de Sean Scully oscille entre deux mondes. L’un, terrestre, par un déploiement de la matière, vecteur de sensualité et d’authenticité. L’autre, céleste, par un art de la variation formelle qui ouvre sur l’infini. Les couleurs ont des teintes douces et sensuelles, avec un rose qui rappelle celui de Pierre Bonnard (1867-1947), mais aussi des gris crémeux et profonds qui évoquent la mélancolie et la grisaille des villes où l’artiste a vécu, notamment Londres et New York.
L’artiste décrit ainsi les teintes associées à la terre et au ciel: « brun Cimabue » (1240-1302), « blond paille et jaune nénuphar » (référence à Claude Monet, 1840-1926), « rouges et jaunes du désert du Nevada » et « bleu crépuscule ». En décrivant l’exposition, l’artiste dit : « Les couleurs dialoguent entre elles. [...] Je vais toujours rendre cela compliqué émotionnellement et le remplir de quelque chose de mystérieux. »
"Wall Black White", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
Les dégradés de tons et les combinaisons de couleurs ont un impact sensoriel, renforcé par l’effet réfléchissant du métal. Le regard passe d’une strate à l’autre, comme par autant de vagues d’émotions : du rouge au bleu, du chaud au froid, du rouge à l’orange au noir, du jour à la nuit, d’un souvenir à l’autre. On peut aussi voir dans ses peintures des fenêtres ouvertes sur un paysage qui défilerait à toute vitesse comme à bord d’un train. A propos de son utilisation de la couleur grise dans l’exposition, Sean Scully remarque : « Je pense que tout ce gris provient de la mémoire. Les rues de Londres. Le brouillard londonien. Il vient de la vie. »
Bien qu’abstraites, les peintures de Sean Scully sont imprégnées de vie, d’expérience et de sensations : « Presque tout mon travail est lié à la mémoire: le souvenir de ma grand-mère irlandaise, et de mon travail à l’usine avec la presse à balles, le chargement des camions, et mon travail dans une imprimerie. J’ai donc accumulé toutes ces expériences et j’ai appris à les transformer en art ».
La répétition dans son œuvre n’est pas seulement formelle, elle semble aussi traduire la condition du travail moderne et sa nature répétitive. Pourtant le jeu des variations est émancipateur car il célèbre la diversité du monde et l’infini des possibles.
"Mirroring Maroon", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
La série des Mirroring est liée aux premières toiles doubles réalisées par Sean Scully dans les années 1980, où deux panneaux, côte à côte, se reflètent imparfaitement. Dans la nouvelle série, la composition en diptyque est rompue par le support métallique apparent. À propos des peintures Mirrorings l’artiste affirme : « On m’a envoyé travailler dans une imprimerie à l’âge de quinze ans. L’idée d’impression est très présente en moi, tout comme la notion de ligne. Tout ceci vient de mon adolescence lorsque je devais préparer les caractères d’imprimerie. L’idée de reflet est très présente dans mon travail ».
Comme le suggère le titre de la série Wall of Light (Mur de lumière) débutée en 1998, Sean Scully joue avec les contraires. La disposition en blocs de couleur, peint avec d’épaisses couches de peinture, peut évoquer de solides murs en pierre, tandis que les variations de fréquences chromatiques rappellent les jeux de miroitement de la lumière.
Sean Scully observe : « Le mur est une barrière que je dissous. Il est métaphysique, transformateur, comme Monet qui transforme la pierre en lumière avec ses Cathédrales ». Durant la préparation de l’exposition, l’artiste expliquait : « J’ai aussi travaillé sur des chantiers. J’ai fait tout ce travail physique. J’étais plâtrier et c’est pourquoi l’idée de la brique résonne en moi. Un ami m’a une fois décrit comme le maçon de l’âme ».
"Wall Orange Black", 2020 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
Landline Rising Blue (2018) fait partie de la série Landline, au cœur de sa pratique des dix dernières années. À l’origine les œuvres s’inspirent d’une photographie d’un paysage marin que l’artiste a prise depuis une falaise du Norfolk en Angleterre : « J’essaie de peindre le sentiment de la rencontre entre les différents éléments, de la terre et la mer, du ciel et de la terre, de blocs se rejoignant côte à côte, empilés en lignes d’horizons infinies. » (Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, catalogue d’exposition, 2018).
Deux exemples d’œuvres Inset (Insert) seront également exposées : Black Window Pale Land (2020) et Wall Landline Dark Yellow (2021). L’insertion d’un rectangle découpé en leur centre témoigne de l’approche architecturale et sculpturale de Sean Scully. Black Window Pale Land se compose de rayures horizontales et d’un carré noir central que le titre de l’œuvre apparente à une fenêtre, tandis que Wall Landline Dark Yellow, plus colorée, incorpore une autre œuvre, en son centre également.
Le carré noir, qui renvoie à l’artiste avant-gardiste russe Kasimir Malevitch (1879-1935), est une nouvelle forme dans la pratique artistique de Sean Scully. Il a émergé dans le contexte de la pandémie, Sean Scully dans le New York Times d’avril 2020 déclare : « Il y a ce que nous imaginons dans l’idéal, représenté par cette peinture séduisante et ce que nous avons en réalité : une vue obstruée, une vision très incertaine. »
"Wall Landline Dark Yellow", 2021 de Sean SCULLY - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon
Les œuvres créées cette année, Star, Wall Landline Dark Yellow et Wall Teal (2021) révèlent l’attrait de l’artiste pour les paysages du sud de la France en s’inspirant de la palette de jaunes et de bleus de Vincent Van Gogh (1853-1890) et de « la solidité et la lumière mouvante de Paul Cézanne [1839–1906] ». Dans le catalogue qui accompagne l’exposition, l’historien de l’art Pascal Rousseau présente une étude comparative de Sean Scully et Paul Cézanne : « Il y a, dans la manière de faire de Cézanne autour de La Montagne Sainte-Victoire, un façonnage hautement matériel de la touche qui inspire Scully dans ses tableaux abstraits. » L’exposition coïncide avec le projet de Sean Scully de s’installer dans le sud de la France.
Un catalogue sera publié pour accompagner l’exposition avec un texte de Pascal Rousseau, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Sean Scully est né à Dublin en 1945, quatre ans plus tard sa famille déménage à Londres où il grandit dans un quartier ouvrier irlandais. Il a étudié à la Croydon School of Art, Londres, et à la Newcastle University en Angleterre où il commença à expérimenter avec l’abstraction.
Le travail de Sean Scully a été exposé dans de prestigieuses institutions à travers le monde entier. En 2015 il a été le premier artiste occidental à jouir d’une rétrospective majeure au Shanghai Himalayas Museum et à l’Académie centrale des beaux-arts de Chine, Pékin. Une rétrospective de son travail est actuellement présentée à la Galerie nationale hongroise de Budapest jusqu’en mai 2021.
À partir de juin 2021, The Modern Art Museum, Fort Worth, présentera une rétrospective majeure de l’œuvre de Sean Scully des années 1970 à nos jours, l’exposition sera par la suite présentée au Philadelphia Museum of Art au printemps 2022.
Galerie Thaddaeus Ropac – Paris
7 rue Debelleyme
FR- 75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h.
Expo Peinture Contemporaine: Sean SCULLY "Métal" - ACTUART by Eric SIMON
"Untitled (Tower)", 2015 de Sean SCULLY - Courtesy Galerie Lelong © Photo Éric Simon Du 12 octobre au 19 novembre 2016 Sean Scully a choisi d'intituler sa nouvelle exposition à la Galerie Lelong...
http://www.actuart.org/2016/11/expo-peinture-contemporaine-sean-scully-metal.html